Silksong m’a laissé une impression paradoxale, à la fois fascinante et bien épuisante.
On sent tout de suite que le jeu veut dépasser Hollow Knight, qu’il cherche à s’imposer comme une nouvelle référence du Metroidvania 2D et il y arrive par endroits, mais au prix d’excès qui finissent par peser.
Lors du premier acte, j'ai cru qu'on était simplement face à un DLC du premier jeu, étiré sur tout un autre jeu, avec un personnage à la physique différentes. Heureusement, c'est plus compliqué que ça, bien que le titre ramène son lot de soucis, qui ont pu rendre ma traversé, bien moi agréable que le titre précédant.
En premier lieu on peut parler de cette ambition démesurée, la carte qui s’entortille sur elle-même, les zones qui se reconfigurent en acte 3 comme si le monde entier basculait dans un état parallèle et ces embranchements malins en acte 1 qui donnent une impression de choix réel.
Sur le premier jeu, beaucoup de journaliste commençait à faire la comparaison ridicule avec un Dark soul et pour le coup, aujourd'hui sur ce nouveau jeu, je le comprendrai beaucoup plus.
Hollow Knight était un voyage sinueux, Silksong ressemble plus à un labyrinthe voulu, pensé pour des joueurs qui n’ont pas peur de se perdre. Le backtracking sera alors bien au rendez-vous et pour le coup, je l'ai trouvé plutôt bien amené, avec cette map si "vivante".
Mais cette richesse a un prix.
Là où Hollow Knight avait su garder une progression intuitive, Silksong s’acharne à cacher ses secrets derrière des murs et plafonds improbables, ou à retarder des pouvoirs essentiels, comme si la souffrance d’errer faisait partie du contrat. C’est parfois grisant de trouver un passage inattendu, parfois juste absurde sans une soluce à portée de main.
Certaines zones frôlent le génie, comme Givreglace ou la Citadelle et son côté château de Dracula, mais d’autres traînent en longueur ou répètent des idées déjà vues et Bilzac reste probablement l’un des pires moments que j’ai vécus, une épreuve interminable qui donne l’impression que les développeurs ont confondu exigence et punition.
Côté gameplay, on retrouve ce qu'on été venu chercher sur un Hollow Knight, avec la surcouche rapide du nouveau personnage. Le soin à la soie, instantané et utilisable en plein air, change tout, il rend le combat plus nerveux et plus fluide que dans Hollow Knight.
Les moves de Hornet, plus acrobatiques, donnent une intensité rare au corps-à-corps et le harpon, à la fois outil offensif et de plateforme, est sans doute l’une des plus belles trouvailles de cette suite. J'ai retrouve du Duck Tales ainsi que le côté "escrime", si caractéristique des affrontements du premier opus, qui rendent ce jeu profondément unique et bien pensé.
Mordus de versus fighting, on a du footsies très nerveux, en plus coeur d'un métroidvania... Et juste pour cette raison, je pense que vous devriez vous essayer au titre!
Ajoutons à ça, ma surprise préféré, en la présence de la diversité des emblèmes qui transforment littéralement le style de jeu et on obtient une richesse que peu de Metroidvania atteignent!
Pourtant, tout n’est pas parfait... le mapping des touches sur manette est laborieux, certaines capacités emblématiques de Hollow Knight manquent ou arrivent trop tard et le théorycraft, malgré sa variété, paraît moins finement interconnecté qu’avant. On peut construire des archétypes puissants, poison ou électricité, mais la magie des synergies globales se perd un peu.
Parlons maintenant de l'éléphant la pièce... Le sujet qui fait le plus de débat et à raison... La difficulté. Car oui, pour le coup elle divise beaucoup.
Silksong ne se cache pas, il est pensé pour ceux qui ont retourné Hollow Knight. Elbrume, la Veuve, le Sentier des chasseurs… tout ça survient très tôt et dresse des murs abrupts que le joueur moyen risque de trouver décourageants. Personnellement j'ai bien plus galéré sur le premier jeu que sur celui-ci, mais j'ai trouvé la difficulté de Silksong, bien plus injuste qu'avec son prédécesseur.
