le 11 sept. 2025
Danse explosive !
Sur le plan de la mise en scène — visuelle et sonore —, c'est difficile de ne pas s'incliner devant autant de virtuosité esthétique. Il suffit de voir les séquences d'introduction lors de la...
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Je crois bien que je suis passée à côté de ce film, Sirat d'Oliver Laxe, pour lequel j’avoue ne comprendre ni l’engouement ni le Prix du Jury #Cannes2025.
Ce que je savais avant d’aller voir le film et ce qui m’a donné envie de filer au ciné : le décor naturel et la musique exponentielle. J’allais forcément en prendre plein la tête. Les acteurs, qui n’en sont pas. Il s’agit de raveurs. Sergi López ensuite, qu’on voit si peu à l’écran -pourtant si ensorcelant. Le pitch enfin -ou ce que j’en ai compris : un père, Luiz, son jeune fils, Esteban, et leur chienne Pipa en quête de Mar, leur fille et sœur, raveuse. Ce que je me dis : qu’est-ce qui a bien pu motiver ce père pour traîner son gamin et leur minuscule gentil cabot en plein cœur du désert marocain et en pleine rave-party clandé (mais à ciel ouvert), pour retrouver cette fille et sœur, dont ils sont sans nouvelles depuis… 5 mois et dont ils savent qu’elle est raveuse (raveuse, comme un statut). Laquelle sœur, comme l’explique à un raveur son jeune frère (Bruno Núnēz, personnage le plus attachant du film, qu’on a envie de serrer très fort contre soi d’emblée, comme ça. Sans savoir.) : « Ma sœur n’a pas fugué. Elle était majeure. »
Et donc ?
Il s’est forcément passé quelque chose de très grave, de très très grave, dans cette famille, sinon à quoi bon cette mise en scène, ce père, ce fils et cette docile petite chienne dans leur vieux monospace pourri et quelques vivres ?
Bon.
Eh bien on n’aura jamais la réponse.
Mais pas pour les raisons que vous pourrez imaginer : aucune de vos hypothèses ne sera exacte. Cette ouverture-prétexte est bien complexe et longue, avant que le road-movie ne s’installe.
Il se passe bien un tiers (la moitié ?) du film avant la fin du générique, le titre du film à l’écran : Oliver Laxe avait-il besoin de cette précaution narrative pour nous entraîner dans l’enfer ?
Car enfin, le titre signifie du Paradis à l’Enfer : c’est l’enfer que j’étais sans doute venue chercher, dans une intention erratique. Pour le coup, je n’ai pas été déçue.Cependant.Déserts arides flamboyants et soleil aussi blanc que brûlant du sud du Maroc jusqu’aux frontières mauritaniennes, ça captive. Tantôt vaporeuse tantôt nébuleuse, toujours hypnotique : la musique techno. Ses basses puissance max « à tout faire péter » ensorcellent, comme une sirène. Le cœur bat des tempes aux chevilles. La photographie, les tons, les superpositions d’images, les ralentis sont majestueux. On est dans un tourbillon visuel et sonore spectaculaire.
Je n’ose imaginer le rendu, si Oliver Laxe avait tourné en son binaural, casque sur la tête pendant 2 heures, c’était carrément explosif.
Warning.
Bien sûr aussi, ce qui se dégage de ce film, c’est cette formidable confiance et cette humanité entre ces raveurs éclopés, ce père et ce fils désœuvrés, et les chiens, personnages à part entière avec leur lot de mésaventures (jamais celles auxquelles on pourrait s’attendre, je le répète). Les corps tordus, démembrés, cabossés : c’est aussi le sujet du film, et la résilience qu’une rave-party permet.
Ceci étant dit, le film part en vrille. Quand les soldats débarquent, armes au poing et arbitraire en bandoulière. Quand la radio annonce la troisième guerre mondiale. Quand les raveurs s'emballent à conquérir le territoire et à le considérer comme une décharge. Pays sous chaos.
La suite est irracontable.
Ce que je peux dire, c’est que (à mon avis) ce qui s'ensuit est cruel, gratuitement. Depuis je me demande quel est le sens de ce film. Qu’est-ce qu’Oliver Laxe a-t-il bien voulu démontrer, traduire. Quelle sorte de quête existentielle voulait-il explorer ?
"Le dépassement de soi", je lis ici ou là : mais non, il n’est jamais question de ça. Puisque...
...
Les raveurs forment d'excellents acteurs, crédibles et possédés. Mais qu’est-ce que Sergi Lopēz est venu faire dans cette galère enténébrée qui semble l’avoir comme désossé. Sa présence à l’écran a perdu de sa superbe. J’ai parfois eu l’impression qu’il se contentait de regarder évoluer son personnage, j’observais sa silhouette d’homme et d’acteur, les bras ballants, au-dessus, derrière ou devant son personnage et lui, Sergi Lopēz ne pouvait rien, il était empêché par tant de souffrances.
Je me trouve hyper dure mais c'est ce que j'ai ressenti et Sergi Lopēz, je suis impatiente de vous retrouver au cinéma et cette chronique -qui peut évoluer selon les retours des uns et des autres et mes humeurs- ce film Sirāt, ne m'empêcheront pas de retourner voir un film d'Oliver Laxe : bien au contraire !
P.S :
Finalement, en quelques mots, Sirat raconte le paradis, ou l'humanité, les rencontres et les mains tendues, et l'enfer, l'inhumanité, toujours là où on ne l'attend pas.
Créée
le 17 sept. 2025
Critique lue 14 fois
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