Critique tardive.


Après l'impressionnant Birdman sorti en 2014 (auréolé d'un Oscar), Alejandro González Iñárritu est revenu un plus tard avec l'adaptation du roman "Le Revenant" de Michael Punke, l'histoire vraie d'un trappeur américain abandonné par ses pairs lors d'une expédition et qui va revenir quérir vengeance après avoir douloureusement survécu à la faune et la flore du Missouri de la fin du XIXe siècle. Le projet est dans les mains d'Iñárritu depuis 2011 et, après un tournage chaotique et des délais sans cesse repoussés, sort enfin pour proposer une baffe cinématographique dont seuls une poignée de cinéastes arrive aujourd'hui à concocter.


Brutal, poétique, contemplatif, The Revenant puise dans son scénario, ses décors naturels et la maestria de son réalisateur pour délivrer un cinéma puissant, vrai, solide, qui nous fait directement oublier les bouillies numériques servies à la truelle dans comme un hospice et sonne dès lors comme une renaissance dans le 7e Art. Car non content de mettre en scène une aventure violente servie par des séquences envolées et réalistes (l'attaque des Natifs au début du film, la fameuse confrontation avec le grizzli), doublée d'un survival maîtrisé dans les règles de l'art, le réalisateur mexicain arrive à nous transporter dans une poésie palpable inespérée, non pas par le biais des séquences oniriques mais lors du périple de notre héros, confronté à l'instar du spectateur à la beauté d'une nature sans pitié.


Les efforts d'Iñárritu pour trouver les plans parfaits, quitte à attendre le jour suivant pour trouver l'éclairage naturel adéquat (ce qui a principalement et grandement retardé le tournage), paient indubitablement. Et outre le sublime des décors, l'iconisation de quasiment tous les plans et la mise en scène toujours aussi dingue du réalisateur de 21 Grammes, nous faisons face à l'interprétation hors paires d'un Leonardo DiCaprio, au sommet de son talent, qui délivre une performance inoubliable d'un réalisme saisissant. Face à lui, le terrifiant Tom Hardy, polyvalent jusqu’au-boutiste qui élargie une fois encore sa palette en interprétant une énième fois un bad guy tout en diversifiant son jeu, côtoyant ses rôles de Freddie Jackson ou encore Bane.


Sublime épopée au rythme soutenu, au découpage exemplaire et à la beauté visuelle certaine, The Revenant nous ramène à un cinéma oublié, vestige ici dépoussiéré grâce à la passion dévorante d'un metteur en scène acharné qui, comme Stanley avant lui, a compris les ressorts nécessaires pour délivrer un bon long-métrage et en propose le meilleur. Un très grand film qui perdurera plus que certainement et à juste titre.

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le 15 mai 2019

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