On savait que les vampires aimaient les châteaux transylvaniens, les cryptes poussiéreuses et les balades romantiques à la pleine lune. Mais grâce au doublage français de Vampires en toute intimité, on découvre qu’ils aiment aussi… Limoges. Oui, oui, Limoges : la ville de la porcelaine, des lignes TER en grève et des kebabs ouverts jusqu’à 3h du matin. Un choix de localisation qui donne au film un charme provincial irrésistible. Parce qu’avouons-le : voir des vampires galérer pour entrer au Macumba local, ça a une autre saveur que Wellington.
Le doublage VF, c’est d’ailleurs une perle. Au lieu de simples accents néo-zélandais, on a droit à des voix qui semblent sorties d’un apéro à la Foire du Trône. Viago parle comme ton oncle maniéré qui insiste pour servir le vin, Vladislav a l’air de sortir d’un cours de théâtre raté, et Deacon ressemble à ce pote relou qui finit toutes ses phrases par “tavu”. Résultat : on a l’impression de regarder une version longue de Kaamelott mais avec plus de morsures dans le cou.
Mais le vrai génie de la VF, c’est l’ajout de personnages secondaires totalement improbables. Gilles, le comptable, par exemple ,et puis il y a Christine, l’esclave. Pauvre Christine… Elle pensait devenir vampire en rendant service à ses maîtres, mais elle finit surtout par passer l’aspirateur, nettoyer la cave pleine de cadavres et gérer la liste d’attente des futures victimes. L’esclavage moderne, avec moins de SMIC et plus de crucifix.
Et comment ne pas parler du meilleur spin-off involontaire du film : le gang des loups-garous. Ces types poilus qui essaient désespérément de garder leur calme (“On n’est pas des grosses merdes, on est des loups-garous !”) et finissent toujours par déchirer leurs pantalons. On dirait une version animale des réunions de groupe de parole des Alcooliques Anonymes, mais avec de la fourrure et des hurlements à la lune. Franchement, si les vampires sont pathétiques, les loups-garous ne valent pas mieux. Leur rivalité ressemble plus à une bagarre de supporters de district qu’à un affrontement mythologique.
Bref, Vampires en toute intimité en VF, c’est un bijou de décalage : un documentaire animalier sur la cohabitation des morts-vivants, transposé à Limoges, avec un comptable condamné à l’éternité, une esclave plus mal payée que chez Amazon, et des loups-garous en jogging Décathlon.
Moralité ? L’immortalité, ce n’est pas des capes et du glamour. C’est surtout : la vaisselle sale, les déclarations d’impôts et les soirées ratées au centre-ville.