Peut-être l'une des suites les moins nécessaires qu'il m'ait été donné de jouer.
On va attaquer directement sur la question de la réalisation et parler de ce qui est indéniable : c'est l'un des jeux les plus impressionnants de la génération. Visuellement tout est somptueux, aussi bien la motion capture (faite en parti avec l'aide de Nintendo pour l'anecdote cocasse) qui fait des merveilles ici et donne une dimension réaliste hors du commun aux personnages, que la lumière, la photographie et tout ce qui participe à la dimension "cinématographique" de l’œuvre. L'ensemble fait donc honneur à l'homme dont le corps est "fait à 70% de films" : ça tombe bien, on sent que le meilleur des deux mondes du jeux vidéo et du cinéma fusionnent ici pour livrer une performance technique globale qui mérite d'être saluée. Toujours dans le cadre large de la réalisation, la "gestion musicale" est de grande qualité, avec des OST et musiques qui viennent structurer le récit de manière habile, harmonieusement intégrées aux moments clés du récit.
Malheureusement, c'est la seule chose que je retiendrai de cette suite : pour le reste, c'est Death Stranding 1, en "moins bien". Pour clarifier ma pensée, un résumé de DS1 : c'était pour moi une grande surprise de 2019, un open world réellement exigeant qui justifie son existence par un choix de gamedesign très simple : faire des livraisons en milieu(x) hostile(s). Une caricature du fameux "quêtes fedex" totalement assumé et maitrisé, qu'il faut vivre pour comprendre (et éventuellement apprécier) : le 2 reprend cette logique de base, en la "simplifiant" et en ajoutant tout un tas de gadgets et d'outils, mais la sauce ne prend que moyennement : l'expérience reste plaisante et addictive, mais on sent bien la volonté d'avoir voulu un compromis et de plaire à un public plus large, ce qui n'est pas un soucis en soi, mais l'exécution vide un peu de sa substance la "magie" du premier; la majorité des nouveautés ne seront qu'accessoire, le pick up ou la "moto" suffiront pour faire 90% du jeu. On se retrouve donc à faire quasiment la même chose que dans le premier, en moins intéressant pour ma part.
Ce sentiment est renforcé par le scénario, peut-être le grand problème de cette suite : c'est vraiment le point qui n'a aucune raison d'être. Les enjeux, les personnages, tout ce qui justifie le retour de Sam aux affaires est beaucoup trop bancale/similaire au premier/maladroit/sans intérêt/sans âme/fade/parfois ridicule (on pourrait continuer la liste) pour donner un quelconque crédit au récit et avoir envie d'aller de l'avant. Ça n'apporte rien à l'univers global du jeu, en plus de raconter grossomodo la même chose, toujours en moins bien (à l'exception de Higgs, au niveau de la mise en scène, y'a des moments incroyables, pareil pour Tomorrow, mais c'est bien les rares exceptions qui viennent mettre en relief la médiocrité du reste)
J'ai horreur d'avoir à dire ça, c'est rare que ça m'arrive, et Insh Kojima que mon avis (ou plutôt mon ressenti, l'avis aura bien du mal à changer) va évoluer, mais en l'état, quelques jours déjà après l'avoir fini, j'ai vraiment l'impression d'avoir perdu 80h de mon temps.
Sans pour autant dénigrer le jeu, que j'invite chacun à découvrir; il reste une expérience unique et singulière au sein des AAA (et du medium tout court), tellement unique que je ne saurai pas dire si il conviendra à ceux qui ont aimé ou détesté le premier : ça sera une épreuve de roulette russe. Mais ici, le revolver a tiré sa balle et n'a malheureusement pas manqué sa cible : l'amour fragile mais sincère que j'avais pour cette nouvelle licence semble être parti en éclat.