Cover J'essaie de dire des trucs sur les films que j'ai vus en 2019 (et des fois c'est chaud)

J'essaie de dire des trucs sur les films que j'ai vus en 2019 (et des fois c'est chaud)

Où l'on peut croiser 2001 et Nicky Larson.

Liste de

97 films

créee il y a plus de 5 ans · modifiée il y a plus de 3 ans

LEGO Batman - Le Film
6.4

LEGO Batman - Le Film (2017)

The LEGO Batman Movie

1 h 44 min. Sortie : 8 février 2017. Action, Comédie, Fantastique

Long-métrage d'animation de Chris McKay

Arbuste a mis 7/10.

Annotation :

01/01

Lego Batman a le gros défaut de ne pas avoir la même portée que son désormais illustre aîné. Si le message universel de la Grande Aventure Lego faisait spontanément corps avec sa forme, on s'agace un peu dans Lego Batman, le film, de retrouver le sempiternel laïus sur l'ego et la famille, écrit sans aucune subtilité et comme introduit au forceps dans un univers délirant avec lequel tout le talent des scénaristes ne l'empêchera pas de détonner, et qui pour le coup n'a plus rien à voir avec les petites briques danoises.

De la Grande Aventure Lego demeure la dérision et le peps de chaque instant, l'humour visuel qui fonctionne et les références réappropriées par le film, comme par un gamin qui joue aux Legos. Le film reste drôle, et conserve cette énergie communicative, instillée par ses créateurs qui arrivent à donner l'impression qu'ils font un film comme ils s'amuseraient avec un jeu de construction. Un cran en-dessous du premier, mais je ne peux pas nier que j'ai passé un très bon moment.

Spider-Man : New Generation
8

Spider-Man : New Generation (2018)

Spider-Man: Into the Spider-Verse

1 h 57 min. Sortie : 12 décembre 2018 (France). Action, Aventure, Science-fiction

Long-métrage d'animation de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman

Arbuste a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

03/01

J'ai du mal à rejoindre les avis dithyrambiques au sujet de ce Spider-Man : Into the Spiderverse.

Certes, visuellement, c'est dynamique et très novateur, et le parallèle très marqué et très pertinent entre le street-art d'un côté et une identité graphique hors des cadres, qui se joue des proportions et arrive à évoquer le papier tout en étant fondamentalement cinématographique de l'autre fait mouche.

Néanmoins, je ne comprends pas ce que le film essaie de construire avec son héros. Morales est comme complètement absent du film, et pour cause, il n'a pas vraiment d'objectif : il se retrouve juste du jour au lendemain avec des pouvoirs, et il va devoir apprendre à les utiliser. Pas de thématique personnelle. Pas d'accomplissement. Par conséquent, la fameuse scène fondatrice de tous les Spider-Man résonne avec une certaine vacuité.

En revanche, l'histoire du vieux Peter Parker est très touchante et force le respect pour une storyline secondaire. De même que celle du Caïd, un peu simpliste certes, mais très bien servie par la construction et surtout le design du personnage. Ça reste un très bon film d'animation et un film à voir et à revoir pour l'orgie visuelle qu'il représente.

Pachamama
6.6

Pachamama (2018)

1 h 12 min. Sortie : 12 décembre 2018. Aventure, Animation

Long-métrage d'animation de Juan Antin

Arbuste a mis 3/10.

Annotation :

12/01

Pachamama est un vrai film pour enfants - pas "tout public" -, je ne suis pas le public visé, et je n'y suis pas allé spontanément. Difficile donc de prendre le film dans son contexte, mais dans tous les cas je ne peux nier que le ressenti est négatif.

Déjà, pas évident pour un film d'animation d'être aussi fauché, les décors manquent de détails, et je ne comprends pas le choix d'avoir développé les personnages en CGI cell-shading : cela les rend juste encore plus lisses, et accentue le côté amateur. Malheureusement, il n'y a pas non plus vraiment d'idée de mise en scène pour contrebalancer ça - sauf peut-être un passage en simili stop-motion vers la fin.
D'un autre côté, il y'a clairement de gros problèmes d'écriture. Le personnage principal est une tête-à-claques épouvantable pendant trois quarts d'heure avant d'embrasser une carrière de vieux sage en 20 secondes dès qu'il se retrouve dans la panade, et sa copine est un simple cliché usuel de petite fille sage, gentille et intelligente, qui a tout compris à la vie à 8 ans et demi parce qu'elle a bien écouté les anciens. Plus généralement, tout est trop simpliste même pour des enfants, du message à la narration épisodique qui ne fait qu'accentuer le manque de structure du métrage.

Ceci étant dit, la musique était plutôt cool.

Fenêtre sur cour
8.1

Fenêtre sur cour (1954)

Rear Window

1 h 52 min. Sortie : 1 avril 1955 (France). Thriller

Film de Alfred Hitchcock

Arbuste a mis 7/10.

Annotation :

15/01

Un peu déçu, comme souvent chez Hitchcock.
Ne nous méprenons pas, j'adore l'humour et le ton cinglant dans lequel baigne le film, j'adore la relation du couple principal qui se rapproche dans son obsession puérile, j'adore la tension de cette confrontation finale (quoique le coup des flash ça a vieilli quand même), le jeu des lumières et du cadre. J'adore ces longs travellings qui embrassent toute la vie de ce voisinage ma foi fort sympathique. J'ai aimé beaucoup de choses et je n'ai pas vu le temps passer ; mais comme pour North by Northwest, à la fin, j'ai juste un vieux goût de "tout ça pour ça".

