Films vus en 2025

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Le désert de Gobi, ses grandes étendues grises et bleues, et...ses chiens, ses meutes de chiens si denses qu'elles renversent sur leur passage les rares véhicules qui traversent la zone. Dès l'entame de Black Dog, on est plongés dans ce face-à-face entre l'homme et la nature, entre l'homme et l'état sauvage. Où se situent vraiment les civilisés, entre ceux qui cherchent à attirer les investisseurs en abattant des chiens, et ces animaux qui demeurent après le départ de leurs maîtres ? Lang, lui, semble avoir fait son choix. Son seul compagnon devient ce chien "maigre et noir" dont on dit qu'il traîne la gale. Un sauvage, un farouche, un brutal même. Sans doute Lang se reconnaît-il dans cette figure ce solitaire, lui qui revient de sa peine de prison pour homicide volontaire. On en saura plus sur cet épisode, mais par petites bribes, suffisamment pour qu'on devine une guerre des gangs sur fond de corruption des policiers et de déliquescence irrémédiable du tissu économique. Black Dog dépeint une Chine rurale vidée de ses habitants dans une ambiance quasiment post-apocalyptique. La mise en scène est racée, d'une élégance rare, un peu comme les contours à la fois beaux et cauchemardesques de ce chien efflanqué.

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C'est l'histoire d'un mec qui perd son meilleur pote. Le film de Mourad Winter pourrait commencer et finir comme ça. Ce sera la force du film puisqu'il dépasse de manière intelligente le cadre de la comédie romantique en allant chercher du côté de la confession d'un type paumé qui a du mal à s'assumer comme tel. La rencontre avec Madeleine va lui ouvrir une porte vers un bonheur qu'il croyait impossible jusqu'ici, mais aussi vers un précipice dans lequel son meilleur ami s'est perdu. Il s'invente une vie pour se protéger, ce qui donne lieu à des scènes très drôles, à des répliques bien senties et à une mécanique narrative efficace. On est clairement dans le haut du panier des comédies populaires françaises, et rien que pour ça, chapeau à Mourad Winter. L'alchimie entre Laura Felpin et Hakim Jemili nourrit parfaitement un film qui se rapproche parfois plus du buddy movie que d'un vrai Coup de foudre à Notting Hill. Il y a bien quelques lourdeurs, comme cette scène finale sous la pluie, cliché au possible, mais rien de bien méchant. On regretterait presque, justement, qu'il n'y ait rien de bien méchant, et que Mourad Winter soit resté finalement un poil trop sage - notamment dans son ancrage social, voire dans son positionnement sur le racisme ou la transphobie. Il y a toujours moyen de rester léger et émouvant tout en grattant là où ça fait mal. Mais ce sera peut-être pour une autre fois, ce n'est qu'un premier film après tout.

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Bill Furlong est charbonnier en Irlande, et il fait partie de ceux qui s'arrêtent pour aider les petits gamins du quartier qui lui semblent en détresse. Ceux qui ont "le coeur tendre", comme le dit sa femme, qui ne comprend pas vraiment pourquoi il se pose des questions sur les injustices du monde au lieu de s'inquiéter du bien-être de siens. Nous, spectateurs, on le comprend très vite grâce à de nombreux retours en arrière sur l'enfance de Bill, adopté et protégé par une riche héritière de la ville, lui et sa très jeune mère abandonnés par le père. Nous le saurons même un peu trop car le film de Tim Mielants a tendance à être un peu démonstratif. Fallait-il autant faire entendre la respiration de Cillian Murphy pour faire comprendre son désarroi, ses hésitations, sa souffrance à ne pas pouvoir rendre ce qui lui a été donné dans son enfance ? C'est dommage, car le film est par ailleurs assez économe en dialogues, se focalisant plutôt - et avec justesse - sur l'atmosphère étouffante, avec des plans serrés sur les visages et les mains sales, ou les regards qui se défilent. L'intrigue - celle de savoir si Furlong finira par mettre le confort des siens en danger pour venir en aide aux jeunes filles martyrisées de la congrégation religieuse du village, où il est l'un des seuls à pénétrer en sa qualité de charbonnier - passe au second plan derrière l'évocation de cette chape de plomb qui conduit au silence, à l'assentiment, voire à la collaboration implicite envers un système d'oppression dont personne n'ose parler ouvertement , pour protéger son petit bout de vie, pour rester "du côté des gens biens comme il faut". Parce que l'Eglise est si puissante dans l'Irlande de l'époque, parce qu'on ne peut vraiment s'en affranchir que si l'on est soi-même puissant et riche, comme le fut Mme Wilson, ou que l'on est habité par un courage et une humanité exceptionnelle, comme l'est Bill Furlong. Mais fallait-il vraiment d'une révérende mère si ouvertement machiavélique pour dénoncer les dérives des couvents de la Madeleine, ces institutions où des dizaines de milliers de jeunes femmes ont été emprisonnées tout au long du XXe siècle sous prétexte de réhabilitation morale ? Ne suffisait-il pas de capter le regard si riche d'un Cillian Murphy encore une fois brillant, ou de laisser s'exprimer les non-dits et le silence des intérieurs ouvriers, si subtilement mis en scène dans le reste du film et dans l'ultime scène ?