♫ J'en déduis que je t'aime ♫

Au sommet de son style, avec cette mise en scène sophistiquée Wes Anderson, dans ce recueil d’histoires issues des articles de The French Dispatch, par la richesse de son casting et de ses idées nous transporte dans un XXe siècle fictif qu’on aurait aimé connaître. Véritable terrain de jeu du réalisateur, qui devient alors réellement metteur en scène et qui se donne encore une fois l’opportunité d’explorer les recoins de son imagination, le film dans son inventivité disproportionnée est un véritable bijou aux yeux des spectateurs attentifs à tout cela. Montage, cadrage, des propositions de mise en scène toujours aussi surprenantes qu’on lui reconnait bien, tout y passe, le mélange des styles visuels, l’alternance du noir et blanc et de la couleur, chacun des plans deviennent à eux-mêmes éléments de mise-en-scène à part entière, pour nous citer que les travelings latéraux entre les pièces coupées millimétrés. Il va ici s’amuser des différents arts, la peinture, le théâtre, la BD, mais aussi véritable hommage au cinéma français qui l’a fait grandir, Anderson, il va notamment emprunter à Godard, Tati, Truffaud.

Dans les thèmes abordés, dans le monde qu’il dépeint, il porte un regard teinté de cynisme, sur le monde de l’art, la gestion de conflits, les revendications évolutionnaires de mai 68, habilement souligné par la finesse de l’humour et de l'ironie de ce dernier.

Dans cette succession de court métrages, on apprend à déconstruire et prendre à la légère les enjeux des narrations proposées. Narrations toutes trois différentes, les personnages, au même titre que les récits racontés et de leur morale, gardent tous chacun une âme singulière et reste à leur manière, touchants. Le film se révèle être selon moi, plus d'une galerie que d'une véritable aventure en somme, mais l’expérience reste plus qu’appréciable.

On pourrait lui reprocher la densité du contenu verbal qui s’enchaîne de façon assez frénétique, contenu qui semble à certains instants ne pas nous laisser pleinement le temps d’admirer les tableaux qui nous sont proposés.

Ultra méticuleux, soigné, créatif et inventif, on ne pouvait pas en attendre moins de sa part, on s’émerveille toujours autant face à la folie douce assumée de l'auteur. Il maitrise sa magie avec habilité, cette manière à lui si particulière, d’insuffler de l’humanité dans ces drôles de proposition. On attend donc avec impatience son prochain tour, en espérant peut-être par la suite un renouvellement assumé cette fois-ci.