Pour moi, The Irishman est la plus belle des dernières danses, mais peut-être pas la meilleure. On nous promettait le chef-d'œuvre testamentaire absolu de Martin Scorsese, le film qui viendrait clore magistralement l'histoire du film de gangsters après Les Affranchis et Casino. J'y ai trouvé une œuvre riche, poignante et portée par des acteurs légendaires. Pourtant, face à l'immense héritage de ces cinéastes, j'ai le sentiment qu'il lui manque ce petit grain de folie ou d'énergie pour atteindre les sommets. Mon verdict est un très respectable 7 sur 10. Voici pourquoi ce film, bien qu'essentiel, n'est pas tout à fait un sans-faute.
Ce que j'ai Adoré : La Puissance Émotionnelle et les Détails Cruciaux
- Ce qui m'a le plus marqué, c'est la profondeur thématique du film. Scorsese n'est plus dans la célébration brutale de la vie criminelle, mais dans l'introspection crépusculaire. Le véritable sujet, c'est la solitude de la vieillesse et le poids du regret. Quand Frank Sheeran (De Niro) raconte son histoire depuis sa maison de retraite, seul, hanté par le silence de sa fille Peggy (Anna Paquin), la tristesse est palpable.
- J'ai trouvé le trio d'acteurs fascinant, surtout la dynamique entre le bouillant Al Pacino (un Jimmy Hoffa électrique et mégalomane) et le terrifiant, mais tout en retenue, Joe Pesci (Russell Bufalino). Ces deux-là offrent des performances qui resteront dans les annales. J'ai aimé que le film prenne le temps d'installer la banalité du mal et la lente érosion des amitiés.
- Détails mémorables : J'ai particulièrement aimé la scène où Joe Pesci (Russell) prépare méticuleusement sa sauce à l'huile tout en disant à De Niro (Frank) de l'ignorer. Ce moment de calme domestique contrastant avec le danger qu'il représente est un chef-d'œuvre de la retenue !
Ce qui m'a Retenu : Rythme et Technique
- Alors, pourquoi pas un 8 un 9 ou un 10 ? Le Rythme et la Durée (3h29) : J'ai trouvé que l'heure centrale, consacrée aux manœuvres syndicales complexes autour de Hoffa, était parfois lente et trop dense. J'ai senti que la durée était parfois un poids, brisant l'élan dramatique. La fin est sublime, mais y parvenir demande une certaine endurance.
- Le De-Aging : C'est un point de friction. Bien que la prouesse technique soit indéniable, le rajeunissement numérique m'a sorti de l'immersion à plusieurs reprises. Voir De Niro ou Pesci avec des visages de 40 ans, mais avec la posture et les mouvements de corps plus âgés, crée un décalage étrange, notamment lors de scènes d'action ou de violence. J'aurais préféré une approche plus classique.
Conclusion
The Irishman est un film essentiel, une œuvre monumentale qui réussit son pari de clore un chapitre du cinéma avec intelligence et mélancolie. C'est une méditation poignante sur ce qu'il reste d'une vie de violence : la solitude.
Cependant, les longueurs narratives et l'aspect parfois artificiel du rajeunissement empêchent cette "dernière danse" d'être aussi parfaite que les classiques précédents de Scorsese. C'est pourquoi ma note est celle d'un film très réussi, mais imparfait.