En ce qui me concerne, il n’y a pas de ‘walking simulator’...
Les gens ont-ils été rappelés auprès de Dieu ? Pas vraiment. Dans un petit patelin pittoresque d’une vallée britannique idyllique, vous semblez avoir été laissé pour compte…


Comme dans de nombreux jeux focalisés sur la narration, vous n’êtes pas là pour vivre l’Histoire, non, elle a déjà eu lieu. Vous n’avez qu’une chose à faire, évoluer dans le monde pour la comprendre, la reconstituer au mieux de ce que l’interaction permet. Everybody’s gone to the rapture (Egtr) est proche de Dear Esther avec les mêmes défauts rédhibitoires auprès d’un certain nombre de joueurs : marche permanente, pas de saut, pas de sprint, pas non plus de perception visuelle de votre corps… il y en a qui ne supporte pas et au fond, c’est bien compréhensible. Que reste-t-il à faire ? Comprendre, s’attarder, un jeu pour les contemplatifs.
Le jeu donne à voir des scènes de très grande qualité, une nouvelle occasion de redécouvrir le plaisir simple de graphismes d’une extrême cohérence, d’une grande justesse. Les changements de lumière, très fréquents mériteraient d’être étudiés (il est amusant de noter le changement technique radical du Source Engine quasi réinventé de Dear Esther et du CryEngine ici à l’œuvre).


Ici le joueur a pour responsabilité de pénétrer le scénario, à cette condition, certains éléments se mettent naturellement en évidence. Chinese Room redéfinit, expose la nuance entre un monde abandonné et un monde simplement figé sur un moment éternel.
Rapidement se dessine une chose remarquable : le phénomène responsable des évènements est inconnu, au mieux décrit comme « de la lumière liquide » qui se propagerait depuis un autre plan… Et simultanément on ressent la peur et l’angoisse face à l’inconnu (qui affecte la santé et bouleverse une communauté) et la grâce intrinsèque, la sensation de paix ambiante qu’il dégage. Un bel exploit des développeurs. Un peu comme J.J. Abrams peut le faire, le mystère s’épaissit mêlant une approche cartésienne peinant à décrire un phénomène fondamentalement fantastique. Les bribes d’informations vous parviendront au travers de manifestation de conversations passées entre les habitants peut avant leur évaporation, mais alors que tous ils sont déjà affecté et angoissé par les prémisses du « cataclysme ». L’on peut ressentir un peu de ces ondes radio émise depuis la terre et qui voyage dans le cosmos portant à l’infini de l’information qui résonne dans le vide. Le jeu est intégralement traduit en français (voix et sous-titres), en Anglais du moins, le voice acting est superbe, meilleure que beaucoup.


Si Egtr rassemble de nombreuses qualités tout à fait brillantes, les soucis classiques de cette niche du jeu vidéo demeurent. Sensation d’une expérience, d’une emprise très limitée, un sentiment de vide peut de temps à autre déranger celui qui y joue. Par ailleurs cette bourgade « ouverte » comporte un certain nombre de murs invisibles ou d’éléments de décor canalisant maladroitement la progression. Loin des couloirs de Dear Esther le manque de guide combiné à la lenteur du déplacement complique l’exploration…


Que je suis reconnaissant que ce titre, à la base une exclusivité ps4, se soit finalement ouvert aux PC. Je prends un grand plaisir à contempler, à y évoluer. C’est une expérience qui marque, qui possède une puissance certaine. Mais soyez averti, si vous choisissez de le prendre qu’il emporte celui qui joue loin de ses habitudes.

smithfield01
7
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le 15 avr. 2016

Critique lue 174 fois

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