Danse explosive !
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Les répétitions de la musique techno évoquent celles de la tâche de Sisyphe et la libération métaphysique proposée par Camus que trouver une issue au châtiment tout en s'y soumettant permet. Le fil suspendu au dessus de l'abîme entre l'Enfer et le Paradis du titre du film se situe peut-être ici : savoir naviguer dans cette boucle infinie, continuer de s'y soumettre tout en s'y imaginant heureux. Ainsi de cette troupe de teufeurs aux allures de guides spirituels dans les tréfonds d'une psyché asséchée par des décennies de métro-boulot-dodo, boucle dans laquelle on s'est laissé enfermer plutôt qu'emporter.
Le film fait peu de secret sur comment la route empruntée doit symboliser ce fil, "fin comme un cheveu, tranchant comme une lame", et duquel on peut basculer à tout moment, la disparition des personnages à mesure qu'on sombre dans le cauchemar se faisant d'une manière spectaculairement subite, instantanément évaporés par ce soleil implacable et dont les plans montrent son indifférence toute divine.
Un personnage principal qui passe d'une errance au but réel mais illusoire à une destination inconnue mais permettant d'avancer sur le fil grâce à un lâcher-prise total, rien de plus banal peut-être, mais l'oeuvre se situe aussi là, dans une économie des moyens narratifs lui permettant de s'élever dans des sphères à l'abstraction proche de la métaphysique. Un film qui fonctionne par images et leur condensation, exprimant notamment le moyen d'arriver à cette libération spirituelle par l'acceptation de l'amputation : les personnages sont punis lorsqu'ils la refusent et récompensés lorsqu'ils l'acceptent. Le film se démarque également par le ton résolument cruel qu'il adopte, la récompense n'étant en réalité qu'une absence de châtiment, voire même, pour revenir à ma réflexion introductive, à sa simple acceptation.
Une simplicité confondante mais hypnotisant son spectateur lentement et sûrement pour une rencontre avec la réalité dans ce qu'elle a de plus froide et indifférente, nous laissant avec la responsabilité de nous démerder avec cette observation.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Sur-genre cinématographique : le Film Métaphysique Concret, 2025 - Films et Les meilleurs films de 2025
Créée
le 27 sept. 2025
Critique lue 12 fois
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