Quand j'ai vu que MachineGames adapterait Indiana Jones en FPS, qui plus est, j'étais surpris et quand même assez hypé étant donné que j'aimais vraiment bien les reboot Wolfenstein.
Et vraiment j'avais raison de leur donner confiance. La preuve qu'on peut encore espérer quelque chose des triple A en 2024 ! Et qui ne soit pas un remake dispensable ou l'énième remaster. Je suis heureux.
Oui bon, autant le dire d'emblée, les films ont bercé mon enfance (même le conspué Royaume du crâne de cristal). Aparté, j'ai trouvé le Cadran de la destinée moins bien que le 4.
J'ai aussi passé pas mal de temps sur d'autres jeux issus de la licence comme Le Tombeau de l'Empereur, La Machine infernale et les deux jeux LEGO que j'ai saignés. Je suis donc un pur fanboy, mon avis est totalement biaisé, ça ne sert donc plus à rien de lire la suite... lol.
Bref, à la fois extrêmement fidèle aux Spielberg et tirant profit de l'expérience d'un studio qui a déjà fait ses preuves, ce Indiana Jones et le Cercle Ancien est surement le meilleur jeu dérivé depuis un bon bout de temps et également le meilleur jeu Indiana Jones.
On est dans la peau d'Indy au même niveau qu'on incarne Batman dans les Arkham. J'abuse même pas. Tout est très immersif et bien pensé. La vraie impression de se retrouver dans un des films.
Au départ j'avais peur avec ces changements de caméra lors des séquences de plateforme mais au final ça s'intègre très bien. Le choix du FPS était un pari risqué mais s'est avéré être une bonne idée. Connaissant le studio c'est juste logique pour eux donc je ne crois pas qu'ils l'aient fait exprès pour ne pas se taper la comparaison avec Tomb Raider et Uncharted.
Ils ont placé l'exploration au centre du jeu et je les remercie d'avoir pu enfin proposer un jeu à l’ampleur aboutie de son propos.
On a donc un semi monde ouvert découpé en destinations avec son lot de choses à faire. Une trame principale, des quêtes annexes et nombre d'artefacts disséminés un peu partout.
C'est bien pensé, les points d'expérience se gagnent en résolvant des quêtes/énigmes ou en trouvant des indices et l'argent s'obtient juste en fouillant un peu partout, ce qui stimule constamment l'envie d'explorer. En tout cas pour ma part, la routine ne s'est jamais vraiment installée, ce qui est bon signe.
Pour ce qui est des énigmes, je les trouve réussies. Peut-être qu'ils ont un peu abusé en mettant régulièrement le coffre et les indices pour l'ouvrir dans la même pièce mais sinon y en a qui sont bien foutues. Il y a certes un petit backseat mais il n'est pas envahissant et parfois reste immersif car après tout on est entouré d'aventuriers, c'est donc finalement assez logique que notre allié nous fasse remarquer un élément. (On est loin du débilisme infligé que Kratos pouvait se prendre).
Le système d'indices est comme il devrait être, en gros on peut prendre des photos et plus on en prend, plus on reçoit des indications, ce qui fait qu'on peut tout de même profiter de celles-ci.
C'est vrai qu'ils auraient pu mettre un peu plus de pièges à contourner et forcer le joueur à jauger chaque pas à faire (un peu comme dans le prologue).
Le gameplay est rudement efficace. C'est simple, j'ai rarement autant kiffé donner des coups de poing, fracasser des bouteilles ou flanquer sa plus belle tapette à mouche à la gueule des ennemis. Les sensations sont là, c'est purement jouissif. Un détail, lorsqu'ils sont KO, les ennemis titubent sur place avant de s'effondrer mais on peut encore les frapper histoire d'être sûr et les faire tomber net. Ça peut paraître con mais j'ai jamais vu ça dans un jeu du style. Ça procure une réelle jouissance "mange-toi ça fils de pute !". Violence pure.
Clic gauche pour un coup gauche et idem pour la droite. On peut pousser, saisir et fouetter (encore heureux) avec en prime un système de blocage/contre, bref franchement très complet et fun à prendre en main (lol). On peut également se servir de pleins d'outils disséminés un peu partout sur les niveaux pour assommer. Il y en a pour tous les goûts...
