Superman par Indyguich

Superman

2025 | 2h 09min | vu sur Apple TV | le 13/11/2025

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Superman est un film de super-héros américain écrit et réalisé par James Gunn et sorti en 2025. Il s'agit du premier film du DC Universe, un univers partagé imaginé par James Gunn. Basé sur le personnage de Superman de DC Comics, le long métrage est un reboot mais celui-ci ne dépeint pas les origines du super-héros. Il fait partie du premier chapitre de l'univers, Gods and Monsters.

Avant-propos :

Je souhaite mettre un peu de contexte avant de décortiquer mon avis sur cette nouvelle et énième version de Superman, car cela me semble nécessaire pour comprendre mon état d’esprit face à ce nouveau film et ce qu’il constitue pour le futur de DC au cinéma :

— Team Christopher Reeve pour toujours : le meilleur Superman de tous les temps au sens dramaturgique, avec une affection illimitée pour l’univers de Richard Donner.


— John Williams a composé le meilleur thème musical de l’histoire du personnage : unique, parfait, indépassable.


— Superman n’est pas mon super-héros préféré, mais il a construit mon âme de cinéphile enfant. avec le film de 1978.

— Je n’avais pas apprécié Man of Steel, mais j’ai adoré Henry Cavill en Superman et aimé la Snyder's Cut de Justice League.

— Overdose de super-héros : je ne vais plus les voir au cinéma, sauf exception car j’ai l’impression de voir toujours les mêmes films.

— Le style “Bubble Gum” de James Gunn m’a rarement convaincu depuis Les Gardiens de la Galaxie dont j'aime essentiellement le premier volet.

Prologue : Accueil méfiant.

L’annonce d’un Superman signé James Gunn m’a fait froid dans le dos. Les premiers clichés n’ont rien arrangé. La bande-annonce encore moins. J’étais persuadé : « ça va être d’la merde ». Le chien Krypto m’a presque achevé. Puis les retours positifs ont commencé à tomber. Par curiosité, et sans être allé en salle, j’ai fini par lui donner sa chance. Avec une posture négative… mais honnête.

Ce que j’en pense :

Contre toute attente, j’ai réussi à trouver ce film correct, agréable, au mieux sympathique. Il m’a débarrassé de tous mes a priori et autres préjugés, au point de me faire oublier cette « hideuse » bande-annonce. J’ai presque aimé Krypto le chien. En somme, ce Superman est honorable, mais je n’en ferai clairement pas un kiffe. Et, de manière personnelle, ça ne me donne aucune hype pour le futur renouveau du DC Universe au cinéma.

Une vision colorée... Superman est un film plutôt bien construit. Il est appréciable parce qu’il s’affranchit de tout — ou presque — ce qui a été fait autour du personnage au cinéma. On est littéralement très éloigné du ton déployé dans Man of Steel et le Snyderverse. Ici, c’est vivant, flashy et l’ambiance est tournée vers le “Candy Crush”. Aucune intention d’être péjoratif : c’est le style de James Gunn.

Je trouve que David Corenswet est convaincant aussi bien en Clark Kent qu’en Superman. Nicolas Hoult en Lex Luthor : j’ai également adhéré, ainsi que le reste du casting. Un léger bémol tout de même avec Lois Lane : Rachel Brosnahan ne m’a pas transcendé. J’ai trouvé le personnage trop peu incarné. Lois Lane, c’est quand même une « guerrière » à sa manière. En somme, un casting solide… mais une Lois Lane fade.

Le scénario est basique mais efficace dans sa volonté de créer un nouvel univers pensé pour une nouvelle génération. C’est assez bien géré dans la mesure où ce film constitue le premier volet d’une nouvelle saga. On sent la volonté de créer une épopée pour ados / jeunes adultes : lisible, accessible, très comics dans l’âme. Je me sens déjà vintage. Je salue également l'envie de se rapprocher d’un univers porté par les comics. On se sent vraiment dans un univers de bandes dessinées.

