Un film sur la fictive Nagashima, victime d'une catastrophe industrielle qui ferait écho à celle de Fukushima, citée au détour de quelques dialogues.


Ayant fait connaissance depuis peu avec le cinéma de Sono Sion (via Guilty of Romance l'été dernier, mais surtout grâce au formidable Love Exposure, sorti directement en vidéo fin Mars), difficile d'imaginer que c'est bien lui qui a signé The Land of Hope tant son calme et sa sobriété tranchent autant avec ces deux autres travaux.


Un peu comme si Sono Sion se retenait le plus possible 2h13 durant pour s'ouvrir à un public plus large. Vu le sujet abordé, la démarche est on ne peut plus noble mais les dérapages n'en sont que plus voyants : une direction d'acteurs parfois trop appuyée (et embarrassante lorsque les gesticulations des comédiens occupent toute la scène, sans musique pour en contrebalancer le ton), une première moitié bien trop longue et quelques accents mélodramatiques qui, là encore, appuient l'émotion au point de l'alourdir.


Reste que The Land of Hope fait partie de ces films qu'il faut mériter, qui demandent de faire preuve de patience pour savourer leurs qualités. Alors certes, il faut bien 70mn sur les 133 que dure le film pour y entrer, mais le jeu en vaut la chandelle : cette petite famille déracinée par une catastrophe qui sépare les générations (les plus anciens décidant de rester sur place) finit par devenir très attachante. S'autorisant quelques traits d'humour parfois bienvenus, parfois inutiles, Sono Sion les oublie lors de la dernière heure, parvenant à diffuser une émotion dont on aurait jamais soupçonné la force jusque là.


Et le film de rentrer petit-à-petit dans cette catégorie d'oeuvres difficiles mais précieuses, qu'on ne reverra peut-être pas de sitôt mais dont on ne regrette finalement pas du tout de leur avoir accordé de l'attention. Une poignée de paysages déserts, deux enfants qui jouent sur des ruines, un couple de futurs grands-parents qui lutte contre l'oubli, un arbre comme symbole d'une vie qui s'achève... La force d'un film tient parfois à peu de choses, quelques instantanés qui surgissent ça et là sans crier gare. Sono Sion l'a bien compris et privilégie judicieusement le calme à la tempête.


Venant d'un homme si doué pour partir dans tous les sens, l'exploit est aussi discret que marquant.

Fritz_the_Cat
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le 14 mai 2013

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Fritz_the_Cat

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