Tranche de vie typique du cinéma français, Un dimanche à la campagne c'est quand même pas ce que Bertrand Tavernier a fait de plus palpitant comme film...


Mais la photographie n'en demeure pas moins classieuse, avec ce magnifique plan du jardin ouvrant et concluant le film, ainsi que tous ses autres recoins, révélés au fur et à mesure des pérégrinations dominicales de la petite famille d'un vieux peintre (Louis Ducreux). Sans oublier les intérieurs de sa demeure et les superbes costumes d'avant-guerre (1912). Ce vieux peintre donc, vit avec sa bonne qui lui parle assez mal, mais toujours poliment, semblant se laisser dominer tellement il a peur de la perdre et de se retrouver seul depuis la mort de sa femme. Et d'emblée on savourera l'autre point fort du film : ses dialogues pleins de sous-entendus. Des dialogues entre le vieil homme et sa bonne, puis avec son fils (Michel Aumont), dont la famille parisienne typique et bourgeoise (femme pieuse, deux garçons turbulents et fille maladive) lui rend visite en ce dimanche ensoleillé.


Les deux s'entendent plutôt bien, mais ce fils qui l'écoute à peine lui paraît quand même trop banal. Beaucoup plus en tout cas que sa fille célibataire (Sabine Azéma), ne l'écoutant pas plus, qui les rejoindra peu après. Pile électrique à la mode et à la jolie voiture, celle-ci viendra mettre un peu de vie dans ce cocon familial trop lisse, mais saura aussi - et étonnamment - nous émouvoir de par ses mélancoliques délires chiromanciens... Et une sorte de mini-joute verbale entre le frère et la soeur, avec son lot de jalousie et de petites sournoiseries, rythmera cette journée. Jusqu'à ce que tout ce petit monde rentre à la capitale...


Alors autant prévenir tout de suite les amateurs d'action de plutôt passer leur chemin. Il ne se passe pas grand-chose d'autre que ce qui se passait ou se passe encore dans beaucoup de familles, mais la précision et le réalisme sont clairement au rendez-vous. Et au final, Un Dimanche à la Campagne, notamment grâce à sa durée relativement courte, passe plutôt bien. Entre mystère (les deux petites filles) et nostalgie, le thème central du film, à savoir la solitude, finit même par émouvoir.


Comme en peinture.

RimbaudWarrior
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le 31 mai 2016

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