Dans ma cinéphilie, Bertrand Tavernier fait partie de ces passeurs que je trouve incontournables, capable de parler avec passion du cinéma américain, en particulier le Western, que des grand classiques du cinéma français avec une passion communicative.
Il était dommage qu'après les documentaires de Martin Scorsese consacrés au cinéma américain, puis italien, nous n'ayons pas droit au pendant français. Et quoi de mieux que Mr Tavernier pour nous transmettre sa passion.


Bien entendu, il ne s'agit pas d'un guide d'achat, d'un classement définitif du cinéma français, mais la vision hautement subjective d'un jeune cinéphile des années 1950, qui allait à la salle obscure comme on va à l'église, voyant des films de manière compulsive, et qui parle de ceux dont il fut marqué.
Cela concerne le cinéma des années 1930 jusqu'en 1971, avec Max et les ferrailleurs, peu avant que Tavernier ne se lance lui-même dans la mise en scène avec L'horloger de Saint-Paul.


La durée de 3h15 ne doit pas faire peur ; elle est au contraire une invitation à la découverte du cinéma d'antan, qui est toujours d'une grande force, et près de 100 films nous sont présentés, souvent par thématiques, que ce soit les réalisateurs, les scénaristes, les acteurs ou les compositeurs.
La liste serait évidemment bien trop longue, mais on a droit aux films de Carné, Renoir, Grémillon, Sautet, Godard, Varda, Becker, Melville, Bresson, Truffaut ... et d'autres plus surprenants comme Jean Sacha. Quant aux acteurs, c'est Jean Gabin qui se taille la part du lion, avec force archives et un magnifique hommage de Bertrand Tavernier à son talent sous-estimé, du fait de la dernière partie de sa carrière, comme on le verra à travers un plan sublime dans Le chat.


C'est simple, je n'ai pas vu le temps passer durant ces 3h15 car en plus des extraits de films, nous avons droit à de très nombreuses archives sur le cinéma français de cette période, où Tavernier en fut le spectateur privilégié, et ce dernier apparait aussi à l'écran pour nous relater de nombreuses anecdotes, dont certaines sont très drôles et inconcevables aujourd'hui. J'ai retenu celle où un spectateur, durant la projection d'un film américain, s'était ouvert une boite de petit pois, allumait un réchaud, et mangeait !
Quand aux films proprement dits, c'est un extrait d'une crise de colère de Jean-Paul Belmondo contre Melville durant L'ainé des Ferchaux qui m'a sidéré, car j'avais toujours entendu que ce moment avait été enregistré, mais considéré comme perdu.


Ce film a tout de même un défaut ; celui de vouloir acheter des tas de films après sa projection, ce qui m'est arrivé. Il y en a quelques-uns que je ne connaissais que de nom, ou pas du tout, comme Le jour se lève ou Remous, et les extraits m'ont donné envie de les découvrir.
Comme je le disais, la sélection de Tavernier est personnelle, ce qui explique l'absence de plusieurs réalisateurs reconnus, comme Guitry, Ophuls ou encore Pagnol, mais il va y avoir une sorte de suite à la télévision en 2018. Ce dont je me lèche les babines d'avance...


A travers ces films, ces anecdotes, ces rencontres, c'est Tavernier qui se raconte, son enfance, ses parents, ses débuts en tant que critique puis attaché de presse, et qui a pleinement vécu son rêve en travaillant dans le cinéma. Et c'est son voyage pour y parvenir qui nous est conté, et c'est tout simplement magnifique, peut-être la plus belle raison de dire que le cinéma français est un des plus beaux du monde.

Boubakar
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le 28 mars 2017

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