Le build-up est énorme, les interprétations vont bon train, mais la fin est d'un classicisme effrayant. Je ne comprends pas. Et je n'épouse pas vraiment la signification morale que cette fin donne au film.

Les Oiseaux
7.5

Les Oiseaux (1963)

The Birds

1 h 59 min. Sortie : 6 septembre 1963 (France). Drame, Épouvante-Horreur, Thriller

Film de Alfred Hitchcock

Arbuste a mis 5/10.

Annotation :

18/01

Durant la projection, lors d'une certaine scène, des jeunes spectateurs ont ri de ce conducteur négligent qui jette son allumette par terre tandis que 5 personnes lui hurlent de faire attention. Un spectateur plus vieux, agacé, s'est penché vers un des coupables pour lui demander "mais ça vous fait rire, ça ? ce n'est pas drôle !".

La projection était suivie d'une conférence de Jean Douchet et c'était assez cocasse de voir que j'étais passé à côté de tout ce que lui avait vu dans le film. Douchet décrivait à quel point le personnage de Mélanie devait faire écho au spectateur. Sa tentation et sa culpabilité, cette scène où elle monte l'escalier parce qu'elle veut aller au bout de sa pulsion, alors même qu'elle sait qu'elle en sera probablement punie, c'est exactement ce que doit ressentir la personne dans la salle.

Est-ce à cause des effets spéciaux datés ? J'avoue que je suis incapable de remettre la scène de l'attaque de l'école dans son contexte tant elle me paraît abominable. Est-ce parce que ces personnages ne m'intéressent pas ? J'ai pourtant relativement bien aimé la longue introduction où on présente leur dynamique. Je n'hésiterai pas à dire que le personnage de Melanie est attachant et même un peu surprenant. Même si la mise en scène est un peu ronflante et désuète.

Pourquoi des films comme le Mécano de la Générale, les Temps Modernes, Citizen Kane, La Vie est Belle, Casablanca, ou Boulevard du Crépuscule arrivent à nous faire vibrer pour ce que vivent leurs personnages bientôt 100 ans plus tard pour certains, et pas les Oiseaux ?

Je ne sais pas. Mais je pense que les Hichcock ont vieilli.

E.T. l'extra-terrestre
7.2

E.T. l'extra-terrestre (1982)

E.T. the Extra-Terrestrial

1 h 55 min. Sortie : 1 décembre 1982 (France). Fantastique, Aventure, Science-fiction

Film de Steven Spielberg

Arbuste a mis 9/10.

Annotation :

20/01

Toujours un des plus grands films jamais faits. :)

An Elephant Sitting Still
7.9

An Elephant Sitting Still (2019)

Da xiang xi di er zuo

3 h 50 min. Sortie : 9 janvier 2019 (France). Drame

Film de Hu Bo

Arbuste a mis 8/10.

Annotation :

20/01

Ça m'a beaucoup fait penser à Winter Sleep de Nuri Bilge Ceylan. J'ai ressenti la même aridité, le même cynisme, la même volonté de transmettre une vision désabusée de la vie. Du coup vu que j'avais détesté Winter Sleep, j'ai passé 4 heures à me demander pourquoi j'aimais autant ce film.

Les personnages ne sont même pas particulièrement attachants, mais il y a quelque chose qui fonctionne dans ces longs plans-séquences à hauteur d'épaules d'un protagoniste en errance, perdu dans un milieu terne et inconsistant. J'ai adhéré aux choix de cadre et de profondeur de champ, au minimalisme de la mise en scène, caméra centrée sur les personnages, arrières-plans et environnements déjà flous à 1m, le personnage isolé marche. Il marche.

Dans An Elephant Sitting Still, la dépression n'est pas tragique. Elle est froide. Ennuyeuse. Étouffante et implacable. On ne pleure pas, mais on compatit et on suffoque parfois. C'est la succession monotone des crasses communes. Un film efficace sur le mal de vivre.

L'Homme de la rue
7.7

L'Homme de la rue (1941)

Meet John Doe

2 h 02 min. Sortie : 11 juillet 1947 (France). Comédie, Drame, Romance

Film de Frank Capra

Arbuste a mis 6/10.

Annotation :

21/01

Sorti deux ans après M. Smith au Sénat, l'Homme de la Rue fait un peu figure de remake, voire de redite. Plus mou et moins crédible, avec quelques longueurs dont on se serait bien passé (en particulier à cause de certaines diatribes qui tombent malheureusement un peu à plat), le film reste une variation intéressante sur le thème de l'éloge de l'homme simple. L'évolution de son personnage principal y est ici moins héroïque, Gary Cooper campant un vagabond beaucoup moins propre sur lui que le James Stewart de M. Smith, et la vocation le prend pour ainsi dire malgré lui. La fin, trop mélo, a le mérite d'offrir un cadre marquant (que les Coen ont repris, parmi plein d'autres choses, pour leur Hudsucker Proxy - qui en est en fait un très clair hommage). À voir quand même, surtout en pleine crise des Gilets Jaunes. :)

Les Invisibles
6.8

Les Invisibles (2019)

1 h 43 min. Sortie : 9 janvier 2019. Comédie dramatique

Film de Louis-Julien Petit

Arbuste a mis 7/10, l'a mis dans ses coups de cœur et a écrit une critique.

Annotation :

26/01

On le voit venir à des kilomètres, le feel-good movie sur des femmes qui reprennent foi en elles-mêmes grâce à des montages sur fond de musique énergisante. Évidemment, c'est complètement ça ; mais pour que ce soit réussi, le film se dote de certaines qualités indispensables : il n'omet pas de s'attarder sur l'échec et la souffrance, ne résout jamais ses problématiques trop facilement, et s'interdit toute situation trop "cinématographique". Bref, il poursuit, et atteint avec brio, la justesse quasi-absolue et permanente...

