Alors que Persona 3 avait eu droit à un portage sur PSP avec pas mal de nouveautés et variations d’ordre technique, Persona 4 a eu droit à une nouvelle version encore plus différente de son modèle original cette fois-ci sur la console portable de Sony du moment : la Vita. Parmi les jeux les plus réputés de la machine, Persona 4 Golden se vend comme un portage aux ambitions de quasi remake avec pas mal de contenu inédit, aussi bien ludique que scénaristique, reste à savoir si ceux-ci sont aussi généreux et pertinents qu’on pouvait l’espérer pour ce JRPG culte de la Playstation 2.
Tout d’abord, il y a un petit rehaussement graphique, qui n’est pas énorme mais qui est réel et qui profite surtout du petit écran qui rend une image très nette et propre avec une fluidité irréprochable. Rien de sensationnel par cet ajout, de toute manière le titre était déjà bien abouti sur Playstation 2 et le fossé technique avec la Vita n’est pas non plus phénoménal, mais ça reste tout à fait appréciable. Quelques cinématiques inédites dans le même style que le jeu original ont été réalisées également avec beaucoup de soin, c’est toujours bon à prendre et assez emblématique des ajouts de cette version.
La logique est en effet la même pour l’OST qui comprend de nouveaux thèmes soignés et s’inscrivant dans la lignée de la composition musicale de base. Shadow World fait un nouveau thème d’introduction très réussi alors que Snowflakes offre un des thèmes les plus relaxants du jeu, en plus de toutes les autres réussites musicales de ce portage, le travail est une nouvelle fois très bien fait ici. Comme je le disais pour le jeu original, ce ne sont pas toujours les styles musicaux que je préfère qui sont adoptés mais ça n’enlève rien à leur qualité très satisfaisante.
Pour ce qui est des ajouts scénaristiques, les possibilités d’améliorer les social link, nos liens d’affection avec les autres personnages, qui sont le cœur du jeu pour moi, sont plus nombreuses avec des moyens pour gagner des points d’affection plus rapidement entre deux rangs, plus de temps pour terminer en fin de jeu les relations qu’on a pu mettre de côté jusque-là… ce sont des petits ajouts que j’apprécie beaucoup. Des événements scénarisés supplémentaires viennent apporter encore un peu plus d’humour, de situations burlesques où les liens d’amitié entre les personnages jouables sont développés, je trouve ça déjà un petit peu plus secondaire mais toujours pertinent.
Deux nouveaux social link sont disponibles et fortement liés à l’intrigue principale, pour y découvrir une nouvelle perspective, pour l’enrichir en péripéties et pour en offrir de nouvelles fins possibles, y compris mauvaises, là c’est très pertinent. Le personnage inédit de Marie amène en bonus une certaine auto-dérision sur des éléments du jeu, comme le code couleur de certains acolytes qui est toujours le même, et constitue en soi un très bon social link avec son histoire que l’on va découvrir tout du long, même si on n’est pas au même niveau pour moi que le social link d’Aigis de la version FES de Persona 3.
Par contre, l’ajout d’une nouvelle péripétie de l’intrigue principale en fin de jeu est assez mal implémentée dans le rythme de cette intrigue qui présente une première fin assez intense, remet de l’ambiance détendue, et enfin seulement revient sur une nouvelle fin qui se veut intense également mais qui tire tout ça un peu trop en longueur. J’ai bien senti que l’ajout était un peu forcé et déjà que je trouve le rythme de l’intrigue originale assez perfectible, ça n’arrange rien, mais ce n’est pas non plus un problème rédhibitoire on s’entend bien.
La possibilité d’avance rapide lors des dialogues est une petite ergonomie supplémentaire qui ne fait pas de mal, même si je ne l’ai personnellement utilisé qu’une fois pour l’essayer. Je pourrai faire le même commentaire pour la possibilité de voir les choix les plus retenus par les joueurs en se connectant en ligne. Ce sont des ajouts qui ne peuvent faire aucun mal puisqu’ils ne s’imposent pas et qui pourront peut-être plaire à certains joueurs, donc même si je n’en ai pas profité par choix je ne leur reprocherai pas leur pertinence.
Sur le gameplay, on retrouve plein de petits ajouts appréciables : la possibilité de sélectionner librement les skills hérités lors d’une fusion contribuant au confort de jeu, les niveaux de difficulté supplémentaires aux deux extrêmes offrant toujours plus de chances d’avoir un niveau de difficulté qui nous correspond, les personas inédits à débloquer qui enrichissent encore davantage le contenu notamment à haut level et ça c’est très bienvenu quand on a autant accroché aux combats que moi… Quand on additionne tous ces ajouts, on retrouve un système de jeu excellent à la base encore meilleur et plus généreux, c’est un sacré point positif au final.
Le donjon inédit en fin de jeu repose autour d’une idée assez intelligente pour créer la difficulté où on aurait pu l’avoir un peu perdu après avoir beaucoup farmé et se retrouver en capacité de régénérer facilement HP et SP entre les combats. Les donjons se ressemblant beaucoup sur le plan ludique dans le jeu de base, c’est vraiment un ajout non négligeable pour finir le jeu sur une bonne note de ce point de vue-là. Il est aussi à noter que quelques petits rééquilibrages ont eu lieu pour affiner la maîtrise du système de combat, parfait !
Pas mécontent de son petit succès commercial, étant donné son support pour lequel il est l’une des exclues les plus vendues, Persona 4 Golden est un agrégat de petits ajouts sympathiques à tous les niveaux, absolument rien de sensationnel individuellement, mais la somme de tout ça en fait un portage d’excellente qualité au service d’un jeu non pas moins excellent. Mes réserves sur certains choix scénaristiques coïncident avec les quelques réserves, encore une fois très personnelles, que je pouvais avoir sur l’opus PS2, je n’en tiendrai pas plus rigueur pour voir dans ce golden un cas d’école de portage généreux en contenu inédit pour enrichir et améliorer un jeu sans jamais en dénaturer l’expérience, si ça pouvait toujours se passer comme ça…