Danse explosive !
Sur le plan de la mise en scène — visuelle et sonore —, c'est difficile de ne pas s'incliner devant autant de virtuosité esthétique. Il suffit de voir les séquences d'introduction lors de la...
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le 11 sept. 2025
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Ça faisait longtemps que je n’avais pas écrit de critique, mais Sirat m’a poussé à reprendre le clavier. Pas de préparation, pas de plan : j’écris comme ça me vient. (Attention, spoilers.)
Le film réussit quelque chose de rare : représenter le monde de la free party (et pas rave party, svp). Ce n’est pas qu’une suite de fêtes, c’est une culture, un mode de vie. Une tribu de gens en marge, atypiques, souvent cabossés par la vie, mais qui trouvent de la force dans la solidarité, le partage et le son. Même si Sirat part d’un postulat quasi dystopique, il parvient à retranscrire cette énergie.
Il y a des moments bouleversants. Quand Bigui dit que sa famille, ce sont les gens dans son camion et celui d’à côté, ça peut sembler naïf, mais c’est vrai : en teuf, tu n’es pas forcément ami avec tout le monde, mais quand tu as tes proches dans ce monde-là, c’est aussi intense que la famille. Tu partages tout, pas juste les moments de fête.
La scène où Jade répare la membrane et dit qu’elle peut lâcher à tout moment est magnifique. C’est à la fois une image du matériel, du contexte précaire des teufs, mais aussi une métaphore de la fragilité de la vie. Dans le film, ça prend encore plus de force quand on pense à ce qui arrive à Jade.
J’ai aussi aimé la simplicité avec laquelle le film parle du partage et de la confiance. Luis (Sergi Lopez), au début, a du mal à accepter cette logique dans le désert. Et puis l’adversité et les rencontres finissent par créer des liens. C’est basique, mais très humain.
En revanche, les mines… Là, j’avoue que j’ai souffert. Au bout d’un moment, j’étais tellement sous tension que je riais nerveusement, j’avais presque envie de quitter la salle. Moi, les films d’horreur ou les thrillers, je ne les regarde jamais : je n’aime pas ressentir ce genre d’émotions négatives au cinéma. Mais là, je n’avais pas le choix. Et c’est ça qui est fort : Sirat m’a mis dans un état que je n’avais pas envie de vivre, et ça avait du sens. Pas gratuit, pas racoleur, mais réellement perturbant.
Le film a aussi ce genre de scènes étranges, comme celle où l’on passe de la communion des teuffeurs autour des caissons à des images télévisées de fidèles tournant autour de la Pierre noire. On ne sait pas trop pourquoi c’est là, on cherche du sens, on n’est pas sûr d’avoir trouvé le bon… et au final il reste surtout un sentiment de malaise. À l’image du film dans son ensemble.
J’ai aimé aussi le chemin narratif : au début, il y a une intrigue, des objectifs clairs. Mais la vie et les événements les font tout perdre, et ils doivent juste s’adapter et survivre. C’est une belle manière de montrer comment les priorités peuvent s’effondrer, et ce qui reste quand tout le reste disparaît.
Je trouve aussi que le film renvoie une critique implicite aux teufeurs : en vivant en marge, en choisissant de prioriser “la prochaine teuf” et en échappant à beaucoup d’aspects pourris de la société de consommation, est-ce qu’ils ne sont pas des privilégiés ? Leur liberté, c’est aussi un choix. Jusqu’à ce que tout s’écroule. Et là, la fin du film est incroyable : ils ne sont plus que des réfugiés parmi d’autres, des humains confrontés à la même souffrance, aux mêmes galères. Fini les privilèges.
Le seul vrai point noir pour moi : le jeu d’acteur. Le choix de prendre presque uniquement des gens du milieu est louable, et ça apporte une authenticité indéniable. Certaines scènes gagnent en force grâce à ça. Mais parfois, ça se voit : dialogues un peu maladroits, présence inégale, interactions qui sonnent faux. Rien de catastrophique, mais assez pour me sortir du film à certains moments.
En bref, Sirat n’est pas parfait, mais il m’a marqué profondément. Il m’a déstabilisé, ému, tendu, et il a surtout réussi à montrer que la free party, c’est plus qu’une fête : c’est une culture, une manière de vivre, et parfois… une manière de survivre.
Créée
le 17 sept. 2025
Modifiée
le 17 sept. 2025
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