Les armes à feu sont aussi de la partie mais on en tire (hihi) moins de plaisir et là je dis chapeau (LE CHAPEAU). C'est une vraie volonté de proposer une approche plus centrée sur le corps-à-corps avec une belle touche cartoon humoristique et rien que ça, merci. Ça respecte l'esprit des films et c'est surtout moins dissonant qu'un Nathan Drake qui tue tout sur son passage vu qu'ici on peut facilement se faire fumer lors d'une fusillade. Bon après, une fois une belle panoplie de skills obtenus, ça défouraille à tout va. J'ai d'ailleurs des screens d'un petit couloir où on y voit une étendue de cadavres par terre, c'est rigolo.
L'infiltration est simpliste. On peut jeter les "cailloux" pour distraire les ennemis, réaliser des éliminations par derrière (encore une fois très agréables avec l'objet qui se casse en main). Il y a aussi quelques déguisements qu'on peut enfiler pour circuler plus aisément dans des zones interdites, avec des capitaines plus suspicieux qu'il faudra éviter.
C'est vrai que l'IA n'est pas dingue... Certains sont atteints d'une cataracte. Et puis parfois y en a qui peuvent te voir au pixel près derrière le mur. Donc à ce niveau-là c'est Far Cry tier. Pas une honte non plus.
Les niveaux offrent un "certain" nombre d'approches, un peu à la manière d'un Dishonored (toute proportion gardée). On scrute le moindre passage secret. Une brèche par-ci, un trou dans le grillage par-là... C'est pas du génie mais c'est bien exécuté et donc plaisant. Pour le coup, on ressent un peu des remontées de Wolfenstein 2 car celui-ci empruntait déjà quelques éléments aux Metroid.
Ce n'est pas gigantesque mais suffisamment dense.
Au passage, l'argument du "film interactif" est assez ridicule et montre que certains ont oublié qu'ils n'ont pas joué au jeu mais plutôt regardé un let's play.
Graphiquement c'est joli. Le meilleur étant les éclairages des visages lors des cinématiques, on se croirait comme sur un plateau de cinéma ; même dans d'autres triple A on ne fait pas ça (après c'est peut-être trop old school). Parfois les scènes sont cadrées trop serré avec un peu d'hors champs, ce qui perd en lisibilité et ruine certains effets comiques. Les environnements sont quant à eux superbes et procurent le sentiment de voyager. J'en ai vu qui boudaient les animations faciales mais perso j'ai trouvé ça correct. Un truc con mais ils ont géré avec les ombres, on voit régulièrement notre silhouette au chapeau, petit détail sympa.
Par contre, c'est très gourmand. J'ai beau avoir un PC assez costaud de 2022, le jeu me déconseille de passer en ultra, ni même en élevé. J'ai dû rester en moyen. J'ai lâché un soupir (première fois que ça m'arrive) et tant pis. En soi, ça ne m'a pas gêné plus que ça. J'ai pu profiter comme j'ai pu. Mais je ne sais pas d'où ils sortent ces requis de puissance...
Lucasfilm oblige, on a droit aux musiques cultissimes qui contribuent au charme intemporel de la saga. Pour autant, tous les nouveaux thèmes sonnent pareil que les films. Petit point pour revenir sur l'aspect cartoon que je disais en haut, les bruitages sont excellents et dans le ton. Par exemple quand un ennemi titube ou quand on pousse quelqu'un dans le ravin. Ils auraient pu déconner encore plus et mettre des cris de Wilhem à toutes les sauces mais ç'aurait été un peu de l'abus. Blague à part les bruits d'impact des coups (avec ou sans objet) et même les cris de souffrances, j'adore. C'est ça qu'on veut ! Sentir leur souffrance ! Euh... c'est qu'un jeu hein...
On remercie une VF de qualité malgré un Richard Darbois qui a du mal a cacher ses bougies. Je peux souligner le fait qu'Indiana parle souvent, ça renforce davantage l'immersion. Bon, j'ai eu quelques bugs où il répète en boucle une phrase... à un moment faut aussi fermer sa gueule.
Petit conseil avant de débuter c'est de mettre les sous-titres sur langues étrangères. J'ai loupé un peu des infos au début parce qu'en fait ils parlent beaucoup dans leurs langues, donc à moins d'être extrêmement à l'aise en allemand, italien, arabe et thaïlandais, il vaut mieux pas déconner.
