The Bureau: XCOM Declassified
5.7
The Bureau: XCOM Declassified

Jeu de 2K Marin et 2K Games (2013PlayStation 3)

Quel gâchis. Le jeu aurait pu avoir la moyenne s'il n'y avait pas eu ce final absurde et grotesque faisant passer n'importe quel Call of Duty pour du Bergman. Parce que dans le genre TPS semi-tactique (sic) inspiré de Mass Effect, lui-même inspiré de Gears of War (sic²), on a déjà eu l'occasion de tâter des copies bien plus honteuses que The Bureau. Le jeu est plutôt agréable à l'œil, répond bien sous les doigts, les fusillades sont vivaces (enfin, autant que peut le permettre un genre où l'on passe son temps à crapahuter derrière des caisses), bref sans être une foudre d'originalité le titre a le mérite de s'appliquer un minimum sur les points qui comptent.

Enfin, presque tous. Parce que si l'IA catatonique des alliés peut être un faux problème dans Mass Effect, où nos compagnons de combat ne sont que des aimants à balles (pardon, lasers et/ou plasmas) dotés de pouvoirs plus ou moins utiles et ressuscitant miraculeusement après chaque escarmouche, dans The Bureau les gars qui nous suivent ne sont que des aimants à balles (pardon, laser et/ou plasmas) dotés de pouvoirs plus ou moins utiles et ne ressuscitant pas miraculeusement après chaque escarmouche malheureusement ; malgré les circonstances, on se retrouve donc à micro-manager leur petit cul en permanence afin de leur éviter une mort affreuse, généralement causée par une balade champêtre au milieu de tirs croisés, une collecte compulsive de grenades ennemis, ou plus simplement une précision de tir proche de celle d'une taupe (si les taupes étaient entraînées au combat), au choix. J'imagine que tout ceci est moins problématique aux niveaux de difficulté inférieurs où le jeu est sans doute plus permissif, mais au niveau le plus élevé c'est une calamité de tous les instants car il n'est pas rare que l'on passe plus de temps à organiser un plan d'attaque qui de toute façon ne sera pas respecté qu'à tirer pour de bon sur les ennemis. Un phénomène exacerbé par une interface tactique irritante à utiliser sous le feu adverse, parce que, non, le jeu ne se met pas en pause quand il est temps de donner des milliards de consignes à son coéquipier, et oui, le curseur se colle à tous les éléments possibles et imaginables avant d'arriver à destination. Mass Effect jusqu'au bout on vous dit.

Enfin soit, passons. Parce qu'il est possible de finir malgré tout le jeu en étant à la fois au four à s'occuper des ennemis et au moulin à prendre soin de ses équipiers. C'est même drôlement comique lors des derniers niveaux où les développeurs en mal d'inspiration se sont contentés de créer des arènes quelconques en y envoyant vagues d'ennemis après vagues d'ennemis, un sacré test de patience. Le problème, c'est que pour en arriver là, le joueur doit s'infliger une dizaine d'heures de crachats permanents sur la mythologie XCOM (heureusement qu'il ne s'agit pas d'un vrai XCOM), de dialogues débiles portés par des doublages affreux, de retournements de situation improbables voulus par un scénario idiot, et surtout d'une ambiance 50's qui ne sert strictement à rien là où elle aurait pu apporter une vraie plus-value au titre. L'ensemble ressemble à un Plan 9 from Outer Space vidéo ludique, tout y confine tellement au nullissime que l'on pourrait crier au génie s'il n'y avait pas cette odeur suintante et nauséabonde de premier degré pour nous agresser l'intellect. La timbale est décrochée lors des deux dernières heures ceci dit, lorsque le scénario passe du risible au franchement pathétique, voire carrément désagréable. Des retournements de situation incompréhensibles à la pelle, un américano-centrisme pudibond, des personnages aux motivations proprement incompréhensibles, et comble du comble, des "choix moraux" à effectuer, histoire de respecter le cahier des charges du parfait petit jeu épique-idiot.

Autant j'ai pu tenter de m'investir un minimum lors de la majorité de l'aventure (et il y parfois de quoi, entre deux notes d'ouvriers à côté de la plaque), autant ces dernières heures m'ont parues tellement insultantes que je me suis contenté de passer les dialogues et cinématiques tout en m'occupant de la maintenance de mon PC à côté histoire d'achever le calvaire au plus vite. C'est dommage, le tout était au départ loin d'être désagréable, pour un jeu qui m'a coûté moins qu'un Big Mac j'entends. Au final, au même titre que le rapport auquel il est censé faire allusion, The Bureau n'a jamais vraiment existé, et c'est sans doute bien mieux pour tout le monde.
HarmonySly
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le 21 avr. 2014

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HarmonySly

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