Alien et Predator. Les deux parfaites formes de vie extraterrestres. Deux monstres du cinéma qui ont marqué leur époque et continuent aujourd'hui de faire le bonheur des studios, aux détriments des cinéphiles. Ridley Scott et John McTiernan insufflaient de leur pâte et de leur maîtrise dans deux films au rythme et à l'atmosphère oppressante pour ceux qui arboraient fièrement leur 12 ans. Si Alien: Covenant, dernier en date ne rendait pas justice à la franchise tout en essayant de s'y conformer, on peut dire que The Predator nous laisse le même ressenti de gâchis malgré une tentative de Shane Black d'y insuffler son humour et sa maîtrise des dialogues.
D'entrée de jeu, on ne fait pas dans la dentelle et le côté presque intimiste et furtif du plus ignoble chasseur de l'espace surprend. Certes, avec les deux tentatives précédentes, l'heure n'est plus à la découverte d'un ennemi invisible mais est-ce vraiment une raison pour y aller en fanfare ? Revoir le premier opus confirme immédiatement que non. On peut savoir à quoi s'attendre sans pour autant envoyer valser un certain mystère. Ainsi, on se retrouve donc immédiatement sur terre avec une confrontation éclair entre notre futur héros et le charcuteur de l'espace. De là, tout va très vite et on emprunte les rails de la série B tout ce qu'elle a de plus consensuelle. Equipe de militaires timbrés et loufoques à la personnalité purement esthétique : des gros bras qui n'ont pas forcément la lumière dans toutes les pièces. Quoi de mieux finalement que des têtes brûlées pour un combat perdu d'avance. Quitte à mourir, autant que ce soit sans crainte et avec panache.
Alors oubliez la tension, la "chasse", Shane Black tente ici quelque chose d'original qu'il faut bien lui reconnaître. Première victime du Predator dans le film de 1987, le scénariste et réalisateur inspiré (L'arme fatale et Last Action Hero au crayon, Kiss Kiss Bang Bang et The Nice Guys à la caméra) donne au film sa pâte entre humour, dialogues et situations décalées. Hors contexte, ça marche et on se marre mais difficile d'oublier d'où on vient.
Il faudrait presque appréhender ce 4ème opus comme un reboot plutôt qu'une suite. Un reboot qui ne manque pas d'aligner les clins d'oeil à ses prédécesseurs. Mais difficile lorsqu'on a frémit dans la jungle aux côtés d'Arnold et de sa bande de joyeux drilles de faire abstraction du passé. Pour autant, lorsqu'on se force, The Predator a quelque chose de divertissant même si on est très loin de la virtuosité d'un McTiernan derrière la caméra. Ici, la menace est ce qu'elle est, ni plus ni moins. Une bestiole qui prend plaisir à massacrer avec style, peut-être un brin complexée par sa gueule de Tonton David au lendemain d'une soirée un peu trop fournie en psychotropes.
Dommage que le scénario n'ait pas été différent et un poil plus simple finalement car à trop tenter de nous surprendre, Shane Black nous pond un ovni tiré par les dreadlocks où les tenants et les aboutissants parfois risibles ne servent que de prétexte à l'utilisation d'une icône d'un cinéma fantastique qui a fait la grandeur de la fin des années 80, début 90.