Encore un biopic musical. Oui, encore. On ne peut s’empêcher d’éprouver une lassitude face à cette mode qui se mue en avalanche où chaque année voit défiler deux ou trois avatars du genre dans nos salles. Et ça doit être pareil dans tous les pays, chacun ayant ses stars et ses idoles. Forcément, ceux provenant des States ont le plus de visibilité, leurs chanteurs, chanteuses et musiciens rayonnant dans le monde entier en général à quelques exceptions près (Dolly Parton par exemple ou les artistes country). Donc, avant le film très attendu et scindé en deux mais qui semble rencontrer bien des problèmes de production sur Michael Jackson ou celui sur les Beatles par Sam Mendes (quatre films, un pour chaque membre du groupe!) et après celui sur Bob Dylan l’an passé, « Un parfait inconnu », voici celui sur le « boss », Bruce Springsteen.
Et on ressent une fatigue et un manque d’engouement avant d’entrer dans la salle bien que ce film en particulier n’y puisse rien. C’est juste qu’on a souvent l’impression de voir la même chose : une fiche Wikipédia déroulée, des récits qui gomment souvent les aspérités pour satisfaire la star ou les ayants droits et une prestation de comédien qui vient tenter des nominations aux cérémonies de récompenses. Le refrain est connu et finit par devenir rengaine. Récemment, on a eu plus de films de ce type franchement peu emballants comme celui sur Amy Winehouse que de « Bohemian Rhapsody » (et bien que celui n’ait pas du tout plu aux critiques à cause des libertés prises, quel pied c’était!). « Springsteen, deliver me from nowhere » tente de changer la donne de manière louable mais échoue à nous captiver malheureusement.
Plutôt que de couvrir une grande partie ou toute la vie de la star, Scott Cooper s’inspire de l’œuvre de Warren Zanes sur le chanteur et ne traite qu’une infime partie du parcours de Springsteen, en l’occurrence sa dépression et la période où il a pondu l’album « Nebraska ». Cela permet de cerner le personnage sur une époque charnière de sa vie et importante pour son œuvre. Le film est agrémenté de flashbacks en noir et blanc de très bon goût qui montrent des moments de l’enfance compliquée à cause d’un père alcoolique. Peut-être les meilleurs moments avec un Stephen Graham effrayant puis touchant (la dernière scène entre le père et le fils est sans aucun doute le plus beau moment du long-métrage).
Pour le reste, entre la relation avec une fille inventée bien peu passionnante et les affres de la création qui ne résonnent pas vraiment en nous et s’avèrent répétitifs, on est peu emballé. La réalisation brute et sans filtre de Cooper n’est pas en cause, ni l’interprétation de qualité de Jeremy Allen White qui évite le mimétisme à tout prix, juste qu’on ne se passionne pas. Même la dépression face à l’art n’est pas illustrée de manière à nous parler et nous toucher. Les seconds rôles ont peu à jouer (Jeremy Strong ne peut pas réitérer le coup de son excellente performance de « The Apprentice » avec un rôle mal défini ici). Peut-être que les fans et les inconditionnels de l’artiste vont apprécier ce « Springsteen, deliver me from nowhere », mais les autres risquent de trouver le temps long.
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