Deux Niro
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le 20 mars 2025
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Il est évidemment très tentant de comparer ce film avec les grands classiques de films de mafia dans lesquels a joué Robert De Niro, réalisés par des cinéastes dont l'aura de statues de commandeurs les font de facto intégrer le cercle très restreint des génies; "Les Affranchis ", "Casino " de Martin Scorsese, "Le Parrain, 2e partie " de Francis Ford Coppola ou même "Il était une fois en Amérique " de Sergio Leone. En adoptant ce positionnement "The alto Knights" souffre de la comparaison d'avec ses glorieux aînés. Est-il pour autant un film dépourvu de qualités ? Non.
Déjà la mise en scène de Barry Levinson est maitrisée et l'honnête artisan qu'est ce cinéaste dont la carrière jalonnée de belles réussites, "Sleepers ", "Rain Man ", n'a toutefois jamais été vue comme exceptionnelle, rend ici une copie difficilement critiquable sur le plan technique. Les cadres sont pensés comme devraient l'être tous les cadrages, c'est à dire construits pour aider le spectateur à porter son regard sur ce qu'il doit intégrer de la mise en scène pour appréhender ce qui ne sera pas transmis par les autres éléments constitutifs du film. Le travail sur la photographie du film, que l'on doit à un vétéran d'Hollywood "Dante Spinotti", bien que classique n'en est pas moins absolument remarquable et je défie quiconque de trouver défaut à la partie des effets visuels numériques à l'œuvre notamment dans les scènes où les deux protagonistes, tous deux incarnés par Robert de Niro, sont ensembles à l'écran.
En effet, voulant parler spécifiquement de la guerre qui opposa les deux principaux parrains de la pègre newyorkaise, Vito Genovese et Frank Costello, lutte intestine de pouvoir et d'égo qui marquera la fin de la mafia italo-américaine, le choix a été fait de faire jouer à De Niro les deux personnages, or à mon sens c'est cette idée qui au final constitue la plus grande faiblesse du film.
En effet, on ne parvient jamais vraiment à distinguer dans le jeu de l'acteur, de réelles ou notables différences dans son approche de comédie. Flirtant à trop de reprises avec l'idée de caricature qu'on a tous du De Niro prognathe, celle qui fit les riches heures de Jose Garcia dans l'émission "Nulle part ailleurs" avec, et là personnellement c'est plus embêtant, le De Niro en roue libre qui caractérise ses excursions pour cachetonner dans la comédie des années 2000. C'est peut-être une bonne idée sur le papier, mais sa mise en œuvre laisse un goût d'inachevé et ce révèle davantage comme un exercice de style offert à l'acteur De Niro pour sa gloire, qu'à un véritable choix pertinent. Dommage mais quitte à vouloir dialoguer avec les films suscités, ramener un Joe Pesci par exemple, pour aller au bout du concept m'aurait sans doute bien plus intéressé.
Heureusement le film possède de vraies qualités, des formelles liées à la parfaite maitrise technique qui habite les différents artistes aux manettes, on est devant un film où les responsables de chaque postes techniques ou artistiques savent de quoi il en retourne et ça se voit à l'écran, rien de révolutionnaire, mais rien de bâclé, rien de foncièrement critiquable. Mais aussi des points positifs liés à la forme, les thèmes du film, dont le témoignage historique d'une époque de grands changements, l'entre deux guerres, qui sèmera les graines d'une nouvelle aristocratie jusque là en observation, qui tout en dominant bientôt la société économique, industrielle, artistique rendra les grands familles mafieuses nées durant la prohibition caduques, d'un autre temps, mais paradoxalement tout en reprenant leur vocabulaire et leurs méthodes d'entrisme et de persuasions laissant peu d'options au reste de la population. Le film, basé qui plus est sur des faits réels, démontre que les intérêts du crime organisé et les intérêts de la haute industrie sont voisins, poreux et obéissent aux mêmes schémas d'accaparement des richesses, les seconds étant parvenus à la différence des premiers à intégrer leurs ambitions dans un cadre légal plus conciliant.
En conclusion abordez ce film comme un exercice maniériste inégal mais loin d'être raté, un baroud d'honneur porté par quelques vieillards de l'industrie, on a même au scénario Nicholas Pileggi qui a contribué à quelques uns des films cités en introduction. Abordez ce film comme un témoignage tant sur un passé qu'on pense lointain que sur notre époque, elle aussi à un carrefour périlleux.
Malgré la tentation de le comparer aux grands classiques de films de mafia qui sera la votre, essayez de vous en débarrasser au risque de passer à coté d'un film non sans mérites, non sans bravoures, non sans charme.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Ma collection personnelle par ordre chronologique, MON ANNEE 2025 EN CINEMA, FILMS VUS POUR LA PREMIERE FOIS CETTE ANNEE., FILMS DECOUVERTS EN 2025 NOTES 6/10 et Les meilleurs films de 2025
Créée
le 9 août 2025
Critique lue 9 fois
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