J’ai aimé le défi, parfois, mais j’ai aussi ressenti une certaine gratuité dans ces pics. D’autant que les développeurs ont cédé à des nerfs annoncés, comme si leur ambition les effrayait eux-mêmes. Et quand les combats s’éternisent, que les runbacks deviennent longs et frustrants, j’ai eu plus d’une fois l’impression que le jeu me fatiguait davantage qu’il ne m’exaltait.
Puis gonfler artificiellement la difficulté, par la moitié de coups qui vont te faire perdre deux coeurs de vie... C'est injuste, injustifiable et assez misérable...
Bien entendu, il n'y a pas que du mauvais... Les boss méritent qu’on s’y attarde, surtout quand Silksong ose le duel pur, puisqu'il est tout bonnement splendide. Carmelita, la Veuve, Péché originel ou le Phantôme font partie de mes moments préférés, des combats qui condensent tout ce que le jeu a de meilleur. Mais trop souvent, la solution choisie est d’ajouter des vagues d’ennemis, des gantelets interminables qui sentent le remplissage et qui cassent le plaisir du duel.
C’est dommage, car Silksong avait largement de quoi s’imposer sans ces artifices. Les paternes, sans être révolutionnaires, arrivent à créer une tension d'affrontement très efficace et la variété de boss a su maintenir mon intérêt.
Sur le plan artistique, par contre, difficile de faire la fine bouche! C’est sublime. Certaines zones comme Clochelle ou la Citadelle restent gravées dans ma mémoire et la bande-son monte encore d’un cran par rapport à Hollow Knight, avec des chœurs qui transforment les boss en moments grandioses. On regrette juste l’absence d’un jukebox pour en profiter tranquillement, détail qui aurait eu toute sa place.
Là où le jeu me perd davantage, c’est dans sa manière de normaliser son monde. Hollow Knight respirait la solitude, le mystère. Silksong multiplie les quêtes annexes, les PNJ à aider, les FedEx interminables, comme si l’aventure devait se plier aux codes d’un RPG plus classique. Oui, certaines quêtes débouchent sur des surprises merveilleuses, un boss en version hard ou une fin secrète bouleversante, mais trop d’autres me sont apparues comme une corvée. Puis oui, c'est agréable de naviguer dans autre chose qu'un monde mort, comme dans le premier jeu... Bien qu'on n'en ressente pas trop de différence, à bien les comparer.
Et puis il y a ce paradoxe permanent...
Silksong regorge de contenu, de reconfigurations, de modes post-game, de trophées chronométrés et de quêtes à n’en plus finir.
On pourrait y passer des centaines d’heures et certains s’y plongeront avec bonheur. Mais à force de vouloir tout donner, le jeu devient presque épuisant. Il est pensé pour les joueurs qui n’ont ni limite de temps, ni peur de recommencer encore et encore. Pour un public plus casual, ou simplement pour quelqu’un qui n’a pas des dizaines d’heures à investir, il devient presque hostile.
Alors oui, Silksong est la suite d'un chef-d’œuvre, un monument de design qui repousse les limites du genre. Sans avoir à rougir il arrive à en être digne, comme il peut tomber dans des travers qu'on aurait préféré qu'il évite...
C’est aussi un jeu qui m’a souvent donné envie de souffler, d’arrêter, de me dire que moins aurait été mieux. Là où Hollow Knight avait trouvé l’équilibre entre l’exigence et l’ivresse, Silksong penche trop souvent du côté de la surenchère. C’est sans doute ce qui le rend à la fois grandiose et frustrant, une œuvre pour passionnés acharnés, moins pour ceux qui veulent seulement retrouver la magie brute du premier.
Je pourrais rejouer à Hollow Knight et je ne pense pas relancer Silksong un jour.
Ceci dit, Je n'ai pas passé un mauvais moment... Parfois oui, mais j'ai aussi peur que de passer après un tel moment, comme l'était son prédécesseur, une suite était une chose très risqué et je préfère soutenir un minimum l'effort. Car il y a eu quand même de très bonnes choses de proposé. Ce n'était pas le jeu que j'attendais et je n'en ressort pas entièrement conquis, mais c'est factuellement, un bon jeu.