Dans le film Batman Vs Superman, le fait de voir Superman saigner était un enjeu au cœur du film. Le faire saigner, c’était, à force de coups et de stratagèmes, le rendre humain, ce qui clôt en quelque sorte l’arc du personnage.
Gunn prend cela à contrepied en ouvrant le film par un Superman en sang, vaincu et essoufflé.
L’ambiance est annoncée : il n’y aura aucun ange ascendant ou déchu. Superman est juste humain.
La grande nouveauté de ce film est qu’il traite d’un super-héros qui sauve des gens (enfin !).
On s’intéresse aux gens, que ce soit la vieille dame avec ses tortues, le vendeur de shawarma ou le petit enfant en Jarhanpur !
Il sauve avant tout. Les combats sont secondaires : Superman retient ses coups, il préfère en recevoir qu’en donner. Le personnage est certes faillible en tant qu’Homme d’Acier, mais aucunement en tant qu’humain.
Et surtout, pour une fois, on voit ce qui fait de Superman un sauveur. On ne nous dit pas que c’est un sauveur, on le voit ! Que ce soit dans les nombreuses scènes où il protège des civils, lorsqu'il sauve le petit écureuil, ou quand il risque absolument tout pour un chien.
Il est la synthèse de l’innocence. La figure de l’idiot.
Le tort de Gunn est donc probablement d’avoir fait un film de 2 h sur un humain et non sur une figure mythologique, comme s’y attendent les fans de super-héros.
L’attrait du film est qu’il permet de s’évader de la réalité, mais non d’y échapper ! La trame de fond est centrée autour de deux pays fictifs. Difficile de ne pas y voir une parabole du nettoyage ethnique en cours en Palestine. Si Superman nous inculque une valeur, c’est celle de prendre parti. En effet, ne pas prendre parti, c’est d’office faire le jeu de l’oppresseur. C’est ce à quoi Superman se refuse quitte à se mettre le monde entier face à lui.
Faire ce qu’il faut, ce n’est pas faire ce qui est populaire, loin de là. Et c’est cette notion que Superman inculquera à ses collègues du Justice Gang.
Revenons donc à la question de base : pouvait-il faire mieux ? Dans le cadre d’une superproduction de la Warner Bros, James Gunn pouvait-il faire mieux ? Pouvait-il faire plus intime ? Plus politique ? Plus humain ?
Probablement pas. Dans son contexte de production, ce film est une exception.
La note de 10 est donc complètement exagérée, mais surtout amplement méritée