Suite :
https://www.senscritique.com/film/Les_Invisibles/critique/187367686

La strada
7.6

La strada (1954)

1 h 48 min. Sortie : 11 mars 1955 (France). Drame, Road movie

Film de Federico Fellini

Arbuste a mis 8/10.

Annotation :

27/01

Je ne connais ni Fellini (dont je n'ai vu qu'une moitié de la Dolce Vita) ni le néoréalisme italien, mais je connais Zola et c'est clairement au romancier français que la Strada m'a fait penser, dans sa dépiction d'un couple de forains sans cesse sur la route, d'un homme à la personnalité violente et torturée, et d'une femme un peu simplette qui tente de s'en sortir, en vain. Il y a quelque chose de résolument romantique dans le réalisme de ces deux auteurs, une emphase faite au tragique, au mélancolique, à la fugitivité du quotidien.
J'ai aimé la Strada pour ces scènes de noces populaires, pour ces numéros de cirque pas toujours impressionnants, pour l'humanité qui se dégage d'une Gelsomina (qui n'est pas sans rappeler les "Golden Heart" de Von Trier) ou d'un Zampano et, finalement, pour tout ce qui fait que ce film fait de la vie un roman.

Pour une poignée de dollars
7.6

Pour une poignée de dollars (1964)

Per un pugno di dollari

1 h 39 min. Sortie : 16 mars 1966 (France). Western

Film de Sergio Leone

Arbuste a mis 7/10.

Annotation :

30/01

Le remake western de Yojimbo fait tout un peu moins bien que l'original.
Les ruses du personnage principal y sont moins inventives, la mise en scène y est plus plate - si ce n'est les quelques gimmicks leoniens qui commencent à percer lors des grands tournants du film -, les personnages y sont moins marquants, ont moins de relief, la ville n'y est plus léthargique mais simplement creuse, inexistante ; la dynamique entre les deux familles est à peine effleurée, et les tournants du scénario y sont beaucoup plus grossiers, et moins crédibles.

Difficile de ne pas rentrer dans le jeu de la comparaison tant ce que j'ai aimé dans l'original n'est la plupart du temps pas présent, ou en moins bien, dans cette copie ; comme par exemple la fameuse scène où Mifune fout la pagaille dans une certaine cahute avant d'y foutre le feu, dans un enchaînement de travellings saisissant à la Kurosawa, ici beaucoup moins imposante alors même qu'elle se veut clairement un hommage à la première - sinon comment expliquer la présence d'un sabre à ce seul moment du film, la raison pour laquelle Clint fait tomber du bois comme dans l'original, alors qu'ici, ben... Ben il fout pas le feu quoi !

Tout cela peut sembler un peu sévère, et pourtant j'ai aimé le film. D'abord parce qu'on se base quand même sur une histoire très solide, ludique et récréative, qui convient parfaitement au genre. Ensuite parce que les quelques trouvailles qui préfigurent le style léonien font mouche, comme cette scène de massacre au bord de la rivière, la production value de cette hacienda mexicaine, ou ce méchant saisissant campé par un Gian Maria Volontè aux yeux de braise.
Le film s'envole très clairement vers la fin, tant Leone sait donner du coeur et du corps à ses scènes de souffrance. C'est quand la mort intervient et que le drame humain prend son tour le plus épique qu'il déploie toute l'envergure de son style. L'opposition entre Eastwood et Ramon fait déjà partie de ces situations qui dépassent largement le cadre du "simple" film.

...Et pour quelques dollars de plus
8

...Et pour quelques dollars de plus (1965)

Per qualche dollaro in più

2 h 12 min. Sortie : 30 septembre 1966 (France). Western

Film de Sergio Leone

Arbuste a mis 9/10 et a écrit une critique.

Annotation :

30/01

Plan fixe sur la sierra, au loin un cavalier s'avance en sifflotant, on ne distingue que sa silhouette dans l'étendue déserte ; pendant une minute, il continue de s'approcher. Toujours sifflotant. Ou est-ce bien lui qui siffle ? Et ce craquement qu'on entend, ce sont des allumettes ?
PAM, un coup part, le cavalier s'effondre, le cheval s'enfuit. Générique...

Suite :
https://www.senscritique.com/film/Et_pour_quelques_dollars_de_plus/critique/187832917

Il était une fois la révolution
7.9

Il était une fois la révolution (1971)

Giù la testa

2 h 37 min. Sortie : 29 mars 1972 (France). Western, Action, Drame

Film de Sergio Leone

Arbuste a mis 8/10.

Annotation :

31/01

C'est le dernier Leone qu'il me restait à voir, souvent mis de côté dans sa filmographie pour des raisons diverses, notamment parce qu'il ne voulait pas le réaliser à la base, et parce qu'il est moins maîtrisé, plus décousu, plus imparfait et rugueux que ses prédécesseurs. Il Était une fois la Révolution est pourtant capital dans la compréhension du mythe léonien puisqu'à bien des égards, il initie des expérimentations et des thèmes qui prendront tout leur sens dans son chef-d'oeuvre à venir Il Était une fois en Amérique.

Expérimental sur la forme d'abord, il faut le dire, avec un montage beaucoup plus découpé, des raccords assez dérangeants, des scènes de flash-backs aux ralentis complètement grotesques, et une musique qui pour la première fois prend le contrepied de l'action au lieu de l'accompagner. Il y a quelque chose de révolutionnaire, de quasi-mystique dans la manière dont les plans s'enchaînent anarchiquement dans ce film, sur une musique douce qui peut rappeler l'enfance, ou la fugitivité de l'existence. Il Était une fois la Révolution s'inscrit assez bien dans son époque.

