Il fallait bien essayer...

Final Fantasy X a véritablement bouleversé la série et est devenu un jeu culte, mais peut-être pas pour les bonnes raisons. Je ne vais pas perdre de temps à vous le resituer dans son époque, premier épisode sur Playstation 2, grosses attentes chez les joueurs, tout ça tout ça. Il se voulait novateur et s'est permis de modifier beaucoup d'éléments de la série : le système de combat, l'évolution des personnages, la progression de l'aventure. Prendre des risques est une bonne initiative, on ne lui retirera pas cela.

J'aime beaucoup l'histoire dans certains Final Fantasy, ce n'est pas le cas ici. Un scénario faussement compliqué qui se perd dans ses explications sur l'origine de son univers. Le propos se veut mature, une critique de la religion, mais le ton ne l'est pas. En effet, le jeu s'adresse à un public relativement adulte mais lui parle pourtant comme à un enfant de 10 ans. Les actions de ce clown nommé Tidus sont clairement de trop. Si bien qu'une gène s'installe souvent pendant les cinématiques, renforcée par l'apparition des voix pour la première fois dans la série qui les rendent encore plus ridicules. Ce qui passait en muet et minimaliste sur Super Nintendo et Playstation 1 n'a plus sa place avec un parti pris réaliste sur Playstation 2. Heureusement Square l'a bien compris pour les épisodes suivants.

Les combats et l'évolution des personnages passent par de nouveaux systèmes. La disparition de la barre ATB permet plus de réflexion durant les affrontements, et le sphérier une liberté dans l'apprentissage des techniques et l'attribution des caractéristiques. Que l'on aime ou non c'est une question de goût, personnellement ça ne m'a pas gêné. La progression en revanche...

Le jeu est une succession de long couloirs (bien avant Final Fantasy XIII) infestés de combats aléatoires qui se déclenchent toutes les 6 secondes en moyenne. Une quantité énorme de boss, vraiment ardus et plus très plaisant vers la fin de l'aventure. Des temples, où il vous faudra résoudre des énigmes, viennent rythmer la progression du jeu mais échouent totalement. Il est question ici de déplacer des sphères dans les bons socles pour débloquer le chemin, seulement aucune intelligence ni logique n'est demandée, il s'agit seulement de tester toutes les possibilités jusqu'à ce que cela fonctionne. A cela viennent s'ajouter les quelques cinématiques de la honte décrites précédemment, et vous avez le schéma de Final Fantasy X jusqu'au générique de fin.

Aucune liberté d'exploration, accentuée par la caméra fixe, si ce n'est à la toute fin lorsque vous avez la possibilité de retourner dans toutes les zones déjà visitées qui se voient maintenant proposer quelques quêtes annexes parfois très/trop cachées, et dont l'intérêt n'est malheureusement pas toujours motivant. On retiendra particulièrement celle où il faut éviter la foudre 300 fois de suite. Reste que l'après-jeu a de quoi vous occuper encore de nombreuses dizaines d'heures, notamment grâce à la capture de monstres, et l'obtention des chimères et des armes ultimes, si vous êtes motivés. C'est sans doute là que vous trouverez le plus de plaisir à jouer, tant vous vous amuserez certainement plus que dans l'aventure principale.

Quant aux musiques on retiendra trois à quatre thèmes vraiment excellents, mais une bonne moitié de la bande originale tombera dans l'oubli le plus total, ou dans la sono d'un ascenseur friand de soupe et de remix ratés. Il en demeure toutefois une cohérence avec le mauvais goût général dans le choix des couleurs et du design des personnages, principaux ou non .

Succéder à Final Fantasy VI, Final Fantasy VII, Final Fantasy VIII et Final Fantasy IX n'est pas chose aisée, et Final Fantasy X nous le prouve. Pourtant il fallait bien essayer de changer la recette avant qu'elle ne s'essouffle, Final Fantasy XII endosse selon moi bien mieux ce rôle.
Vous m'excuserez cette formule toute faite mais finalement assez appropriée : Final Fantasy X n'est pas un mauvais RPG, c'est un mauvais Final Fantasy.