Absolum
7.9
Absolum

Jeu de Guard Crush Games, Supamonks Studio et DotEmu (2025PlayStation 5)

Le Beat Them Up a connu ses heures de gloire, et malgré de solides propositions modernes lorgnant sur la nostalgie de licences old-school (Tortues Ninja, Streets of Rage, etc.), le genre peine aujourd’hui à retrouver une place de choix. Son image reste collée à celle du rétro, rigide, diablement répétitif et même… désuet. Absolum est une symbiose qui redonne du souffle à un genre injustement classé dans la catégorie poussiéreuse de l’arcade.


Visuellement, le parti pris pourra ravir les fans d’animation, de BD ou de comics, et en rebuter d’autres. Ce qui est certain, en revanche, c’est que le jeu fourmille de détails, que ce soit dans les différentes échelles de plans ou dans son atmosphère de fantaisie occidentale typique. Les animations sont ultra léchées et conservent ce style old-school du frame-by-frame propre aux jeux d’arcade. Visuellement, Absolum fait mouche, évitant le piège du pixel art rétro générique.


Côté gameplay, rien de révolutionnaire sur la couche beat them up. Les impacts sont satisfaisants, avec un game feel qui donne envie d’enchaîner les coups grâce au Hit & Stop. Malheureusement, on retrouve aussi un défaut inhérent au genre, quand les ennemis superposent leurs frames l’action perd en lisibilité et les affrontements deviennent confus lorsqu’ils sont trop nombreux. La maniabilité sur l’axe vertical s’avère parfois lourdingue, à cause du stick analogique, moins précis que la croix directionnelle. Certes, cette dernière reste utilisable, mais en 2025, c’est une habitude un peu pénible à reprendre.

Là où Absolum se démarque, c’est dans ce qu’il emprunte au genre du Rogue Lite :

- Palette de couleurs saturées avec un code couleur marqué.

- Système de build mêlant préparation, aléatoire et marchand.

- Accès à l’historique des compositions de builds.

- Changement de mouvements (ou d’armes) matérialisé par le changement de personnage.

- Présence d’une méta-progression dans l’arbre de talents, les compétences et les dialogues facilitant la progression.

- La mort n’est pas une punition, bien au contraire.

- Mise en avant d’interactions pour le lore.

- Mannequin défouloir avant chaque partie.

Hadès, vous dites ? Absolum emprunte les bonnes mécaniques du Rogue Lite, apportant la modernité dont ce type de jeu avait bien besoin. Cela se constate par davantage de profondeur de gameplay et surtout une rejouabilité qui faisait cruellement défaut au genre. Ajoutez à cela des embranchements permettant d’éviter (un peu) la redondance des environnements (reproche souvent fait au premier Hadès) et on obtient une formule qui renouvelle véritablement l’expérience du joueur.

Concernant les builds, on ne parle pas d’une abondance de synergies divines, mais le système reste bien pensé, avec des features liées au mouvement et à la palette de coups du Beat Them Up. Par exemple, tu peux obtenir un effet au début d’un saut ou à sa réception, lors d’un dash, d’une parade, d’un lancer d’arme, d’une attaque spéciale, etc.

Les premières runs sont redondantes, mais peu à peu, les outils se débloquent, les arbres de compétences se remplissent, les personnages nous rejoignent, et les sensations finissent par s’installer après 4 à 5 heures de jeu. Et c’est peut-être là sa faiblesse , le genre du Beat Them Up reste très répétitif et immédiat, ce qui peut générer de la frustration, car on en profite pleinement seulement après plusieurs heures. Détail peut-être, mais ce démarrage en douceur, combiné à la gestion du repaire, risque de frustrer les puristes, qui passeront à côté du véritable potentiel du jeu.

Ah oui, il y a l’histoire aussi…Mais en fait, on s’en fout ! Plus sérieusement, la narration n’est pas engageante. L’écriture reste extrêmement sage, ni comique, ni dramatique, juste conventionnelle. Est-ce un défaut pour un Beat Them Up ? Plutôt que d’y répondre, je vous pose une autre question, verriez-vous Hadès sans sa narration ? Alors que son genre ne prétendait pas non plus à une écriture divine, c’est pourtant l’un de ses aspects les plus marquants. Donc oui, dans l’absolu de l’Absolum la narration méritait plus de personnalité.


Absolum propose donc une approche héritée de la modernité du Rogue Lite et s’intègre parfaitement au genre du Beat Them Up. Néanmoins, on n’est pas encore au niveau d’un Hadès, que ce soit en termes de fluidité du gameplay, de musique (plutôt oubliable) ou de narration (peu engageante). Sans atteindre le stade du “divin”, Absolum ne s’écoute pas, ne se lit pas, il se joue ! Une chose est certaine, le mélange des deux genres s’articule extrêmement bien, et désormais, les futurs Beat Them Up paraîtront bien fades sans cette surcouche qui renouvelle un genre qui en avait bien besoin.


Roi-Pierrot
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le 2 nov. 2025

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