Le retour des professionnels

J'avais beaucoup d'attentes face au nouveau Superman de James Gunn. Pour ma part, les sagas de super-héros occupent cette place particulière dans l'univers cinématographique : accompagner les spectateurs sur plusieurs années. C'était le cas du MCU, avec le final d’Avengers: Endgame, film ayant fait son entrée récente dans le top 100 des meilleurs films de tous les temps selon les lecteurs du New York Times.

Du côté de DC, la tâche a été relativement plus complexe, avec une multiplication de projets déroutants et globalement décevants. La Snyder Cut de Justice League était un excellent film, mais qui arrivait bien trop tard. Résultat : le DCU a été un désastre complet, autant critique que financier. On a tenté d’interroger les raisons de ces échecs, en avançant une explication qui n'a convaincu personne : un essoufflement du genre. Comme si, subitement, les spectateurs s’étaient lassés de ce type de franchise. La réalité est tout autre : que ce soit DC ou Marvel, chacun a raté le tournant, oubliant que les jeunes adolescents qui regardaient Iron Man I sur des sites de streaming douteux étaient devenus des adultes exigeants.

Ainsi, alors que le très contestable Blue Beetle sortait au cinéma et se faisait très justement détruire par la critique, Les Gardiens de la Galaxie III se révélait être un succès critique et commercial. Quelques temps plus tard, sortait la saison I de Peacemaker qui, là encore, réussissait à réunir reconnaissance critique et réussite financière. On n’évoquera pas la sortie de The Batman car il n’a pas vocation à s’inscrire dans le DCU, mais il a également été un grand succès. Le genre n’était donc pas vaincu : le public était toujours en attente, mais réclamait un programme plus ambitieux, plus respectueux des matériaux d’origine, d’une plus grande qualité visuelle et prenant en compte l’âge des spectateurs.

Fort de ces conclusions, DC prend la décision de confier les rênes d’un tout nouvel univers cinématographique à James Gunn, spécialiste du genre et dont le savoir-faire n’est plus à prouver. Dès l’annonce du projet, James Gunn a eu à cœur de faire comprendre qu’il prenait la tâche avec le plus grand sérieux. Ici, pas de choix douteux : il est peu probable de revoir à l’avenir Jared Leto dans le rôle du Joker. Le casting est maîtrisé : David Corenswet n’a aucun mal à enfiler le costume de Superman ; de son côté, Rachel Brosnahan fait une parfaite Lois Lane. Leur relation naissante est parfaitement crédible à l’écran, ni trop peu, ni trop. J’étais très content de voir Skyler Gisondo dans le rôle de Jimmy Olsen, tout comme Nathan Fillion dans le rôle de Green Lantern et chef de la terrible Justice Gang, qui a réussi à me faire rire. Nathan Fillion a toujours été cet acteur de milieu de carte peinant à atteindre les sommets, alors qu’il a un talent remarquable. Le voir ici témoigne du choix de James Gunn d’avoir un casting équilibré et maîtrisé. Celui, à mon sens, qui vole complètement le show, c’est Nicholas Hoult, qui joue à la perfection le rôle de Lex Luthor. En matière d’effets visuels, il y a très peu de choses à redire : là encore, James Gunn avait à cœur de démontrer son savoir-faire. Enfin, le scénario, bien que basique, permet sans peine d’ouvrir un nouveau chapitre du DCU.

En conclusion, ce Superman 2025 signe le retour de la qualité et du professionnalisme chez DC. Toutefois, j’ai souvent eu la sensation d’un excès de maîtrise dans l’œuvre, qui, à terme, pourrait être contre-productif. James Gunn n’a rien à prouver, et ce film me donne l’impression qu’il avait à cœur de le rappeler.