Expérimental dans la narration aussi puisque Leone abandonne l'iconisation, le récit mythique qui avait trouvé son apogée dans Il Était une fois dans l'Ouest, pour se tourner vers un parti-pris beaucoup plus intimiste et populaire. On ne met plus en scène des figures, de desperados, de bandits, de vagabonds que rien ne peut atteindre (à part une balle dans la poitrine), mais bien des personnages, de père de famille, de citoyens qui se posent des questions, qui doutent, qui tissent des liens entre eux. Ce n'est pas un hasard si pour la première fois, le personnage principal se voit doté d'un nom.

C'est le tournant proustien de Leone, avec des personnages dont le destin se confond à leurs souvenirs dans un tourbillon anarchique de sentiments et d'événements. Manque uniquement la maîtrise qui arrivera quelque, oh, 13 ans plus tard.

Green Book - Sur les routes du Sud
7.5

Green Book - Sur les routes du Sud (2018)

Green Book

2 h 10 min. Sortie : 23 janvier 2019 (France). Drame, Biopic, Road movie

Film de Peter Farrelly

Arbuste a mis 6/10.

Annotation :

02/02

Un film assez médiocre, qui fonctionne plutôt bien parce qu'il est correctement écrit (et qu'il a une photo assez jolie quoiqu'un peu lisse) mais dans le genre oublié dès la sortie de la salle on fait difficilement mieux.

En même temps c'est Peter Farelly à la réalisation. Moi j'ai rien contre les comédies américaines, mais dès qu'il s'agit de faire du cinéma, s'il vous plaît les mecs, restez chez vous. Je suis encore marqué par ce champ/contre-champ vers le tiers du film, sur une scène de l'Indiana. Vraiment, je crois que le mec a raté un champ/contre-champ. Il y en a trop qui s'enchaînent, avec un rythme trop haché, ils sont trop marqués à cause de la proportion du décor dans le cadre, c'était... Lourdingue. Wow.
Dès les dix premières minutes en fait j'ai eu envie de piquer du nez. Pourtant, Mortensen est vraiment cool, ce qu'on nous raconte est intéressant, mais le tout s'enchaîne avec une monotonie...

La mise en scène est d'une platitude sans nom donc mais le film s'embarrasse aussi de certains défauts d'écriture. En premier lieu, le personnage de Mahershala Ali n'est jamais remis en question sur sa condescendance avec son prolo de chauffeur : j'y ai vraiment vu une reproduction du mécanisme de persécution - qu'il aurait été tellement intéressant de traiter ! -, mais le film passe dessus comme si c'était normal qu'un type riche et cultivé traite un pauvre gars comme une merde parce qu'il sait pas écrire ou qu'il a un accent du Bronx. C'est mon côté gauchiste qui s'anime, mais je trouve le message assez dégueulasse.

Si de manière générale le personnage de Mortensen tape juste, les quelques clichés qui parsèment le film ne se verront que plus. Par exemple, sa femme est trop parfaite en regard du milieu dans lequel elle évolue. C'est juste la seule personne sage et tolérante dans tout son entourage, ça dénote.

Heureusement, la relation entre Mortensen et Ali, qui est au coeur du film, est réussie. On appréciera l'évolution subtile de Mortensen d'un racisme à une tolérance ordinaire au fur et à mesure qu'il se lie d'amitié avec la personne qu'il conduit, simplement parce qu'ils apprennent à se connaître, dans leurs forces et dans leurs failles, au travers des épreuves. Pas de grand discours ou d'explicitation outrancière, tout est dans les situations et le jeu. Pareil pour le personnage d'Ali, qui est touchant dans ses luttes, même si là on ne nous épargnera pas la grande explication sous la pluie au cas où on aurait pas saisi le personnage.

Le Bon, la Brute et le Truand
8.5

Le Bon, la Brute et le Truand (1966)

Il buono, il brutto, il cattivo

2 h 59 min. Sortie : 8 mars 1968 (France). Western, Aventure

Film de Sergio Leone

Arbuste a mis 8/10.

Annotation :

02/02

J'ai quelques menus problèmes avec ce film qui m'empêchent de le noter mieux.

D'abord, je trouve que sa composante aventure le plombe un peu, avec un déroulement plus mécanique, plus épisodique, qui fragmente le film et l'empêche d'atteindre cette dimension mythologique que j'apprécie d'habitude chez Leone, le problème étant qu'on surpasse les obstacles sans particulièrement grandir, ce qui donne trop de poids au côté récréatif du film.

Et puis les personnages n'ont plus cette aura tragique que j'apprécie tant dans Quelques dollars de plus ou Il était une fois dans l'Ouest. Tuco est un truand touchant, plein d'aspérités, mais toujours énergique, jamais abattu ; Blondin, bon, c'est Blondin ; et Oeil d'ange, c'est un démon vengeur. Le gars suit inlassablement la piste, réapparaît toujours de nulle part pour se dresser sur la route des héros, ok, il a quelque chose de terrible, mais justement, il est inhumain. Et on le voit si peu.

Au final, je ne peux pas m'empêcher de souffler à chaque visionnage quand on arrive au pont ; pour moi, c'est l'obstacle de trop. Intéressant pourtant hein, mais qui arrive trop tard dans le film, à un moment où il y a eu trop d'aventures, trop de fragments, de retournements, et bordel, c'est bon quoi, j'ai juste envie de voir Tuco courir comme un illuminé au milieu des tombes qui se font de plus en plus diffuses sur fond d'Ecstasy of Gold.

