Le réalisateur nous propose ici une histoire qui se veut fictionnelle. Mais celle-ci est si proche de notre réalité que le film qui en découle pourrait presque prendre la tournure d'un documentaire sur les États-Unis d'Amérique au jour d'aujourd'hui.
Perfidia Beverly Hills (Teyana Taylor) et Pat "Ghetto" Calhoun / Bob Ferguson (Leonardo DiCaprio) forment un couple affilié aux French 75, une organisation révolutionnaire d'extrême gauche ayant pour but de mener des actions violentes tournées autour de la destruction de bâtiments stratégiques. L'objectif du groupe étant d'alerter les consciences et d'affaiblir au mieux le pouvoir gouvernemental en place. Les actes, sans cesse complétés par leur conséquence, les activistes seront traqués sans relâche sur plusieurs années jusqu'à ce que chacun de ses membres soit neutralisé d'une manière ou d'une autre. Mais pour le colonel Steven J. Lockjaw (Sean Penn), l'homme en charge de cette mission de haute volée, la tâche s'annonce plus complexe qu'elle ne l'est déjà lorsque celui-ci réalise qu'il pourrait être le père de la jeune Charlene Calhoun / Willa Ferguson (Chase Infinity). L'ancien compagnon caché de Perfidia, une des incontournables membres afros-américaines des French 75. Une calamité pour ce haut gradé de l'armée états-unienne qui souhaite rejoindre le puissant club de suprémacistes blancs des Aventuriers de Noël.
Un plaisir de constater le retour de Paul Thomas Anderson sur ce qui doit être un de ses projets cinématographiques les plus pharaoniques quand on sait que cela lui a pris une décennie pour mettre ce film en place.
Assez familier des œuvres du réalisateur de Los Angeles, et ayant gardé un bon souvenir de sa dernière création (Phantom Thread), qui remonte à huit années déjà, je ne pouvais qu'être enthousiasmé à l'idée de prendre ma place de cinéma en compagnie de mes amis.
Un moment que nous avons savouré de bout en bout avec un visionnage en VOSTFR qui plus est ! (une option de plus en plus en voie de disparition dans les salles obscures de notre pays). La scénographie est agréablement homogène dans le sens où les scènes d'action et le rythme effréné qui la représente s'accordent parfaitement avec des dialogues réalistes qui mêlent humour et drame. Un tour de force lorsque le long-métrage évoque plus que jamais la politique et la violence sociale.
Le niveau de performance des acteurs est vraiment bluffant. Ce qui n'est pas forcément étonnant au vu du prestige que représente le nom associé au casting. Tout le monde est incroyable. Et je tiens à souligner le boulot plus qu'exceptionnel de Sean Penn qui, pour moi, a dû se coltiner le personnage le plus complexe de toute la distribution.
Ce qui n'enlève bien évidemment rien au mérite des autres artistes de plateau qui ont su nous transporter dans cette histoire riche en matière et en réflexion.
Bien que cela reste une fiction, ce long-métrage se veut, en premier lieu, réaliste. Il décrit plus que bien l'affrontement de deux idéologies extrêmes qui usent sans détour de la brutalité et de la force pour imposer leur vision "idéale" de la société. Et ce qui est fort de la part de Paul Thomas Anderson scénariste, c'est l'objectivité et le détachement dont il a fait preuve pour développer ce sujet plus que sensible. Il laisse le spectateur se faire sa propre idée sur les actes et les enjeux importants et, ou, subsidiaires mentionnés dans le film.
"Une bataille après l'autre" est dores et déjà une œuvre majeure dans la filmographie du metteur en scène américain qui embellit d'autant plus la carrière des acteurs et actrices confirmé(e)s tout en mettant en lumière les jeunes comédiennes que sont Chase Infinity ou encore Alana Haim qui interprète le rôle de Mae West.