De retour après le petit coup de pied dans la fourmilière que fut leur précédent métrage Talk to Me, un film que j'avais trouvé sympathique mais trop mis sur un piédestal.


Je m'attendais donc à retrouver avec ce Bring Her Back un film du même acabit… et bien c'est toujours un plaisir de se faire contredire, car ce film est bien un bon film.


Évidemment, le terme "bon film" reste subjectif à l'appréciation, et je vais donc essayer de déterminer les points que j'ai trouvés intéressants.


Avant de débuter, j'aimerais mentionner que je trouve toujours marrant que lorsqu'on commence à s'intéresser à un art (le cinéma ici), on est souvent plus porté sur le scénario au début, avant de tout doucement dériver vers la forme de création, pour finalement arriver à un doux équilibre.


Pour ce film, je pense que l'équilibre fond/forme bascule plutôt du côté de la forme.


La force du fond n'est pas à rechercher dans l'histoire à proprement parler. En effet, le film est jonché de nombreux tropes du genre horrifique. On retrouve notamment l'utilisation des traumas comme moteur de l'intrigue, ce qui n'est pas d'une grande originalité en soi.


Mais l'intégration d'éléments fantastiques à l'intrigue permet d'établir une approche morale plus jusqu'au-boutiste de la thématique du deuil.


Comment apprendre à gérer ses traumatismes ?


Via l'opposition entre une sœur aveugle, au sens propre comme au figuré, et un frère conscient de la violence du monde mais la cachant à sa sœur, le film empruntera différents chemins.


Par contre, la gestion du suspense et du mystère est extrêmement réussie, notamment grâce à la mise en place d'un suspense basé sur l'attente plutôt que sur la surprise. Dès le début, nous savons en tant que spectateurs que quelque chose ne va pas.


Si cela permet d'ajouter du frisson à des scènes même banales, le contrecoup peut se faire ressentir avec une sous-intrigue telle que le doute qui est laissé planer sur la santé mentale d'Andy.


La symbolique de l'eau est également intéressante, car elle apporte une plus-value visuelle à l'appréhension du traumatisme.

Beaucoup de points à ce sujet peuvent être mentionnés, mais je retiendrai principalement la matérialisation de la peur du frère de faire face à sa culpabilité. Au moment où il a littéralement la tête à moitié sortie de l'eau, Laura, a contrario épousant totalement le rejet de la réalité mortelle, incapable d'accepter, ira jusqu'à enfoncer la tête d'Andy dans une flaque d'eau comme réponse à son traumatisme.

Nous pouvons également noter la belle prestation de Sally Hawkins, qui arrive, malgré l'histoire, à donner vie à un personnage solaire et inquiétant en même temps.


Cette interprétation est aidée par une mise en scène qui est à son service notamment au travers de l'utilisation fréquente de plans resserrés sur les visages. Ceux ci permettent de visuellement appuyer d'un côté le rapport de violence/contrôle psychique exercé et de l'autre les liens (affectifs) unissant les personnages.

Les plus fourbes d'entre nous pourront sans doute s'amuser de retrouver des similitudes entre le final cathartique où Piper arrive à sortir la tête de l'eau pour s'exclamer avec un profond "Maman", et une certaine scène bien moquée d'un certain Batman v Superman..

Au final, sous couvert d'une histoire avec du cœur, agrémentée de quelques thématiques servies avec un montage et un sens du plan distillant la frayeur aux spectateurs, est-ce qu'il en faut plus pour ouvrir l'appétit ?

Augu
7
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le 3 juin 2025

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Augu

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