C'est un grand film, mais il me touche moins que celui qui le précède, et celui qui le suit.

Two Lovers
7.1

Two Lovers (2008)

1 h 50 min. Sortie : 19 novembre 2008 (France). Drame, Romance

Film de James Gray

Arbuste a mis 8/10.

Annotation :

07/02

En partant d'une base de romance pour adolescents, Two Lovers plonge peu à peu dans le drame psychologique passionnant. La force du film, c'est de résonner avec son personnage principal, de partir lentement, d'une sorte de marasme de banlieue, et d'accélérer son rythme au fur et à mesure que sa relation avec Gwyneth Paltrow se développe, que les passages à Manhattan se font plus fréquents, pour finir dans une sorte de frénésie dont le coup d'arrêt final intervient aussi brusquement pour nous que pour Leonard.

Le film joue très bien de son synopsis mièvre, du cliché de la fille pétillante et sulfureuse et du garçon victime de son obsession qui va se faire manipuler ; car si en effet, le postulat est on ne peut plus classique et les premiers développements ne manquent pas d'entraîner quelques soupirs agacés, ce n'est que pour rendre l'évolution des personnages et de leur relation plus surprenantes. Peu à peu, ceux-ci se font ainsi plus nuancés, plus humains, l'empathie pour ce type puéril et exaspérant et cette gamine autodestructrice se développe en même temps qu'on se surprend à se reconnaître dans leurs doutes et dans leurs obsessions.

Comme d'habitude chez James Gray, le travail effectué sur les décors et sur l'image est prépondérant. Joaquin Phoenix évolue constamment en totale inadéquation avec son univers, morcelé, terne, sa vie ne lui correspond pas, son cadre est trop petit pour lui. Son obsession grandissante prend ainsi ses racines dans un malaise que le spectateur ne peut s'empêcher de ressentir et l'apparition de Gwyneth Paltrow va alors représenter une ouverture, une lumière. Mais même le malaise est mesuré, car ses parents sont chaleureux, sa copine aimante - et aimée, au moins un peu -, et le film se déroule ainsi du début à la fin dans une ambivalence de tous les instants.

C'est donc une grande réussite, car le parti-pris de l'hésitation et de la schizophrénie, qui aurait pu se révéler parfaitement exaspérant (et qui l'est parfois), est ici écrit et mis en scène avec suffisamment de talent pour que l'agacement laisse place à la compréhension et à l'empathie. C'est un film susceptible de toucher tous ceux qui, au fond, ne se sont pas complètement débarrassés de leur propre puérilité et de leur propre égoïsme infantile.

Border
6.5

Border (2018)

Gräns

1 h 48 min. Sortie : 9 janvier 2019 (France). Drame, Fantastique

Film de Ali Abbasi

Arbuste a mis 5/10.

Annotation :

09/02

Paradoxalement, je l'ai trouvé assez commun. Passé le skin fantastique, c'est une histoire sur le rejet et l'acceptation somme toute très banale, qui ne brille pas particulièrement par sa mise en scène ou son écriture. Ça m'a même fait penser à un Marvel parfois, dans le parcours de l'héroïne qui apprend sa véritable identité au contact de quelqu'un qui lui ressemble, mais qui doit faire le lien et trouver sa voie entre l'humanité et ses semblables qui veulent la détruire. Ouais voilà, c'est un Marvel avec un skin indé.

Finalement les seuls moments qui ressortent sont les passages un peu gores, que j'ai trouvés un peu gratuits.

La Favorite
7.2

La Favorite (2018)

The Favourite

1 h 59 min. Sortie : 6 février 2019 (France). Historique, Drame, Comédie

Film de Yórgos Lánthimos

Arbuste a mis 9/10.

Annotation :

09/02

C'est l'histoire de trois femmes qui luttent, l'une pour la survie, l'autre pour l'ego, la dernière pour l'amour. C'est un terrain de jeu qui se transforme en champ de bataille qui se transforme en prison. C'est le cynisme de Kubrick qui rencontre l'ironie de Wes Anderson et leurs obsessions pour la symétrie et l'enfermement qui se mélangent. C'est une production value incroyable qui te pète à la gueule dès les premiers instants, une photographie magnifique et une lumière à la bougie terriblement intimiste. C'est le fisheye et la fluidité du mouvement de la caméra qui ne laissent aucune échappatoire à des personnages enfermés dans une spirale de violence et de souffrance. C'est un film beau, passionnant, drôle, et terrible, qui laisse ému et épuisé par tant d'énergie dépensée, pour rien.

Nicky Larson et le Parfum de Cupidon
5.7

Nicky Larson et le Parfum de Cupidon (2019)

1 h 31 min. Sortie : 6 février 2019. Action, Comédie, Policier

Film de Philippe Lacheau

Arbuste a mis 2/10 et a écrit une critique.

Annotation :

09/02

Il ne suffit pas de collectionner les références à une œuvre pour bien l'adapter. En effet, à peu près tout le monde le lui accordera, Nicky Larson et le Parfum de Cupidon respire l'envie de bien faire et l'amour de l'œuvre originale. Et donc tout y passe : le marteau, les blagues de cul, les jeux de flingues, etc. Mais au milieu de ça, une chose manque cruellement : l'esprit...

Suite :
https://www.senscritique.com/film/Nicky_Larson_et_le_Parfum_de_Cupidon/critique/188468687

Miraï, ma petite soeur
6.6

Miraï, ma petite soeur (2018)

Mirai no Mirai

1 h 38 min. Sortie : 26 décembre 2018 (France). Animation, Drame, Fantastique

Long-métrage d'animation de Mamoru Hosoda

Arbuste a mis 7/10.

