C’est une des manières de raconter l'histoire tumultueuse du Kansas et du Missouri, histoire souvent évoquée dans plusieurs petits ou grands westerns (dont le plus récent est Ride with The Devil, Chevauchée avec le Diable, de Ang Lee, 1999). La plupart sont décevantes car le rapport des histoires individuelles et de l’Histoire y est toujours discordant et simpliste.
Avant, pendant et après la guerre civile, l'Histoire de cet état est particulière à cause de milices paramilitaires très violentes, pro ou anti abolitionnistes, jayhawkers (pro) ou bushwhakers (anti). Dans d'autres westerns nombreux des années 50, le nom de Quantrill revient tres souvent (c'est un bubshwhaker, leader de bande, ex-militaire dévoyé et proche du Sud).
Ici, c’est au contraire une autre milice conquérante recherchée par l’Union, celle de Luke Darcy (joué par Jeff Chandler), un personnage fictif lointainement inspiré de John Brown, le célèbre abolitionniste.
Ce film a plus de moyens qu’une série B : un beau technicolor de Richard Mueller, sur grand ecran ; la trame du scénario a plusieurs registres (conflits de loyauté, engagement politique, jalousie, vengeance ou trahison, leadership et folie du pouvoir, amour, amitié et honneur, humiliation et remords, etc.). Mais les articulations entre eux sont grossières, parfois bien en deçà de bonnes Serie B (comme celles de Boetticher). Avec ce genre de films, on doit faire l’effort de passer là-dessus pour apprécier les rebondissements et les peripeties plus ou moins convenues dont on attend, comme pour tout western, un traitement qui à la fois respecte le genre tout en apportant sa touche d'originalité.
Ce qui est le moins schématique ici : le héros (Fess Parker) se dissimule pour trahir le leader politique Luke Darcy qui a un grand charisme. Il représente pourtant ses idees de jeunesse mais il avait séduit (et abandonné) sa femme pendant qu’il était en prison. Il est donc d’abord mû par la vengeance, mais aussi, de maniere plus triviale, par la perspective d'obtenir sa propre grâce du gouverneur de l’Etat.
Pourtant une fois infiltré, il est derechef subjugué par cet homme qui devient son ami et mentor. Il le trahira quand même à la fin au profit de l’armée des yankees qui l’emploie, mais il lui offre en toute derniere minute un duel à mort avec lui au lieu de l’infamie d'une pendaison.
Le gunfight final : un face à face dans un bar qui semble d’abord trop classique, mais Luke Darcy plus rapide tire délibérément à coté (donc c’est un suicide déguisé), et cela après un combat aux poings, et après avoir tué son propre homme de main (Henry Silva) vu dans une glace s'apprêtant à dégainer contre son adversaire et ami qu’il aimait comme un frere (et qui donc le tue avec, soi-disant, les honneurs).
Notule de 2018 publiée en avril 2025