Certes, mais encore ?

En 2 mots, j'adore PTA depuis des années, j'ai halluciné devant There will be blood et Magnolia, j'ai beaucoup aimé Boogie night. J'ai aussi beaucoup aimé les autres, même The Phantom Thread qui est très différent dans l'ambiance.

Bref. J'avais une envie folle d'aimer ce film, et j'en suis sorti... mesuré.

D'une part, les personnages. Je ne comprends pas ce que font les personnages. Les révolutionnaires qui montrent leur poire au public lors des actions du début : mais quoi, vous voulez vous faire arrêter ? Le type de la radio : pourquoi pas arrêté avant, s'il est dangereux ? le chasseur de prime amérindien : pourquoi ce pétage de plomb, là, maintenant ? il n'avait jamais entendu parler de racisme avant ? Et bon sang, Charlene : tu montes dans la voiture d'une pure inconnue qui te prouve que ton père a raison d'être paranoïaque et TU NE BALANCES PAS TON TEL ? Mais sans déconner ? Tu es tombée de la Lune ? (sans compter la scène de fin du film où, ayé, alors même qu'ils ne savent pas que leur ennemi est mort, c'est la foire à la saucisse : tout le monde sur Insta ou je sais pas quoi d'autre ! Mias ils sont suicidaires ?). Ta mère passe dans ton esprit de "pure héroïne" à "sale balance" sans transition ? Il suffit que la même inconnue le dise et hop ? Mais tu n'as pas de personnalité ma grande ?

D'autre part, je ne comprends pas leur univers : l'extrême-droite est l'Etat profond (jusque là pas de problème) mais les gens en face ont des masses d'armement et d'explosifs, des réseaux qui étendent leurs ramifications partout avec des passages secrets invraisemblables !

Et enfin, ce qui me dérange le plus, c'est sans doute que je trouve que le personnage le plus humain (avec des failles, des contradictions, des espoirs incohérents), partant le plus attachant... c'est le méchant. Et au contraire, la mère de Charlene est le personnage le plus con du monde (et si elle ne voulait pas de sa fille, hop, un coup d'avortement : rien ne l'en empêchait ; et si non, pourquoi cette lettre à la fin ?).

A côté de cela, j'ai aussi bien ri devant la bêtise de ce monde, ce qui sauve le filme (je trouve). Les acteurs sont bons (mais ce n'est pas une surprise). Bref, ça m'a fait le même effet que pour Mickey 17 : j'ai l'impression qu'en dépit du génie du réal et du casting (moins net pour Mickey 17 dont je suis sorti désolé), et de tout, on a voulu tordre le film pour le rendre manichéen (avec une fin positive incompréhensible et des revendications connes à la "pourquoi j'aurais pas un téléphone moi aussi").

Alors que justement, je pense que ce film n'était pas manichéen, il y a des débiles et des obsédés (et des méchants ou des gens troubles dans les camps : le trans trahit Charlene ; Talleyrand est crasseux / chez les fachos, on a besoin de la main d'oeuvre immigrée car on l'exploite... et du coup on la protège contre la police).