Une plongée sensorielle
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Les toutes premières images m’ont fait craindre le pire : j'avais peur d'une complaisance formelle (que, du reste, les génériques illustrent bien…) dans l’accumulation frénétique d'audaces qui ne manqueraient pas de se révéler, comme souvent, bien convenues. Mais cette prévention s’est dissoute presque aussitôt : quelque chose, dans la cadence des plans, la saturation des couleurs, le battement du son, sonnait juste. Chaque choix formel de la cinéaste m’est alors apparu comme une évidence, seule voie possible pour rendre sensible l'insondable souffrance d’une horreur insoutenable, celle de la vie d’une enfant, d’une adolescente, d’une jeune adulte en butte à toutes les violences possibles.
La première partie (de loin la plus longue des cinq que compte le film) s’est révélée pour moi un éblouissement cinématographique, dans son évocation foisonnante – par collages de sons, d’images, de couleurs – de matériaux qui sont autant d'éclats mêlant réel, mémoire, imaginaire, fantasme. Ce n’est pas une forme filmique du courant de conscience des Vagues de Woolf, mais comme un courant d'inconscience, une nouvelle vague qui rappelle (comme y invite l’actualité cinématographique avec le film de Linklater) ce qu’ont dû éprouver (en moins éprouvant – et en moins long) les spectateurs découvrant le premier long métrage de Godard.
Nouveau souffle au début de la deuxième partie – et nouvelle inquiétude ou, plutôt, déception à la voir abandonner la forme débridée de la première pour un fil narratif apparemment plus sage, quoique encore décousu. Mais c’était, là encore, pour admettre que, finalement, c'était bien la forme qui s'imposait, une autre justesse pour montrer l'impensable, dire l'indicible. Et si quelques craintes de déceptions ont pu encore me saisir au cours du film, j’étais assez happé par la proposition esthétique de Kristen Stewart pour accorder finalement, presque aveuglément, ma confiance à la cinéaste, qui réalise, avec son premier film, un geste de cinéma d’une audace et d’une cohérence réelles.
Comme tout récit de l’épiphanie d'un·e écrivain·e, celui-ci avait à priori tout pour m’agacer, d’autant qu’elle sonnait trop comme l’épiphanie d'une cinéaste qui semble – comme le film, comme sa personnage – trouver une voie et une voix dans la mise en forme d'un chaos. Mais la manière est telle que je n’ai pas vraiment ressenti cet agacement : il semblait pourtant poindre, parfois, mais disparaissait aussitôt par la pertinence du travail des images, de la musique et du son – comme celui de la direction d’acteur·ice·s, impressionnant·e·s, particulièrement (parce qu’elle occupe l’écran quasiment sans discontinuer) Imogen Poots qui incarne avec intensité la personnage principale Lidia Yuknavitch.
The Chronology of Water révèle une cinéaste de premier plan. C’est en tout cas ce que l’on peut espérer, si le génie à l’œuvre dans ce premier opus ne vire pas trop au procédé dans les suivants.
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il y a 2 jours
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