1984
8.3
1984

livre de George Orwell (1949)

La première partie se charge de nous plonger dans le monde effrayant et pervers de ce nouveau Londres. Elle constitue la base du roman, les fondements du régime de Big Brother. Il y a donc beaucoup de descriptions mais elles sont passionnantes et nous tienne vraiment en haleine.
I : Chez Wiston Smith. On découvre qu'il est constamment épié par le télécran installé chez lui, et chez tous les membres du Parti. Cet appareil enregistre les sons que vous émettez, et garde un oeil sur vous. Le livre commence à peine, et ça nous rassure pas vraiment...Puis on découvre un peu amer le slogan du parti ; « La guerre c'est la paix, la liberté c'est l'esclavage, l'ignorance c'est la force ». J'ai bien aimé les noms des ministères : Ministère de l'Amour, de la Paix (ironique, ça traite de la guerre !)...Winston lui travaille au Ministère de la Vérité !
(divertissements, médias). Dans ce chapitre Winston commence son journal "intime" mais il ne sait pas encore à qui il est destiné, pourquoi et pour qui il l'écrit. Il nous dépeint sa misère (très peu d'argent, de nourriture...), et celle des autres. Nous assistons aux "Deux minutes de la Haine", qui nous refroidit. Orwell décrit tellement bien la situation et le caractère affolant et psychopathe des personnages que ce passage a donné direct le ton du livre ! On découvre que les membres du Parti vouent un culte à Big Brother, qu'ils y sont aliénés. Enfin Winston commence à fonder un petit espoir en O'Brien, qu'il pense être du même bord que lui ; il serait lui aussi hostile à Big Brother, mais ce n'est encore qu'une hypothèse et surtout un espoir.
II : Winston se rend chez sa voisine de palier, Mme Parsons, dont le mari, qui travaille avec Winston, est absent. Elle le charge de déboucher l'évier, une chose qui répugne Winston mais il s'oblige à le faire. On fait connaissance des deux gamins de Mme Parsons, une fille et un garçon qui nous font encore une fois dévorer les descriptions et le récit d'Orwell: ils sont décrits comme machiavéliques, affreux...Dans une scène que j'ai adoré, ils tournent en cercle autour de Winston en le traitant de traître, et à la fin ce dernier se reçoit même une flèche de pistolet, provenant du pistolet du morveux. C'est comme si les deux terreurs avaient devinés que Winston était hostile à Big Brother, comme si ils avaient vu son journal (où il avait écrit "A bas Big Brother"). Terrifiant !
Mme Parsons reste quand à elle impuissante, et Winston nous confiera qu'elle se fera sûrement dénoncer par ses propres enfants, adorateurs du régime, dans quelques années.
Chapitre III : Winston nous parle de sa mère. Puis c'est l'heure de la culture physique ! Les membres du Parti se place devant le télécran et doit suivre les gestes de la présentatrice ! Du sport avant d'aller bosser quoi, et attention à celui qui n'écoute pas ! (j'ai bien aimé cette trouvaille d'Orwell, c'est très original).
Chapitre IV : Nous en apprenons plus sur le travail de Winston, qui travaille au Ministère de la Vérité certes, mais plus précisément au commissariat des Archives. Son travail est de reçevoir des morceaux de papiers indiquant des références, puis de rechercher des anciennes parutions (journaux...) et de modifier ce qu'il y a décrit dedans. Par exemple si Big Brother, il y a quelques années, a dit quelque chose qui ne s'est toujours pas réalisé, Winston doit le modifier. Ou mieux, l'exemple du chocolat, effrayant : En févrirer, le gouvernement annonce que la ration de chocolat ne diminuera pas. Or à partir de cette semaine, elle passera de 30 à 20 grammes. Winston doit alors modifier les anciens dires. On nous explique que les chiffres et les statistiques sont truquées, qu'il n'y a aucun moyen de le réfuter (vu qu'on corrige le passé : on ne l'efface pas, on le corrige, encore une idée originale d'Orwell) ou de le prouver. Et ce passage nous fait penser au régime de Staline...Plus affolant, on nous explique que des gens disparaissent car ils ont pêchés, contre le Parti, il faut donc effacer toutes traces de leur existence ! Si un article parlait d'un "évaporé", il est modifié, on change le nom, on bricole...Bref il ne faut plus laisser aucune trace de son existence. Et là ça nous rappelle le sort réservé aux juifs par les nazis...Ça fait froid dans le dos.
Chapitre V : nous sommes à la cantine, nous faisons connaissance avec Syme, un ami de Winston, spécialiste du novlangue et qui bosse au service Recherche, toujours dans le Ministère de la Vérité.
Dans cette scène Winston a l'impression d'être espionné. On y retrouve également son voisin de palier, Mr Parson. Les deux sont des adorateurs du régime.
Chapitre VI : Winston évoque sa frustration sexuelle, le régime interdisant en effet que les membres du Parti prennent du plaisir, qu'ils soient en couple, qu'ils divorcent aussi...Une scène m'a fait rire, sinon on ressent bien le mal-être de Winston. Il y évoque également sa femme, disparue.
Chapitre VII ; Winston nous informe un peu plus sur les Prolétaires, l'autre catégorie de personnes. Oui car il y a les prolétaires et les membres du Parti. Les membres du Parti portent leur combinaison de travail, et se distingue des simples Prolétaires. Ces derniers vivent dans la misère et la Police de la Pensée, Big Brother...Ne s'intéresse guère à eux (ils ont par exemple la chance de ne pas avoir de télécran chez eux), du moment qu'ils engendrent de la production et des richesses. Winston fonde tous ses espoirs de révolte et de soulèvement de Big Brother dans les Prolétaires. Ils estiment que la seule révolution possible ne peut venir que d'eux, mais dans ce chapitre, on se rend compte que ça ne sera pas une mince affaire : en effet les prolétaires sont stupides, ils ne s'intéressent qu'à la loterie et aux ragots, les femmes se disputent, les hommes boivent dans des bistrots puants l'urine...C'est un bien triste tableau que nous fait Orwell. Winston rencontre un vieux, un des seuls peut-être se souvenant de la vie d'avant la "Révolution" de Big Brother...Mais le vieux est incapable de se souvenir de chose concrète, à moitié ivre il déblatère des anecdotes de sa vie qui n'intéresse guère Winston. Ce dernier fini par se lasser, quitte le bar, ses espoirs envolés.

