The Master PTA nous prend par la main ?

un film esthétiquement très plaisant sur la forme, creux et décevant dans le fond.


Le premier tier m'a captivé, j'ai aimé me familiariser avec cet ex marine ravagé par la guerre et dépendant à l'alcool porté par Joaquin Phoenix qui est très bon. Son attitude lors des séquences à l'armée montre sa solitude et son désespoir. Le hasard de la vie l'a fait passer devant un bateau et survient alors la rencontre. D'ailleurs cette introduction dans le bateau est conclue par une magnifique scène avec un ciel orangé et un pont, c'est sublime. Le plus beau plan du film selon moi.


Le premier face à face avec celui qui sera son futur maître est prenant, tout comme le mariage de la fille et ce premier repas en mer en compagnie du maître de cérémonie qui capte toute l'attention. On se demande qui est-il ? Que veut-il ? Il semble plutôt sympathique.
P.S Hoffman en impose à ce moment là.


Survient ensuite ce face à pesant entre les 2, avec ce jeu de questions réponses qui est censé éclairer l'âme humaine grâce au pouvoir du MASTER.
On ne sait pas vraiment comment cerner les deux personnages et ce petit jeu: à quoi rime ces questions ? Ou veut-il l'amener ? Quelle est l'ambition de ce gourou ? En tout cas l'ex marin alcoolique semble conquis, rassuré et en confiance. Il aura réussi à le séduire.


Une fois qu'on a quitté le bâteau, retour sur la terre ferme. Et là, c'est le drame. Dès le premier passage, à New-York me semble-t-il, on a droit à la première représentation du maître face à ses "clients". Tour de séduction complétement loupé selon moi et souligné par l'intervention grossière d'un personnage qui survient de nulle part (un peu comme si les spectateurs que nous sommes disions au maître de fermer sa gueule et d'arrêter de raconter des conneries à travers se personnage). J'ai trouvé l'intervention de cet homme inutile. Pourquoi PTA ne nous laisse pas découvrir par nous-même l'arnaque ? Nous laisse-t-il pas le temps d'avoir ce type de raisonnement vis-à-vis de ce qu'il se passe à l'écran ? En sachant que la discussion entre les deux (cet homme qui remet en cause l'idéologie du maître, et le maître lui-même) est loupée. C'est grossier, pas très fin, on ressent pas vraiment le malaise souhaité.


Après cette séquence tout le reste du film m'a semblé globalement fade et prévisible dans son écriture. Cela toujours accompagné d'une esthétique des plans et de la mise en scène de haute volée. Par exemple dualité des deux hommes représentée lors du passage en prison est très maîtrisée et le jeu d'acteur est grandiose. Le maître continue ses représentations à la noix, on découvre que ce n'est qu'un exécutant dont le business portée d'une main de fer par sa dame (une main qui d'ailleurs viendra purger le maître ), que toute cette petite famille a souhaité enrôler l'ex marin, qu'il considérait comme une âme faible, pour en faire un petit soldat à la solde du business. En bref des gens assez médiocres.
L'histoire traitant du marin et de la femme qu'il aime mais a dû quitter pour aller combattre est inintéressant et n'apporte rien hormis appuyer sa démence lié à son passé (les questions réponses sur son passé et son attitude suffisaient à nous montrer l'état général du bonhomme, à quoi bon nous infliger ces passages ?). Puis ce final, l'esclave qui veut devenir maître. M'ouais.

Ssird
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 2022 : Rétrospective Paul Thomas Anderson

Créée

le 30 mars 2022

Critique lue 6 fois

Ssird

Écrit par

Critique lue 6 fois

D'autres avis sur The Master

The Master
Heisenberg
9

Complexes deux types

The Master, et c'est l'apanage des grands films tels que je les perçois, cache derrière sa perfection esthétique, sa classe et sa mise en scène d'une précision horlogère, des tournures narratives un...

le 5 déc. 2012

95 j'aime

16

The Master
Anyo
9

Confrontation Mutuelle

Paul Thomas Anderson peaufine son art de film en film. Après la frénésie de ses débuts et de ses films chorales tous impregnés d'une insouciance formelle manifeste, le cinéaste américain semble...

Par

le 9 janv. 2013

89 j'aime

6

The Master
guyness
6

La voie de son maître

Impossible de parler de ce film sans en dissocier absolument la forme souvent somptueuse, du fond pour le moins déroutant, pour ne pas dire abscons. The Master, haute définition La (grande) forme...

le 20 mai 2013

47 j'aime

9

Du même critique

Challengers
Ssird
5

Le problème Zendaya

Le seul intérêt du film selon moi réside dans la relation entre les deux personnages masculins, en dent de scie. Relation amour haine qui s'instaure. C'est comme un volcan qui peut péter à tout...

le 1 mai 2024

2 j'aime

Voyage à Tokyo
Ssird
10

L'encens qui se consume...

Un scène qui cadre un couple vivant à la campagne, prêt à quitter leur domicile pour se rendre à Tokyo la ville qui héberge certains de leur enfants. Ils échanges brièvement avec une dame, à la...

le 7 janv. 2024

2 j'aime

Tel père, tel fils
Ssird
9

Justesse et élegance...

2 mots qui me viennent, pendant et après le visionnage : la justesse et l'élégance.Justesse : la construction narrative du film dresse un portrait très fin des protagonistes. Les enfants sont...

le 23 févr. 2023

2 j'aime

1