Parfois dans la filmographie d'un réalisateur, il y a un film qui explique tous ses films. The House That Jack Built est de ceux-là : une plongée au plus profond de l'âme torturée de Lars Von Trier, et à la lueur duquel on revoit subitement toute sa filmographie.


L'horreur, la torture et l'(auto)destruction élevée au rang d'art, voila la thèse que nous explique Lars Von Trier, un peu à la manière dialoguée, illustrée et didactique de son précédent film, Nymphomaniac. Au travers de l'histoire d'un serial killer psychopathe (on sent qu'il a bien étudié le sujet), Lars dialogue avec lui-même sur l'ingénierie, l'art, la beauté dans la destruction comme la putréfaction crée le bon vin, et une recherche de l'excellence dans cet exercice. Et l'envie de se faire prendre la main dans le sac.


On alterne entre scènes horribles et crues, et rire nerveux face au grotesque de certaines situations. Tout ça se termine dans une terrible mélancolie comme on a désormais l'habitude avec lui, et on comprend soudain pourquoi Wagner, pourquoi Hitler est sympa, pourquoi on coupe des clitos en gros plan, pourquoi Lars fait toutes ces provocations sans vraiment le penser, ou tout du moins assez pour laisser un doute gênant s'installer. Lars est Jack. Ou plutôt Jack est la concrétisation du fantasme morbide ultime de Lars. Lars sait qu'il ira en enfer pour ça, et c'est quelque part pour ça qu'on l'aime !


The House that Jack Built va certainement diviser, entre des malaises à la Funny Games de Haneke, l'explicite d'un Antichrist, le profond mal-être existentiel d'un Melancholia, et une certaine notion des enfers au travers d'une folie parfaitement raisonnée. C'est pour moi l'un de ses films les plus aboutis, en tout cas au sens de l'aboutissement d'une oeuvre comme celle de Lars Von Trier.

divide
8
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le 22 oct. 2018

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