Le film « Une bataille après l’autre » tente de donner de la gravité à son personnage principal, mais on se retrouve face à une figure qui tient davantage du branleur fini que du héros épique. Impossible de ne pas penser au « Dude » dans « The Big Lebowski », archétype du glandeur absolu, mais qui au moins avait la décence de ne pas avoir d’enfants sur les bras. Ici, on a droit à une sorte de Dude mal dégrossi, version Leonardo DiCaprio en roue libre mais sans la maîtrise, perdu dans des postures molles et des hésitations creuses. Le problème, c’est qu’on ne parle pas simplement d’un type qui se laisse porter par le vent : on parle d’un père incapable, d’un rôle où l’errance cesse d’être attachante pour devenir franchement pathétique.
Le film met en scène un affrontement grossier entre des révolutionnaires progressistes extrême-démocrates et des fascistes extrême-républicain. Sur le fond, personne n’a droit au titre de “gentil” dans cette mascarade de violence, mais on sent bien que, dans l’œil du réalisateur, ce sont malgré tout les révolutionnaires qui héritent du rôle des justes — une complaisance qui finit par rendre le propos aussi bancal que son récit. Si la morale du film n’était pas simplement ce que j’ai dit précédemment, alors elle devrait clairement être qu’il ne faut jamais en arriver là. Merci de ne pas nous prendre pour des idiots, nous, les spectateurs : on n’avait pas besoin de 2h40 de film pour comprendre cette évidence. Le vrai problème, c’est que au-delà de cette mise en garde, il n’y a aucune évolution ni chez les personnages, ni dans la situation. On assiste à une longue présentation statique d’un chaos sans développement réel, ce qui finit par lasser et décevoir.
Ce manque de progression empêche le film de convaincre ou d’émouvoir, car sans changement ni réflexion approfondie, on reste prisonniers d’un tableau figé, sans espoir ni interprétation nouvelle.
Tout n’est pas mauvais dans ce film. Le jeu d’acteur est vraiment impressionnant, et ça faisait longtemps que je n’avais pas vu un Sean Penn aussi juste et puissant(par puissant on s’est compris). Malgré ça certains enchaînement de scène sont très bons et le rythme est quand même assez soutenu et je tiens à dire que DiCaprio m’a fait quand même rire. La réalisation est soignée, l’image est belle la musique est juste et certains plans sont tout simplement magnifiques. Ces moments-là redonnent un peu de souffle à l’ensemble. Avec un sujet différemment amené et une durée réduite ce film aurait pu gagner deux ou trois points dans mon estime.