Je parle finalement de l'histoire. Si je ne dis pas de bêtises, elle se situe juste après le premier. On a carrément le classique début de Les Aventuriers de l'arche perdue en guise de prélude/tuto. Ce qui annonce direct la couleur "On aime les films, voici un jeu". Je saurais pas vendre mieux le titre que ça.
Sans rentrer dans les détails, c'est très classique, même par rapport à l'évolution des décors et des destinations, mais au moins c'est complet. On ne reste pas sur notre faim. Je dirais que c'est même un sans faute jusqu'à la fin de l'arc sur Sukhothaï. Passé ce cap, il y a quelques faiblesses. Déjà ça s'expédie un peu vite et puis un personnage jusqu'à présent menaçant qui retourne sa veste pour nous aider à sauver notre copine dont il n'a normalement rien à foutre ? C'était prévisible mais trop cucul.
Notre copine d'aventure donc, Gina, est pour le coup attachante. Je trouve qu'elle a un background décent et elle a un charisme distinguable du héros. Ils ont parfaitement compris l'équilibre à maintenir et la vulnérabilité qu'a Indy envers les femmes, sans forcer. On est pas sur une nunuche clichée qui active bêtement tous les pièges en criant, ni un clone de Marion, Willie (j'avais oublié son nom sorry) ou Elsa.
Le méchant est lui aussi réussi. Pas grand chose à dire de plus si ce n'est qu'il ressemble au personnage de Toht, mais en plus impactant. Le subalterne est tout autant réussi, c'est un peu comme Dietrich.
Pour ce qui est du surnaturel, j'ai eu peur que ça déconne de trop comme dans le Cadran de la destinée mais pas de panique. Il y a quand même des séquences qu'on n'oserait presque pas faire dans un Uncharted (je parle des avions). Perso j'ai bien aimé le serpent, c'est presque un gag. Mais globalement, on est très proche du premier film. Au moins ils n'ont pas abusé de fan service, ni de caméos intempestifs, c'était bien amené. À moins de considérer l’œuvre entière comme du fan service.
Il y a des petites tentatives de déstabiliser le mythe du personnage d'Indiana Jones tout en gardant une retenue suffisante pour ne pas le déconstruire. Je pense par exemple à un passage sous trip, plus introspectif où on se retrouve dans ses angoisses. Ça l'humanise un peu plus.
Avant de conclure, j’me suis chauffé et j'ai fini le jeu à 100% en 30-40h en prenant mon temps, ce qui est honnête. Je recommande d'ailleurs de ne pas trop rusher la trame principale et plutôt se laisser aller et se perdre dans le décor, car revenir sur les quêtes après la fin a un peu moins de sens. Il y a une sorte de endgame donc on peut revenir poncer le reste des activités à faire.
J'ai bien aimé trouver tous les collectibles. Le plan était plus que bienvenu parce que, sans, j'en aurais chié. On a aussi une maigre fin alternative un peu décevante mais qui a le mérite d'être là, enfin je crois.
Petite update un an plus tard pour parler du DLC L'Ordre des Géants :
Je l'attendais forcément un peu vu le niveau du jeu, j'aurais kiffé prolonger encore l'expérience. Malheureusement, c'est un peu tiède. Globalement c'est sympa mais la durée est trop courte pour le prix. Et puis on va à Rome et c'est tout. Sérieux on est déjà allé au Vatican... on sent un peu la re{Pompée} d'assets non exploités dans le jeu de base hein... J'aurais kiffé deux destinations à la place d'"une" et qui font voir des nouvelles choses. Le seul truc qui sauve c'est les énigmes et puis le passage final qui est marrant.
Disons que c'est un petit plus, mais pour 20 putain de balles, on s'attend à avoir un quart du jeu en plus, pas un huitième.
Conclusion
Je sais pas si je suis juste tellement brossé dans le sens des poils que je passe outre certains défauts et un scénario convenu mais en toute sincérité je n'ai passé que des agréables moments sur ce titre. Et je reste persuadé que si on retire Indiana Jones de l’œuvre, on en garde un bon jeu d'aventure avec des mécaniques solides et généreuses qui sait scotcher pendant un moment. Un peu triste du bide qu'il se prend car il est fait avec le cœur (j'aime bien le jeu de mot).
Petite balle perdue, il m'a fait oublié la nullité qu'était Hogwarts Legacy : L'Héritage de Poudlard paru l'année passée en terme d'adaptation vidéoludique. Ça, c'était gratuit.