La vague rétro-nostalgique ne désemplit pas depuis 10 ans et si les vinyles étaient devenu pendant un temps la nouvelle lubie des collectionneurs, la cassette fait désormais son grand retour sur le marché de l’occasion. Une mode qu’avait déjà anticipé le collectif de réalisateurs derrière ce V/H/S qui mariait le concept du film à sketches à celui du Found Footage afin de rendre hommage à tout un pan de la culture des vidéos club qui faisaient leur beurre grâce au cinéma d’horreur bon marché. Plus le contenue était gore et racoleur, plus il avait de succès. Des Mondo de Jacopetti et Prosperi aux shockumentary déviant type Face à la mort destinés à choquer les gens, jusqu’au splatter underground, tous ces films trouvèrent leur public en dehors des traditionnels réseaux d’exploitation. Le marché de la vidéo était alors devenu le nouvel eldorado comme le sera des années plus tard le Found Footage qui doit en partie sa popularité à son immersion suscité par ses prises de vues à la première personne, l’esthétique cracra et la détérioration de ses images renforçant la dimension amateur de l’oeuvre et donc son réalisme aux yeux des spectateurs comme pouvait l’être les bandes magnétiques dont on ne pouvait jamais vraiment discerner les détails et effets spéciaux. Le format 4/3, les glitchs, saccades et saute d’image, la faible définition du support ont quelque part participé à façonner cette légende urbaine du snuff movie, soit des films clandestins mettant en scène des tortures, sévices, et meurtres de personnes bien que la réalité finira par dépasser la fiction avec l’avènement d’internet. Tel est donc la thématique de cette anthologie dont le fil conducteur faiblard signé Adam Wingard permet de mettre en évidence ce commerce interlope avec une bande de voleurs cherchant à mettre la main sur des cassettes dont ils doivent visionner le contenue afin de pouvoir identifier celle de leur commanditaire.


Ces différents segments ont tous pour point commun de se solder par la mort violence de leurs principaux protagonistes en variant les plaisirs et surtout les points de vue. Evidemment, comme tout projet réunissant plusieurs personnes, celui-ci n’échappe pas au déséquilibre ascensionnel de ses histoires et qui auront malheureusement le don de tirer l’ensemble vers le bas plutôt que l’inverse si bien que l’on reste globalement sur sa faim. David Bruckner avait pourtant bien commencé avec cette soirée entre potes qui va mal tourner. L’un des hommes du groupe aura pris le soin de porter des lunettes avec une caméra intégré pour filmer leurs ébats sexuels avec des dévotchka récupérés en boîte de nuit. L’une d’entre elles va néanmoins révéler son vrai visage, ce qui va occasionner un retournement de situation que l’on avait pas forcément envisagé, à peine avait-on pu se laisser interloquer par le caractère étrange et lunatique de cette fille visiblement épris du mec le plus introverti de la bande. Ti West est le prochain à entrer en scène, il est surement le cinéaste le plus prometteur de cette réunion et aussi celui qui s’avèrera le plus en phase avec la thématique abordé puisque son film est sans aucun conteste le plus creepy et crédible du lot avec son couple de mariés qui se trouve être la cible d’une personne mal intentionné durant leur lune de miel.


Après quoi, l’intérêt commence à retomber avec Tuesday the 17th de Glenn McQuaid, presque un clin d’œil appuyé à Predator avec ce tueur à la silhouette saccadé qui le rend invisible pour ses victimes. Joe Swanberg livre quant à lui une bien piètre histoire de fantômes dont le peu d’originalité tient à son support qui anticipe de deux ans le screen movie Unfriended puisque l’intrigue se suit par l’intermédiaire d’un écran d’ordinateur. L’idée n’est pas nouvelle en soit puisque The Den et Megan is Missing avait déjà abordé ce dispositif de mise en scène dont la conception trahit un peu le concept des VHS. Enfin, 10/31/98 relève péniblement le niveau avec ce déferlement horrifique au tout numérique grotesque, même si l’environnement de cette maison hanté et de son casting composé du groupe Radio Silence aura quand même le mérite de divertir et de proposer une chute qui aura le mérite de renouer avec l’ironie macabre des traditionnels EC Comics (Les contes de la Crypte). Si la diégèse est assumé jusqu’au bout, V/H/S ne devrait néanmoins pas réconcilier les détracteurs avec le Found Footage qui n’y verrons qu’une démarche hybride totalement opportuniste. Le film condense ainsi toutes les tares d’un genre qui peine à se renouveler mais qui possède toujours cette capacité immersive unique capable de marquer durablement les esprits lorsque le récit se voit frapper d’un éclair de terreur, même si cela requière une certaine forme de retenue et de crédibilité de la part de ses auteurs qui peine trop souvent à trouver le juste équilibre.

Le-Roy-du-Bis
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le 15 avr. 2024

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Le Roy du Bis

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