Road to Nowhere!
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le 20 juin 2024
47 j'aime
Support: 4K Bluray UltraHD
Jeff Nichols s’est posé le défi de construire un film à partir des photographies de Danny Lyon, artiste qui a suivi le club de motards des Vandals sur près d’une dizaine d’années, au tournant de la décennie de la contre-culture américaine. De ces photos, il crée une peinture sans jugement d’un groupe de marginaux cherchant une autre vie, en passant par un point de vue extérieur à cet univers, celui de Kathy, compagne d’un des jeunes membres, qui s’adapte aux codes du milieu, aussi absurdes soient-ils au même rythme que le spectateurs. Cela permet de souligner la prévisibilité funeste du projet via son enlisement progressif.
Car l’essor du club le fait rentrer dans un dérapage aux effets boule de neige. Toute entreprise communautaire ploie sous le nombre croissant de ses membres comme autant de personnalités et d’idéaux, de sages et de fous, qui rentrent en conflits et brouillent l’homogénéité initiale et ténue d’un cercle plus restreint. On y retrouve un peu le déclin de l’utopie telle qu’envisagée dans The Beach. Mais la bascule est politique, et passe par le trauma du Vietnam qui a ruiné une génération, effacé certaines barrières morales qui semblent ne pas s’appliquer aux commanditaires des massacres, supprimant toute notion d’honorabilité. C’est la chronique d’une communauté dans une ère de transition, de remise en question de la doxa, de tourmente.
Kathy (Jodie Comer) s’avère charmante dans sa lucidité décomplexée sur sa situation et celle du club devenu gang. Elle dit les choses telles qu’elle les voit, sans détour, et enrichit sa narration de détails cocasses et d’émotions que les bikers sont trop fiers pour exprimer. Son point d’attache, Benny (Austin Butler) est central au récit, tout en étant le personnage le plus effacé, réduit à des caractéristiques simples. Il est émotion à l’état brute, dont le mutisme est contrebalancé par sa nervosité physique. Et pourtant, on comprend chacun de ses choix, chacune de ses réactions. Ce duo présente deux extrêmes des facettes de ce groupe, avec au milieu Johnny, le chef du club incarné par Tom Hardy, à la fois conscient de l’inévitable drame et restreint dans ses actions par l’image qu’il doit renvoyer à ses hommes. Sa seule véritable interaction, dénuée de tout apparat, a d’ailleurs lieu avec Kathy.
The Bikeriders est une idée, un morceau d’une époque. La première incursion dans cet univers, où Kathy tombe amoureuse non pas de Benny mais de l’idée que porte la route, est une sortie nocturne à moto où les contours se floutent et les lens flares scintillent comme dans un rêve, où les membres fondateurs des Vandals se mettent dans une formation aviaire, comme prenant le grand large à travers les airs. Et quand bien même Zipco, Brucie, et consorts ne sont pas foncièrement recommandables, ils restent des hommes qui ont tenté de trouver des chemins détournés pour se sentir exister. On retrouve dans cette œuvre la tragédie solaire de Mud dans un récit emprunt de nostalgie pour les choses perdues et celles qui n’ont pu advenir.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Tom Hardy, Les meilleurs films avec Michael Shannon, Les meilleurs films de gangs, La Fracassante Filmothèque de Frakkazak et Les films les plus attendus de 2024
Créée
le 1 avr. 2025
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