Dragon Quest II
6.4
Dragon Quest II

Jeu de ChunSoft et Enix (1987NES)

Dragon Quest fut un tel succès auprès du public japonais qu’il paraissait évident qu’ Enix lui offrirait rapidement une suite. Akuryo no Kamigami, la séquelle tant attendue, apparaissait donc moins d'un an plus tard sur les étagères nippones. Comme chacun sait, on ne change pas une équipe qui gagne: le coeur du projet est confié à l'éternel trio Yuji Horii, Akira Toriyama et Koichi Sugiyama; tandis que la réalisation est aux mains du studio Chunsoft.


Vers un monde de nouveautés


Contrairement à nombre de séries, le projet est pensé comme une suite à part entière. Après avoir vaincu les forces du mal, le héros du premier volet prit la mer avec la princesse Gwaelin, donnant naissance à un nouveau royaume qu’ils divisèrent en trois régions, chacune confiée à l’un de leurs enfants. Mais cette période de paix longue d’un siècle fut brusquement interrompue par un sorcier du nom d’ Hargon, bien décidé à conquérir le monde. Ici débute votre quête, en compagnie des trois descendants directs de Roto, destinés à éradiquer la menace. Cette composante scénaristique sera d’ailleurs l’une des principales innovations de ce second volet. Vous dirigez désormais trois personnages au lieu d'un, disposant chacun d’un rôle précis (guerrier, mage et prêtre), et qui combattront également plusieurs monstres à la fois. Certes, il n'est pas encore possible de cibler un ennemi en particulier, les attaques visant uniquement le premier adversaire d'un groupe donné, mais les rencontres sont déjà plus palpitantes qu’autrefois. Elles seront de plus désormais affichées en plein écran (malheureusement sur fond noir), et vous permettront d’admirer des monstres originaux qui deviendront emblématiques de la saga.


La carte du monde est, quant à elle, tout simplement gigantesque et témoigne d’une liberté d’exploration impressionnante sur Famicom. Un bateau sera même au rendez-vous, histoire de faciliter vos déplacements. Quant aux donjons, ils prennent désormais la forme de hautes tours, desquelles il est possible de se laisser tomber pour atteindre des étages inférieurs ou s’en échapper illico. Une grande première qui deviendra l’un des classiques de la série. Tout ceci aurait largement pu faire la différence si le goût de la découverte avait été encouragé par des graphismes convenables. Malheureux, la réalisation est hideuse, y compris pour l'époque. Une tare qui restera longtemps l'un des principaux défauts de la série.


Les conséquences d’une sortie trop rapide


La brièveté de son développement aura également eu un impact non-négligeable sur la qualité du jeu, qui propose son lot de frustrations et une difficulté souvent invraisemblable. Dès ses premiers pas, le joueur à l’impression qu’il est au centre d’une machination dont l’objectif serait de le faire souffrir. On vous confie par exemple la tâche de vous rendre dans une grotte afin de retrouver un PNJ égaré, péripétie qui vous demandera un long moment de levelling et d’échecs. Vous subirez en permanence l’empoisonnement, la lenteur excessive et irritante due au framerate, le tout en parcourant un univers laid et aux couleurs criardes. Une fois votre destination atteinte, un personnage quelconque vous informe que le PNJ en question se trouve en réalité dans le village où la quête vous a été confiée. Un grand moment de pure haine en perspective. Autre supplice: retrouver le miroir de Ra, artefact indispensable à votre progression, au travers d’un labyrinthe à la complexité véritablement désespérante, pour un donjon qui compte parmi les pires qu’il est possible de rencontrer dans un RPG.


Mais le plus grand point noir du soft est évident de n'avoir pu anticiper le gigantesque potentiel de Final Fantasy, commercialisé un mois plus tôt. Dragon Quest 2 innove et propose d’excellentes idées, mais rien qui puisse rivaliser avec la production de Square, située à des années lumière de son concurrent.


Pour des tentatives de ce genre, Dragon Quest 2 est loin d’être mauvais et l'on peut allègrement sentir que le sentiment y est. Malheureusement, si le jeu est bon, beaucoup d'autres sur le même support son excellents, il est donc évident qu'il y a nettement mieux à se mettre sous la dent.

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le 13 juil. 2015

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