Annotation :

10/02

De Hosoda, si l'on peut dire, le Château Ambulant est le Miyazaki que j'aime le moins, j'ai détesté Summer Wars, j'ai plutôt aimé les Enfants Loups, j'ai failli adorer le Garçon et la Bête jusqu'à ce que ça dérape complètement à la fin... Bref, Hosoda, pour moi, c'est l'amélioration continue.

On retrouve dans Miraï les thèmes chers à Hosoda : la famille, le fantastique, la frontière entre deux mondes... Mais Miraï est plus simple, plus frais, plus naïf, moins débordant d'émotion. Il s'adresse à un public plus jeune, se fait moins spirituel, plus humoristique, plus mignon aussi. Et par conséquent plus maîtrisé. Je suis tenté d'employer la sempiternelle expression "le film de la maturité", mais ce n'est pas exactement ça. Ici, Hosoda s'impose une structure, plus encore que dans ses autres métrages. S'il avait toujours fonctionné par chapitres, dans Miraï les séquences n'ont jamais été aussi isolées les unes des autres ; on est presque sur un film à sketches. Cette évolution très mécanique peut en refroidir certains, et en même temps, en s'affranchissant de la contrainte de continuité, le réalisateur arrive à capturer cette spontanéité et cette anarchie propres à l'enfance.

Miraï est moins vibrant que ses précédents films, peut-être moins personnel, mais je me suis senti moins agressé par les débordements de l'auteur. S'il arrive à capitaliser sur cette expérience et allier maîtrise et profondeur, son prochain film pourrait bien être un vrai chef-d'oeuvre.

Dragons 3 : Le Monde caché
6.9

Dragons 3 : Le Monde caché (2019)

How to Train Your Dragon: The Hidden World

1 h 44 min. Sortie : 6 février 2019. Animation, Action, Aventure

Long-métrage d'animation de Dean Deblois

Arbuste a mis 3/10 et a écrit une critique.

Annotation :

12/02

Raté. Commençons par ce qui est évident : les potes du héros sont plus relous que jamais, pas une seule blague ne fait mouche, l'histoire ne tient pas debout et les enjeux sont très mal posés...

Suite :
https://www.senscritique.com/film/Dragons_3_Le_Monde_cache/critique/188423661

Les Incorruptibles
7.6

Les Incorruptibles (1987)

The Untouchables

1 h 59 min. Sortie : 21 octobre 1987 (France). Policier, Drame, Historique

Film de Brian De Palma

Arbuste a mis 8/10.

Annotation :

15/02

Revu à l'occasion d'une soirée De Palma, suivi de l'Impasse.

C'est vrai que c'est un film un peu plan-plan, surtout sur ses débuts. C'est le côté Kevin Costner : souvent niais (les scènes de famille, la mère de la petite fille au caractère explosif), la plupart du temps un peu trop cliché, avec des iconisations de héros à la John Ford, il y a des moments où De Palma, dans son recours constant à la citation, verse dangereusement dans la parodie ; la faute probablement à une liberté un peu moins large, qui l'a empêché de contrebalancer le cliché par de l'ironie comme il le fait d'habitude, et à un Costner exécrable dont la voix de jeune fonctionnaire à peine sorti de l'adolescence m'a rendu pas mal de scènes difficiles à supporter.

Et puis il y a le côté Sean Connery : spirituel, nerveux, inventif. À fleur de peau. Comment bouder son plaisir devant ce plan-séquence d'invasion d'appartement en vue subjective ? Devant ce De Niro violent, gouailleur, dont la vulgarité contraste avec la pudeur avec laquelle il est montré - très peu de moments finalement - et la sophistication des scènes dans lesquelles il apparaît ? Devant ces compositions de plans qui font la part belle à l'unité de ces quatre compères, pendant leur planque à la frontière canadienne ou au restaurant ? Devant ce casting irréprochable (à part Costner bien sûr), de Andy Garcia en adorable jeune premier à Billy Drago en saisissant gangster "intouchable" ? Et, évidemment, comment ne pas adorer le remake gangster de la scène de la poussette, complètement culte, au timing irréprochable, tant dans sa manière de faire monter la tension pendant 5 bonnes minutes en amont, que dans la libération jubilatoire que représentent la descente en elle-même, et son issue explosive ?

Alors oui, quand à la fin, la musique d'Ennio Morricone (qui tape énormément dans la redite d'Il était une fois dans l'ouest au passage) explose, ben j'ai chialé. Je suppose que ça veut dire que le film est réussi.

L'Impasse
8.1

L'Impasse (1993)

Carlito's Way

2 h 24 min. Sortie : 23 mars 1994 (France). Gangster, Drame

Film de Brian De Palma

Arbuste a mis 8/10.

Annotation :

15/02

Revisionnage intéressant. Si l'Impasse a de prime abord des allures de tragédie, il en diffère en ceci que le récit ne se focalise pas tant sur la chute lente et inéluctable vers la catastrophe, mais nous pousse plutôt à nous demander d'où celle-ci surviendra. C'est je pense à la fois ce qui le rend plus accessible et haletant la première fois, et moins évocateur la seconde, car une fois les twists et les rouages connus, sa dimension symbolique perd un peu de sa superbe. Exemple canonique : si une certaine scène de poursuite est toujours aussi palpitante, comment ne pas la trouver un peu vaine quand on en connait l'issue ?
Mais ne soyons pas obtus, la réinterprétation d'un film nécessite toujours du temps et je sais que mon troisième visionnage me laissera un meilleur goût une fois cet élément assimilé.

