Lorsqu'on s'essaye à l'exercice de la critique artistique, on s'engage à mon sens à donner un avis qui soit le plus objectif possible, ce qui n'est évidement pas possible . Ainsi on essaye autant que possible de faire abstraction de l'idéologie ou des opinions abordés dans l'œuvre qu'on essaye de critiquer et de critiquer l'art, la technique, ce qui relève vraiment de l'artistique et non du subjectif. Pourtant, il arrive des fois où le message politique est tellement omniprésent, tellement insisté qu'il devient la raison principale pour laquelle on aime ou on déteste l'œuvre. Comment, alors, juger de ses qualités objectives dans ce cas ? C'est la question que je me pose, car en sortant du cinéma j’étais bien conscient que ce n'étais pas a cause de sa mise en scène ou de son intrigue (quoique) que je n'avais pas aimé Une bataille après l'autre. Est-il alors pertinent de faire une critique ? Je vous laisserai en juger.
Je commencerais donc par le plus évident: ce film est militant. Pas simplement politique, car quand on s'attarde un peu on voit que en dessous du vernis progressiste révolutionnaire le film n'a pas vraiment de message, à part "nous c'est les gentils, eux c'est les méchants", sans vraiment chercher à argumenter cet état de fait. Le film a l'air d'insister sur des questions d'émigration et de race, mais sans vraiment de propos derrière. Le film ne propose pas de débat ou d'introspection sur les questions qu'il aborde, il a un opinion et il va dépeindre les choses telles qu'il veut qu'elles soient, à savoir qu'il y a les gentils révolutionnaires libérateur de migrants d'un côté et les méchants garde frontières secrètement supremacistes de l'autre. Pour comparer avec un film que j'ai beaucoup aimé qui traite du même sujet, The Brutalist passe beaucoup plus de temps à nous montrer le malaise et le rejet que subit son protagoniste dans son pays d'accueil, sans pour autant sombrer dans la caricature facile du turbo raciste supremaciste qui déteste les étrangers par principe. Je ne dis pas que ce genre de personnes n'existent pas, je dis que choisir ce genre d'antagoniste révèle que le but du film n'était pas de proposer une reflexion sur les sujets qu'il aborde mais de simplement nous montrer quels étaient les bons opinions et quels étaient les mauvais.
De plus, le film est écrit avec des dialogues tellement vulgaires et obsédés par le sexe qu'ils feraient par moment passer Bigard pour du Baudelaire. Chaque excuse qui permet de parler de sexe est saisie, que ce soit les personnages feminins qui se réduisent elle-même à leur organe reproducteur ("La chatte de la jungle", les "Sœurs de la bonne fente"... Est-ce cela le visage du féminisme moderne ?) Ou les hommes qui parlent de leurs fatasmes sexuels comme du match de la veille. Peut-être que c'est moi qui suis prude, je l'admet, mais il existe probablement un juste milieu entre la pudibonderie des années 50 et l'idée de confirmer son identité auprès d'un ami parce qu'on sait qu'il préfère, et je cite, "les chattes mexicaines sans poils".
Bon, très bien, mais une fois qu'on a dit ça, qu'en est il du film ? Et bien je dois avouer qu'il m'était difficile de m'intéresser aux qualités réelles du film tellement son écriture me paraissait maladroite. C'est un peu comme écouter quelqu’un jouer du Chopin a la cornemuse, c'est très difficile de savoir si le mec joue bien tellement le choix initial est bancal. Ainsi il était difficile de m'attarder sur la réalisation ou le montage quand chaque ligne de dialogue me donnait envie de quitter la salle. Quelque part je dois a ce film de m'avoir fait réaliser qu'il existe plusieurs stade d'appréciation d'un film, et que si un aspect du film me déplaît suffisamment, il me sera difficile de chercher ses potentielles qualités. J'aurais quand même quelques choses à dire que j'ai pu néanmoins tirer malgré ce désagréable moment.
Le jeu d'acteur est très hétérogène. D'un côté il y a Chase Infinity et Leonardo DiCaprio qui livrent une très bonne performance (même si je dois admettre que voir un multimillionaire crier "Viva la revolucion !" m'a un peu sorti du film. Oui, je sais, c'est un rôle, mais vu le ton du film, on arrive à se demander si ces gens croient vraiment en leur discours ou si il s'agit juste d'une opération de comm'). Sean Penn joue bien également, mais sa direction est tellement caricaturale qu'elle l'empêche de vraiment briller comme les deux autres (cette fois au moins on à évité l'imitation de trump, c'est déjà ça de gagné). Et puis il y a Teyana Taylor, qui a globalement deux emotions dans le film, énervée et moins énervée, et Benicio Del Toro, qui a l'air de complètement s'en foutre. La musique est, a mon sens, souvent hors de propos, bruyante et parfois cacophonique. Enfin je dois reconnaître quelques jolis plans par moment, même si encore une fois j'aurais préféré ppuvoir juger de la réalisation dans son ensemble plutôt que de remarquer quelques jolies images de temps en temps.
Une bataille après l'autre est donc, pour moi, un film qui pousse beaucoup trop son message (ou plutot son opinion) au détriment de l'œuvre. Personellement, je ne serais pas surpris que ce film soit l'un de ceux qui ai pâti de la grève des scénaristes d'il y a 2 ou 3 ans, même si je ne m'y connais pas assez pour savoir s'il s'agit dun délai raisonnable entre l'écriture et la sortie d'un film. Mais bon, si vous êtes plus indulgents ou plus en accord avec les thèmes du film que moi, peut-être y verrez vous quelque chose que je n'ai pas vu. A vous de voir.