Un titre qui ne m'avait pas laissée indifférente et pour cause puisqu'il s'agissait d'un clin d'oeil complice à Gainsbourg, lui qui a décliné sur tous les modes le sentiment amoureux .
Juste pour le plaisir un petit aperçu des paroles et du ton très gainsbourgien de notre génial compositeur :



Qu'est-ce autre chose que la vie des sens, qu'un mouvement alternatif
qui va de l'appétit au dégoût et du dégoût à l'appétit, de l'appétit
au dégoût et du dégoût à l'appétit...



Car c'est bien de cela qu'il s'agit : l'éveil des sens et les premiers émois amoureux chez Anna jeune ado de 14 ans travaillée par un corps en pleine mutation, tout juste sortie de son Internat catholique, qui va retrouver sa famille pour les vacances et préparer sa confirmation, dernière étape de sa foi.


Seulement à la maison c'est la crise : mère désemparée, père ayant pris la poudre d'escampette, grand-père complice et plein d'empathie mais bien mal en point, et surtout le jeune Pierre, garçon sensible et musicien qui plaque ses accords de guitare en la couvant des yeux, plus intéressé toutefois par les jolis seins ronds de son amie que par les problèmes religieux.


Cette quête de pureté, cette recherche d'absolu si fréquentes à l'adolescence Anna va en faire l'expérience par le biais du désir, premiers émois charnels d'une jeune fille qui s'éveille à la sexualité et à son corps, éternel combat que se livrent l'esprit et la chair, cette pulsion contradictoire qui régit notre rapport au monde et provoque des crises auxquelles nul n'échappe : ni sa mère, Wanda Ribeiro de Vasconcelos plus connue sous le nom de Lio, sobre et juste, fragilisée par une séparation qui la fait douter d'elle-même en tant que femme et chercher refuge dans la religion, sous les traits d'un jeune prêtre débutant peu aguerri, troublé par cet être en pleine crise de mysticisme qui se livre à lui corps et âme, ni le grand-père grabataire atypique, formidable Galabru dans ce rôle de vieillard lubrique en fin de vie, adepte jusqu'au bout du principe de plaisir.


Mention spéciale à la reprise de Creep (de Radiohead) par Scala, qui clôt le film de manière enivrante.
Un film attachant, singulier et libre, une éducation sentimentale sensible et touchante qui doit beaucoup à sa jeune interprète Clara Augarde et à son jeu tout en nuances, une peinture fine et réaliste de cette période tourmentée, ancrée à jamais dans notre vie d'adulte : l'adolescence.

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le 17 mai 2012

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Aurea

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