Souvenez-vous c’était en 2016, et David Ayer s’amusait à invectiver la presse à grand coups de « Fuck Marvel » en criant à qui voulez l’entendre que lui c’était un vrai bonhomme qui portait ses grosses corones face au système hollywoodien, et que son film à lui était probablement le plus subversif de tous les temps. Des déclarations outrancières à faire pâlir Deadpool qui devait sûrement envisager d’enfiler le tablier de la ménagère pour aller fabriquer du savon avec Tyler Durden. Puis ce fût la douche froide malgré des résultats financiers éminemment favorable en raison d’un tapage marketing rentre dedans, nous avions droit à un spectacle désolant probablement massacré sur l’autel du montage. Néanmoins nous n’étions pas dupes et avions bien compris qu’il ne s’agissait que d’un pétard mouillé orchestré par un sombre connard sans nul autre pareil qui se sera montré au par ailleurs très insultant envers les spectateurs au point de les marteler d’informations élémentaires pour leur faire comprendre une intrigue pourtant simplifié à l’extrême. Il ne suffisait pas seulement de montrer, il fallait aussi expliquer l’action aux gens du fond pour capter leur intention avant un climax d’une nullité sans nom où la cohorte de criminelles finissaient par sauver le monde main dans la main grâce au pouvoir de l’amitié.


Le plus beau dans tout ça, c’est que le film s’en tirera avec les honneurs du grand public acquis à la cause de ce parangon d’ânerie. Non content d’avoir été pris pour des cons, les fans réclamerons le retour de leur « héros ». James Gun provisoirement mis sur la touche par Disney pour d’anciens tweets polémiques va donc passer du côté de l’ennemi pour nous livrer LA véritable Suicide Squad, ce à quoi va d’ailleurs tendre l’exécution sommaire de l’introduction d’un escadron censé faire diversion en faisant enfin honneur à leur sinistre réputation. Envoyé sur une île tropicale, la nouvelle équipe de bras cassé aux caractères et styles totalement hétéroclites se retrouvent confronté à un gouvernement totalitaire développant une arme secrète capable d’annihiler l’Amérique tout entière. C’est un peu comme ci on envoyé Charles Manson, Dahmer, Gacy et Ted Bundy désamorcer la crise des missiles de Cuba. Que pourrait-il bien mal se passer ? me diriez vous. Et bien je vous répondrai à peu près tout, surtout quand les tueurs à gage du groupe (Bloodsport et Peacemaker) se lancent dans un concours de bite en décimant l’intégralité des résistants et donc seuls alliés dans cette lutte contre l’armée du général Mateo Suarez. Et… merde, c’est déjà mal barré.


Libéré des contraintes politiquement correct de la concurrence, James Gun en éternel adolescent de 56 ans pousse les curseurs à fond et livre un jeu de massacre en exploitant pleinement le potentiel de son concept et de sa panoplie de supers vilains interchangeable, en atteste le remplacement de Deadshot dans l’opus précédent par un ersatz celui-ci, car aussi exceptionnelle soient-ils, chacun d’entre eux s’avère sacrifiable à merci à tel point qu’on ne sait jamais qui périra au fur et à mesure de ce chili con carnage. Certains ne possèdent d’ailleurs pas la carrure ou simplement aucune compétence en matière d’affrontement tactique et militaire (on pense à Polka Dot man le maillon faible du groupe) et ne sont voués qu’à servir de cible ambulante pour permettre aux autres d’avancer et de survivre un peu plus longtemps. Et pour ceux qui seraient tentés de fuir ou de trahir l’impitoyable Viola Davis, ils seront sommairement exécutés grâce à une puce explosive implantés.


Les bad-guys azymutés de The Suicide Squad n’ont plus grand-chose à voir avec les pinpins et béni-oui-oui de David Ayer, même si son réalisateur parvient lui aussi à rendre sympathique des monstres sans coeur malgré un passif et des méthodes tout bonnement dégueulasse. Il faut dire que ses personnages témoigne de son affection pour les freaks et familles dysfonctionnelles hérités de ses précédentes adaptations et de son début de carrière dans le cinéma bis à tendance trash pour la Troma dont il réitère depuis toujours les ingressions et ruptures de ton dans un humour crapoteux. Finalement à l’heure où la retenue et le bon goût sont de mise chez DC, James Gun parvient à imiter le modèle de représentation des superproductions actuelles pour faire de ses obsessions pour les séquences d’actions iconisantes et de ses scènes de destructions massives une orgie guerrière et déjanté faites de saillies gore agrémentés de tripes et de viscères. Fuck Ayer !

Le-Roy-du-Bis
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le 25 avr. 2023

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