Disponible sur PC et consoles, Brothers : A Tale of Two Sons démarre en deux temps sur Steam : tout d’abord le launcher proposant de choisir la langue, configurer ses touches ainsi que les options graphiques du jeu, assez restreintes pour le coup. Vous ne pouvez modifier que l’anti-aliasing, la synchronisation verticale et la résolution de votre moniteur. Une fois cette opération terminée, le jeu démarre et offre un menu relativement pauvre : les options graphiques sont limitées à la luminosité et il est impossible de modifier autre chose sur cette interface.

Quoiqu’il en soit, un jeune blond à la tenue rouge, agenouillé devant une pierre tombale surplombant une falaise, figure sur le menu de départ. Il s’agit du cadet, l’un de vos deux protagonistes du jeu. S’ensuit une courte cinématique relatant la personne décédée à l’écran : la mère du cadet. Par la suite, on découvre l’ainé, vêtu de bleu, en peine pour transporter son paternel souffrant, allongé dans une brouette. La première interaction entre les deux frères dresse un constat immédiatement : la manipulation de Brothers… s’effectue intuitivement à la manette. En effet, le côté gauche (gâchette, stick analogique, bouton latéral) déplace l’aîné en bleu tandis que le côté droit fait mouvoir le cadet rouge. Afin de progresser avec la brouette, il faut maintenir les deux gâchettes et sticks analogiques.

Brothers… instaure rapidement un didacticiel amusant mettant en scène les deux frères sans forcer le joueur à vivre un tutoriel en aparté du monde qui l’entoure. Ici, c’est le village natal qui figure comme un camp d’entraînement. La petite fratrie apprend à se faire confiance l’un l’autre : faire la courte échelle pour faire glisser une corde, escalader des falaises sans se perdre de vue, attirer l’attention d’un animal pour permettre à l’autre frère de se déplacer sans risque… Nombreuses sont les interactions possibles, notamment avec l’entourage : tandis que l’aîné se mettra à la tâche pour sauver son père et solliciter l’aide des villageois, le cadet s’amusera à les chatouiller, leur donner une claque aux fesses ou à montrer ses talents d’artiste.

La progression s’effectue intuitivement : en quittant peu à peu le cocon familial, les enfants vont rencontrer des créatures fantastiques telles que les trolls et les géants, ou encore la faune sauvage comme des loups sauvages et des boucs guillerets. Au fur et à mesure de leur aventure, les premières interactions retenues lors de l’exploration du village vont revenir spontanément. Bien entendu, le contrôle des deux personnages sur une seule manette a été prévu pour déstabiliser le joueur : lors de certaines séances d’escalade, il faudra alterner la position des frères pour avancer, ce qui peut être déroutant en maintenant les gâchettes L et R. Cependant, les vies sont infinies, modérant ainsi la difficulté.

Cette aventure s’affiche comme un livre de contes illustrés. Le HUD absent, le joueur doit s’appliquer à reproduire les leçons apprises auparavant. Du village teinté de couleurs chaudes, les deux héros vont se retrouver dans un univers tantôt glacial et menaçant (les glaciers, la forêt parcourue de nuit), tantôt revigorant (le bastion en ruines). L’esthétique ne lasse pas et évite les mélanges hasardeux, on progresse vers des zones intrigantes, joliment représentées, où les deux jeunes découvrent le monde qui les entoure : travail, science, poésie, histoire, faune et flore.

Les enchaînements se mettent en place sans bousculer l’immersion. Bien que le level design figure comme une série de couloirs, certains détours permettent de réfléchir paisiblement. De nombreux bancs en pierre permettent à l’aîné et au cadet de contempler ce qui les attend par la suite. Une bouffée d’air frais bienvenue dans une époque où le rythme est incessant.

D’ailleurs, la bande-son marque également une application remarquable sur la dimension fantastique du jeu. Sans être oppressante, la musique, d’abord larmoyante, donne corps à l’atmosphère jusqu’au final saisissant. Elle illustre avec acuité l’orchestre qui souligne les faits marquants du conteur mettant en scène l’histoire de Brothers…

Qu’en est-il de ce scénario même ? L’aîné et le cadet sont à la recherche d’une cure pour la maladie de leur père, meurtri par la mort de sa femme. Pour cela, il leur faut atteindre un arbre légendaire, vieux de plusieurs milliers d’années, au-delà des montagnes dominant le village. Après avoir quitté les ruelles, nos deux protagonistes rencontrent un troll en plein désarroi car sa tendre moitié a été capturée par les ouvriers de la mine avoisinante. En allant la secourir, l’aîné et le cadet pourront rejoindre la route vers les sommets neigeux. Bravant la peur grâce à leur coopération, ils découvrent ensuite les restes d’un conflit sanglant entre géants, leurs cadavres obstruant de nombreux passages (ou en créant de nouveaux). Le vertige des profondeurs des mines paraît soudain plus accueillant. Et ce n’est pourtant pas le pire qui les attend.

Si l’histoire n’est pas dévoilée ici entièrement, c’est pour une simple raison : la durée de vie de Brothers… est courte. Malgré tout, l’aventure ne dépassera pas les deux-trois heures et ce n’est pas réellement un souci dans ce cas présenté. Brothers : A Tale of Two Sons est bâti pour y jouer sur une petite durée. Tout comme les contes et les nouvelles fantastiques qui ne prennent pas en longueur pour aller droit au but, le principe de ce jeu n’est pas de s’éterniser à parachever les niveaux par volonté du challenge. Il existe ici une dimension narrative intéressante qui tient tout à fait le temps escompté. Au-delà, ce serait beaucoup trop bavard.

Dans le cas où vous vous sentirez d’y rejouer, tentez l’expérience à deux : chacun contrôle une partie de la manette et voyez comment vous parviendrez ensemble à finir (une fois de plus pour vous-même) le jeu, sans briser vos poignets ni l’équipement, bien entendu.
Slade
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le 23 sept. 2014

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