Sirat, un "chemin" trop désert ?

Sirat est un film vide. Logique me diriez vous, le film se passe dans le désert.

Mais, en faites, le vide est incongru car les personnages qui peuplent ce monde, eux, sont bien réels. Ce sont ceux qui vivent pour "la musique" et ses vibrations, seules choses donnant sens à leur vie. Personnages dont l'histoire est anonymisée, ce qui peut être intéressant en partant du principe que cela donne lieu à un certain mysticisme.

Pourtant la mise en scène, nécessaire à l'installation d'une tant décrié "expérience sensorielle", ne s'est jamais montré inventive. Comme exemple, le début du film s'ouvre sur une rave party, les personnages dansent mais jamais de choix artistique notable, des plans fixes et des personnages s'ambiançant sans réel harmonie. Et puis ces moments sont longs. Car cette scène s'ensuit d'une seconde quasi identique sans qu'aucun élément ne s'ajoute…

Et puis, juste après, Laxe essaie de nous faire comprendre que les perso sont défoncés donc il fait un gros plan sur la tête titubante d'un "raver". Quel manque de subtilité…

Ensuite, le film se fait fade pendant une longue heure jusqu'au point de bascule (qui n'a nullement besoin d'être cité tant il est mémorable). Et c'est à partir de ce moment que le film gagne de l'intérêt, mais pas pour les bonnes raisons selon moi.

Car, quand le film aurait pu aborder de sujet très adéquats comme le rapport à la musique ( les acouphènes, etc..), il se fait silencieux, enfin seulement entre les personnages.

Parce que la musique, elle, est assourdissante. Logique me diriez vous, étant donné le sujet. Cependant, elle ne laisse jamais la place au silence, au désert et à son souffle.

Et donc ce point de bascule vers le milieu du film est certes surprenant et le rend fort en tension et en émotion, il ne rendra jamais ce film transcendant selon moi. Car, pour un "noble" film indépendant, il utilise finalement les mêmes ruses que les films bas de gamme. Certes, celui-ci est plutôt réussi lors de ses scènes chocs, mais dans le fond il n'en reste pas moins racoleur. C'est comme si le film ne s'assumait pas.

Toutefois, je ne démentirai pas que le film tient des qualités . Même le manque de profondeur des personnages, que j'ai critiqué plus tôt, m'a perçu être un point intéressant car il permet de faire planer le mystère sur ces personnages, sur leurs intentions.

Je suis seulement navré que le film ne joue pas plus sur cela, alors qu'il m'avait pourtant convaincu dans sa très belle scène finale évoquant une humanité incertaine.

En bref, il me semble qu'Oliver Laxe n'est pas l'homme de la situation. Dommage parce que sa proposition aura su attirer mon attention. Espérons qu'il privilégiera le propos à la démarche d'intello la prochaine fois. En tout cas ce n'est qu'ainsi que je le vois réussir.

J'ai beaucoup de regret de ne pas avoir ressenti la pépite tant acclamé. Cette année est décidément très rude pour moi..