Un film sur mesure

YSL : trois lettres qui ornent l’une des plus grandes maisons de la haute couture française. Pourtant, derrière cette devanture se cache un homme maladif et complexe, que Lespert essaie de nous faire voir sous ses différentes coutures. La mise en scène est à l’image du créateur : soignée, élégante, mais parfois timide, comme cet homme qui n’avait comme seul échappatoire que ses dessins. On ne saurait cependant ramener Yves Saint Laurent à la vie d’un seul homme, car c’est bien un duo qui à l’œuvre tout au long du film, à travers l’histoire d’amour passionnelle qui lie le couturier à Pierre Bergé. L’autre Pierre (Niney) et Guillaume Galienne livrent ici une performance sans fausse note. Il convient de souligner la métamorphose du premier, qui ressuscite Saint Laurent jusqu’à sa diction même. Autant dire que Gaspard Ulliel sera d’autant plus attendu pour son rôle dans l’autre biopic de l’artiste, signé cette fois-ci par Bertrand Bonello (date de sortie : octobre 2014).
Si Lespert soigne ses personnages, il soigne aussi son équipe. Pour réaliser la bande originale, le réalisateur a fait appel à Ibrahim Maalouf, le trompettiste de jazz franco-libanais à qui tout réussit. La musique s’accorde ainsi parfaitement à l’intrigue, l’habille sans l’agresser. La seule chose que l’on pourrait reprocher au film est de nous laisser sur notre faim ; malgré une fin, elle, magistrale.