Ceci étant dit, l'Impasse reste un exemple de narration bien construite. Une des idées brillantes du film (et peut-être du bouquin) est d'introduire si tardivement le personnage de Gail, qui petit à petit prend le relais puis se révélera être le seul lien vraiment solide de Carlito, dans un univers de moins en moins jovial, de plus en plus sombre, où la violence et la traîtrise se dessinent de plus en plus clairement. Le film allie ainsi des moments de pur film de gangster, de fusillades boursouflées d'hémoglobine, de tension, de lourdeur, de folie et de violence psychologique que ne renierait pas Scorsese, et des moments de respiration carrément pop, sur fond de Joe Cocker, que d'aucuns trouveront sans doute un peu cheesy, mais qui constituent tout de même une certaine idée de l'amour et du rêve. Au milieu de tout ça, comment ne pas retomber amoureux, pour la millième fois, de ce Pacino vieillissant, fatigué bien que toujours virulent, mais courageux, qui mène jusqu'au bout son rêve tragique de loueur des voitures ? C'est finalement un De Palma particulièrement sobre, à l'image de cette histoire assez intimiste, dont la mise en scène virtuose n'explose qu'aux moments opportuns. Un film universel et humain avant tout donc, qui dénote un peu dans la filmographie de De Palma, mais qui je trouve accuse d'autant mieux les années.

Umberto D.
7.7

Umberto D. (1952)

1 h 29 min. Sortie : 10 octobre 1952 (France). Drame

Film de Vittorio De Sica

Arbuste a mis 5/10.

Annotation :

21/02

Comme à chaque fois que je découvre un nouveau cinéma, je suis dubitatif. Je trouve qu'on en fait beaucoup trop ici, la musique ne nous laisse jamais tranquille, il arrive à ce gars les pires tuiles du monde mais on n'explique jamais comment il a pu se retrouver dans une telle situation, ou pourquoi il est si acculé - Umberto m'a plus fait l'effet d'un pleurnicheur invétéré que d'une vraie victime du système. En revanche, j'ai aimé le travail sur le passage du temps ; c'est un film profondément ancré dans le présent, à la rythmique incongrue, où tout dure longtemps, où les événements s'enchaînent sans qu'aucun soit déterminant. Il faudra que je m'investisse un peu plus dans le cinéma de De Sica, mais j'ai peur d'avoir du mal à me faire à cette façon de faire de l'épique et du pathétique à grands coups de violons tonitruants.

2001 : L'Odyssée de l'espace
8

2001 : L'Odyssée de l'espace (1968)

2001: A Space Odyssey

2 h 40 min. Sortie : 27 septembre 1968 (France). Aventure, Science-fiction

Film de Stanley Kubrick

Arbuste a mis 9/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

22/02

Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie.

2001, c'est un peu l'adaptation de cette phrase. Sobre, assez laconique, élégante ; dont on ne saisit pas forcément le sens, hors contexte, mais qui trouve toujours son chemin. Qui veut toujours dire quelque chose ; pour nous.

L'idée de Kubrick, à la base, n'est pas forcément fameuse. Lorsqu'il prend la décision de baser son film de SF voluptueux et raffiné à venir sur la nouvelle La Sentinelle d'Arthur C. Clarke, avec qui il coécrit l'oeuvre, le monolithe rectangulaire n'est alors qu'une vulgaire alarme de sécurité spatiale. Même pas rectangulaire en plus. Pire, à la fin, le fœtus astral déclenche l'apocalypse sur Terre en activant les têtes nucléaires qui gravitent autour - fin conservée dans le bouquin. Meh. 2001, explicite, n'aurait peut-être finalement été qu'un énième film un peu cynique, un peu satirique, dans la veine d'un Folamour, où l'être humain poussé par sa cupidité court à sa perte, se fait disséquer par une équipe de zoologues de l'espace, avant d'être renvoyé séance tenante chez lui histoire d'y mettre un terme définitif à tout le boxon ambiant. Efficace, mais pas légendaire.

C'était sans compter cette idée de génie : celle du silence. Le silence, la retenue. L'élégance. Les extra-terrestres qu'il avait prévus, Kubrick ne les montrera jamais, laissant l'origine du monolithe pour toujours mystérieuse. En bon photographe, Kubrick sait instinctivement ce qui est beau, ce qui est bon. Et il va accoucher d'une oeuvre qui, même si elle peut se rapprocher de son prolixe et spirituel Folamour dans le fond, en tout cas celui qu'il a en tête, en représente l'exact opposé dans la forme. Les personnages ne parlent plus, seules communiquent les formes, les couleurs, leur musique et leur danse. Ces ovoïdes à la douceur caressante. Ces vaisseaux à la dureté rectangulaire qui glissent à la surface lunaire. Ces hommes sans visage, rouges, ou jaunes, perdus dans l'immensité.

2001 est de ces œuvres universelles qui résonnent avec quelque chose en chacun de nous. Parce que le verbe peut mentir, mais pas l'image. C'est une ode au cinéma, à l'image en mouvement, et à ce qu'elle représente pour nous, spectateur. Une porte ouverte qui nous met au centre de la scène, qui nous pousse à nous interroger, sur le beau, sur le ressenti qu'on en a, et sur la signification qu'on lui donne ; une main tendue vers l'introspection.
N'essayez pas de comprendre ce que le film veut dire. Son sujet, c'est vous.

