Mouais bof. Ce n'est pas trop lisse, mais ça l'est quand même, et on sent que c'est le genre de film calibré pour les oscars...


La mise en place est foutrement longue, assez longue pour repenser aux plans décolleté du film de Marilou Berry vu la veille (en même temps, la fausse poitrine de Taraji est si marquante que je n'ai pu m'empêcher de laisser mon esprit bivouaquer et c'est ainsi que j'ai atterri sur la poitrine de l'autre demoiselle), après quoi ça commence mais ça reste un peu timide ; en effet, les scènes ne sont pas très développées, pas très marquantes (au contraire de la fausse poitrine de Taraji) ; quelques affrontements sympathiques, mais aussi quelques victoires trop faciles pour la bien-pensance et des personnages secondaires pas très creusés (notamment les blacks qui sont juste des types bien qui chantent le gospel et qui ont parfois la rage d'être soumis). La fin, consensuelle comme on le devine, ne laisse même pas la satisfaction d'une revanche du KKK meurtrière, à croire que ces blancs-becs qui aiment se travestir en fantômes n'ont pas grand chose dans le froc (à part quand il faut menacer une compatriote blanche de la violer).


La mise en scène est soignée ; j'aime pas trop les filtres qui rendent tous ces visages un peu dégueulasses, de même que j'aime pas trop le maquillage posé sur la tronche de Rockwell qui a l'air d'être fait en plastique du coup. Sa prestation est un peu plate, heureusement nos amis les noirs jouent avec leurs tripes et font le spectacle (pour un salaire et une reconnaissance publique moindre en plus, je parie, comme quoi l'esclavage est toujours d'actualité - parce que la reconnaissance ne sera que critique et encore, parce que ça fait bien d'en parler, p'tet même que Taraji sera nominée alors qu'il y a eu probablement eu de meilleures prestations cette année, peut-être pas beaucoup qui auront osé porter une fausse poitrine pendouillante afin de changer l'équilibre d'une démarche, mais quand même - faut dire qu'à notre époque, porter des faux nichons c'est un peu l'équivalent de se raser le crâne dans les années 90, pour une femme je parle).


Bref, un film trop calibré, trop calculé, trop gentil, trop insignifiant en fait malgré un duo prometteur à la base. Je me demande si Taraji en a profité pour faire l'amour avec ses faux seins, ça serait marrant ça, tiens !


PS : y a quand même un concept intéressant dans ce film, même s'il est sous-développé : le fait que le contact avec des gens peut influencer énormément sur les idées. Le héros blanc (ou héros tout court, parce que c'est lui qui 'save the day'), à force de côtoyer les noirs, finit par épouser leur cause, de la même manière qu'il a épousé la cause des membres du KKK simplement parce qu'il les a côtoyé (il le dit lui-même, à la base, il cherchait juste un groupe dans lequel s'intégrer) ; quelque part, c'est inquiétant, parce que ça veut dire que si le héros s'était retrouvé à nouveau dans un groupe de racistes il aurait pu basculer à nouveau, suffit juste de lui faire gober quelques clichés sur l'amour. Et je pense que c'est un peu vrai : on se laisse influencer facilement. Il est si facile de dire que le racisme est mal quand on a vécu auprès des 'bonnes' personnes et si difficile de l'admette quand on a vécu au sein d'un groupe néo-nazi... la pensée résulte de tant de choses, et bien sûr le groupe social dont on fait partie a grande importance. Soit.

Fatpooper
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le 2 déc. 2019

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