J’ai apprécié le contexte général et la réalité du film. C’est mis en avant dès l’intro par un texte qui formalise la situation du monde dans lequel évoluent les personnages. Au moins, pas de faux-semblants, pas de réalisme forcé : on nous positionne concrètement dans un univers alternatif du nôtre assez fidèle aux comics. C’est pour moi une bonne idée, car on adhère plus facilement au fait qu’il existe des extraterrestres, des monstres, des ultra-humains, des technologies improbables et j’en passe. Aux yeux des humains de cette réalité, Superman fait partie du monde, au même titre qu’une attaque de monstre dans la ville devient un simple fait divers, car des super-héros sont là pour gérer. C’est peu banal, mais faut reconnaître que ça fonctionne.

Krypto est cool, et largement moins ridicule que ce que j’aurais imaginé. Franchement, je n’aurais pas hésité à l’atomiser si ça avait été le cas. Mais le chien fonctionne, et il n’est pas trop présent malgré sa pertinence dans le récit.

Un hommage visible à Loeb & Sale... ?

Je pense par déduction que James Gunn a lu et bien assimilé le comics Superman for all Seasons écrit par Jeph Loeb et dessiné par Tim Sale. Sauf erreur de ma part, ce film emprunte beaucoup à cette BD, entre autres. Une BD qui, d’ailleurs, est un bijou. Ça fait partie des meilleurs comics sur Superman à mon goût. Du coup, ça ne m’a pas laissé indifférent et je recommande la lecture de ce comics si jamais. Plus largement, l’aspect visuel du long-métrage est esthétiquement proche de la lecture d’un comic book. J’admets que c’est vraiment un point fort du film.

Un aspect intéressant : ce Superman est recontextualisé et présenté comme quelqu’un qui a des faiblesses. Un Superman vulnérable : un bon choix... Ce n’est pas aisé de faire un film sur Superman. D’abord, il y a son héritage dans le temps, mais en plus c’est un être suprême. Il peut tout faire, rien ne peut lui arriver tellement il est fort, en dehors de la kryptonite. James Gunn a la bonne idée de le déconstruire et de le ramener vers un aspect plus terre-à-terre tout en gardant la puissance du personnage. Le postulat de départ, c’est que Superman peut être brisé. Du coup, en tant que spectateur, on peut ressentir une forme de danger.

D’une manière générale, on comprendra que j’ai donc apprécié ce renouveau de Superman. Pourtant, ça n’en fait pas un excellent film malgré ses qualités.

Là où ça pêche : le numérique, l’émotion, l’incarnation.

Déjà, il y a énormément de séquences qui sont une bouillie numérique. Ce n’est pas toujours très subtil. Ça dégouline de pixels multicolores. Je ne ressens rien devant ce genre de scènes. C’est tellement artificiel que même la caméra semble se mouvoir artificiellement. On ne ressent rien : ça manque cruellement d’émotion, de tension, de tout ce qui fait l’aura d’un sacré bon film. Ce Superman version Gunn se limite trop au superficiel. Ce ne sont pas les pirouettes scénaristiques qui font monter les enjeux qui sont plutôt bien définis — on ne peut pas le reprocher au scénario — mais ils ne sont pas incarnés.

Ce film se rapproche de la fonction d'un épisode télévisuel que l’on peut suivre en faisant la vaisselle à la maison — on comprendra l’image. C’est malheureusement le cas de beaucoup trop de blockbusters de franchises actuels.

La musique : trop sage, trop plate. Celle que j’écoute en même temps que j’écris cette critique. Superman (Original Motion Picture Soundtrack) composé par John Murphy et David Fleming, qui se succèdent selon les morceaux, et dont ils reprennent quelques notes du thème principal de la mélodie de John Williams. Excusons-nous du peu. Là encore, je ne retrouve rien de transcendant en dehors des notes du thème original librement reprises. La musique ne s’envole jamais, et c’est souvent du bruit de fond. Il y a quand même 1h16 sur le disque.

Conclusion :

Superman de James Gunn est intéressant et singulier dans son approche esthétique qui rappelle fondamentalement l’esprit d’un comic book, ce qui rend le film réussi sur ce point. Narrativement, il réussit habilement à créer un univers consistant pour lancer le renouveau du DC Universe, en faisant habilement trois films en un en quelque sorte.

Malheureusement, pour moi, ça manque d’incarnation : j’ai besoin d’émotion et de dramaturgie pour vraiment aimer. Sur ce point, je trouve que le long-métrage manque à l’appel.

Enfin, je m’attendais à détester et au final je suis plutôt agréablement surpris, et tant mieux. Ce n'est pas "foufou", mais ce n’est pas une catastrophe.