Le retour de Mel Gibson avec un film moins religieux

Depuis la Passion du christ, Mel Gibson avait donné le fouet à ses détracteurs les plus athées qui considéraient le cinéma comme un moyen d'expression purement laïc. Tu ne tueras point est en quelque sorte une correction du tir où le réalisateur fait son retour avec un film moins religieux. Même si Desmond Doss fut un soldat trés pratiquant (tout comme Mel Gibson l'est) qui refusait de prendre une arme à feu par conviction, c'est aussi son caractère et sa persévérance qui marquent. La foi de cet homme n' apparaît pas comme la seule justification de ses actes héroïques (il a sauvé à lui tout seul 75 hommes de sa garnison). Doss fut aussi un coeur pur, prêt à défendre ses convictions et à prouver qu'elles n'étaient pas si incompatibles que cela avec son engagement militaire.
Au niveau de la réalisation, Mel Gibson a bien fait d'avoir une première partie calme qui expose la personnalité et le background de Desmond Doss. Les scènes de sa jeunesse tentent d'expliquer comment la violence put le marquer, le conditionner sans que sa foi ne fut son unique moteur. La deuxième partie rentre dans le vif du sujet avec des scènes de guerre très crues et réalistes. C'est là que le spectateur suit le conflit de la seconde guerre mondiale dans le Pacifique à travers l'expérience d'un infirmier: une approche assez inédite dans les films sur la guerre jusque là.
Au final, tu ne tueras point même s'il est un biopic de Desmond Doss a des approches variées sur les Américains engagés en 1945. Comme dans Lettres d'Iwo Jima ( de Clint Eastwood), l'ennemi japonais n'est pas traité avec condescendance et caricature. Le recul nécessaire est là et n'a plus rien à voir avec certains films propagandistes ou revanchards.
Je suis content de retrouver Mel Gibson avec un film qui prouve que ses convictions religieuses ne prennent pas toute la place et le remet finalement en selle. Continuer sur ce chemin est dans son intérêt et ramènera des spectateurs nostalgiques de Braveheart. Ceux qui pensaient que l'acteur/réalisateur ne casserait pas l'étiquette qu'on lui avait collé se trouvent bien bêtes aujourd'hui. Freedom comme disait William Wallace sur sa potence.

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le 20 nov. 2016

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