Minuscule 2 : Les Mandibules du Bout du Monde
6.8

Minuscule 2 : Les Mandibules du Bout du Monde (2019)

1 h 32 min. Sortie : 30 janvier 2019. Animation, Aventure

Long-métrage d'animation de Thomas Szabo et Hélène Giraud

Arbuste a mis 6/10.

Annotation :

23/02

Pour son deuxième opus, Minuscule voit les choses en grand : la traversée de l'Atlantique y est en effet l'occasion de faire varier les situations, d'élargir le cadre, le décor, mais aussi et surtout les perspectives narratives ; et si la première mouture était un petit film d'aventure burlesque, cette suite se donne des airs de fable familiale et romantique. Une évolution plus ou moins heureuse, car le procédé a ses limites, et nos insectes muets et presque inexpressifs ont du mal à porter efficacement l'ambition du film. De la même manière, l'histoire plus ancrée dans la réalité et le rôle bien plus important tenu par les humains prennent des airs de tue-l'amour et sabotent un peu la fantaisie de nos coccinelles souleveuses de pommes et de nos araignées skippers de l'extrême (qui traversent l'océan dans leur bateau en plastique soutenu par trois ballons gonflés à l'oxygène). Minuscule 2 peine à trouver le bon ton, même si comme son aîné, il reste un divertissement agréable et tout choupi mimi.

Un grand voyage vers la nuit
7

Un grand voyage vers la nuit (2018)

Di qiu zui hou de ye wan

2 h 18 min. Sortie : 30 janvier 2019 (France). Drame, Film noir

Film de Bì Gàn

Arbuste a mis 7/10 et a écrit une critique.

Annotation :

24/02

Difficile de lire quoi que ce soit sur Bi Gan, le petit prodige du cinéma chinois, sans tomber sur une évocation de Wong Kar-Wai au détour d'un paragraphe. Si l'influence du maître hong-kongais est évidente, Bi Gan s'en démarque pourtant profondément en adoptant une approche beaucoup moins sensuelle, beaucoup plus psychologique, analytique, du thème de la mémoire...

Suite :
https://www.senscritique.com/film/Un_grand_voyage_vers_la_nuit/critique/188284979

Vice
7.1

Vice (2018)

2 h 12 min. Sortie : 13 février 2019 (France). Biopic, Comédie, Drame

Film de Adam McKay

Arbuste a mis 4/10 et a écrit une critique.

Annotation :

28/02

J'avais adoré The Big Short qui racontait à merveille les rouages de la crise des subprimes, et j'y avais découvert un Adam McKay excellent quand il a la charge de raconter des systèmes ; dans Vice, j'ai malheureusement appris qu'il est en revanche incapable de raconter des personnages...

Suite :
https://www.senscritique.com/film/Vice/critique/188906936

Les Éternels
6.8

Les Éternels (2018)

Jiang Hu Er Nu

2 h 15 min. Sortie : 27 février 2019 (France). Drame, Romance, Film noir

Film de Jiǎ Zhāng-Kē

Arbuste a mis 5/10.

Annotation :

04/03

C'est le mélo ronflant et sans panache racontant une histoire d'amour qui vieillit mal qu'on a déjà vu mille fois. Malgré quelques morceaux de bravoure dispersés au milieu du film, comme ce combat à mains nues d'une violence épidermique filmée en quasi plan-séquence je crois, ou ce voyage en train au temps long qui capture bien les hésitations et les réalisations de ces moments flottants où les vies se décident, c'est larmoyant, trop lourd pour pas grand-chose et finalement sans grand intérêt.

Pulsions
7.4

Pulsions (1980)

Dressed to Kill

1 h 45 min. Sortie : 15 avril 1981 (France). Thriller, Épouvante-Horreur, Film noir

Film de Brian De Palma

Arbuste a mis 7/10 et l'a mis dans ses coups de cœur.

Annotation :

08/03

Le film matriciel de De Palma. L'inspiration hitchcockienne y est plus forte que jamais et, sur de nombreux aspects, Dressed to kill est un remake plus explicite, plus charnel de Psycho. Le thème de la culpabilité y est toujours prépondérant mais il trouve ici ses différentes variations autour du motif sexuel, littéralement.

De Palma, c'est le kitsch, le jusqu'au-boutisme, c'est une manipulation moins subtile, plus assumée du spectateur. Le suspense de De Palma se développe dans un temps beaucoup plus long que celui de son mentor, mais toujours en mouvement ; variations de rythme, jeux de points de vue, manipulation du regard en jouant sur la composition des arrière-plans, la mise en scène ne nous laisse jamais tranquille, impose toujours une vérité - fût-elle trompeuse - à notre regard, jusqu'à provoquer une sensation de course, de vertige, parfois de dégoût aussi ; c'est le but de ces longs travellings/plans-séquences/split-screens sans interruption ou même de ses fameuses scènes en vue subjective.

C'est aussi un rapport au vice beaucoup plus personnel, prégnant et viscéral. C'est une mère au foyer qui explose sa représentation traditionnelle en exprimant crûment ses désirs et ses fantasmes, et un personnage d'escorte attachant dont le rapport au sexe est régulièrement souligné mais qui l'assume pleinement et même, pour ainsi dire, avec une certaine naïveté. Dressed to Kill peut paraître ridicule, et pourtant on en ressort avec un certain malaise, parce que le film joue avec notre perception du sexe et de l'identité sexuelle, parce que la menace n'est pas que physique, mais aussi symbolique, et parce que le film ravive nos propres hésitations, nos propres doutes. C'est, tout simplement, du Hitchcock qui fonctionne.

(Pour moi, hein. :) )

Arbuste

Liste de

Liste vue 949 fois

2