Sirāt par KiraYagami

Plus qu'un film, Sirāt est une véritable expérience sensorielle, et le voir en Dolby n'a fait qu'accentuer l'immersion. Le film démarre sur un père et son jeune fils qui arpentent une rave dans l'espoir de retrouver sa fille qui a disparu, et qui aurait des chances de se retrouver dans ce genre d'évènement. Ce point de départ va vite évoluer vers un road movie en compagnie de quelques-uns de ces ravers. C'est là un des côtés les plus intéressants du film, apprendre à connaître ces personnes en marge de la société sans en faire des bêtes de foire, positivement comme négativement, juste en nous les présentant comme elles sont, des personnes avec un mode de vie différent.

Ces ravers sont joués par des acteurs non professionnels, et ça pourrait être une des faiblesses du film, car les moments leur demandant de montrer des émotions semblent surjoués des fois, mais je trouve que ça vaut le coup car ça renforce le sentiment d'immersion et la véracité de ces personnages, dont le vécu peut se lire sur leurs corps. En plus de ça, le fait d'avoir comme seul acteur professionnel Sergi López (sans compter le gamin qui joue son fils), ça aide car non seulement il est très bon dans son rôle, et sait jouer avec les faiblesses de ses partenaires de façons à ce qu'elles ne soient pas très apparentes, mais en plus il a un corps et un visage qui rendent son personnage crédible, dans le sens où c'est un personnage dans un milieu qu'il ne connaît pas, mais c'est aussi le genre de personne que tu pourrais croiser dans la vie de tous les jours.

C'est un film qui réussit à me faire apprécier un tas de trucs que je détesterait en temps normal, cette "musique" immonde, cet amas de gens regroupés qui en plus ont l'air de sentir très mauvais, la chaleur insoutenable du désert marocain, mais c'est là que le film réussit son travail d'immersion, je suis avec ces personnages, et le film ne se permet pas de les juger, donc pourquoi le ferais-je ? Le son est d'ailleurs le plus gros point fort du film, outre le mixage des musiques, et les musiques en elles même (on n'a pas seulement du boum boum là pour te faire péter les tympans), l'intégration de certains sons accentuent les effets que cherchent à donner le film au spectateur.

Enfin, c'est sans doute un des plus films les plus choquants que j'ai pu voir en salle. Pas choquant dans le sens où c'est une violence insoutenable ou un film qui va à l'encontre de toutes mes valeurs, mais choquant dans le sens où le film va aller dans des directions totalement inattendues (pour ma part en tous cas) et les moments où ces décisions sont prises par le réalisateur sont d'immenses moment de stupéfaction, et c'est ce qui fait que le film me restera très longtemps en tête (et bonus pour le title drop tardif, mon pêché mignon).