Chapitre grand 2
Winston et Julia, la fille brune mystérieuse du chapitre 1, sortent ensemble.
Ils se retrouvent en cachette dans divers endroits puis Winston loue une chambre à un prolétaire, ce qui est illégale et dangereux. Ils se rencontrent dans cette chambre, et Julia rapportent des victuailles qu'elles volent au Parti intérieur. Elle se révèle hostile au parti intérieur mais ne veut pas se lancer dans une révolte, car elle juge cela inutile, dangereux et difficile à mettre en place. Petit à petit Winston et Julia parviennent, grâce à l'intimité de leur chambre (sans télécran), à se résigner et à se faire à l'idée que le parti sera toujours le plus fort. Ils vivent mieux le fait d'être soumis et surveillé par le parti. Julia émet un doute : les bombes lancées sur la ville seraient en fait des bombes du Parti intérieur, lancées pour maintenir la peur contre les soits disants ennemis de l'autre continent. Une autre idée est suggérée, la frustration de ne pouvoir s'addonner à un plaisir pure et simple, personnelle, est l'essence de l'amour envers le Parti. Les gens ne peuvent aimer librement, éprouver du plaisir, alors ils se vengent et mettent toutes leur colère et leur amour dans le Parti. C'est le Parti qui organise ça (impossible de sortir ensemble dans la rue, pour Winston et Julia par exemple. Les membres du Parti ne peuvent pas se marier, les lits sont simples et non doubles, on monte les enfants contre les parents (les surveiller, les dénoncer) mais on demande aux parents d'adorer leur enfant, ce qui augmente leur frustration lorsqu'ils s'aperçoivent que leur enfants les rejettent...
Syme, l'ami de Winston qui travaillait à la rédac' du dictionnaire novlangue, "a disparu". Il n'a pas été rayé de la liste des joueurs d'échec, mais effacé. Ce qui est d'autant plus troublant. Syme a du être éliminer. Plus personne ne parle de lui et parler de lui se révèle désormais un crime, puisqu'on évoque quelqu'un qui a existé mais dont le Parti rejète et nie l'existence. Affolant.
Winston et O'Brien ont pu se rapprocher. Ils ont discutés devant un télécran, mine de rien. O'Brien était très confiant, Winston un peu moins. O'Brien lui a proposé de lui donner le nouvel exemplaire du dictionnaire novlangue, et a donné son adresse à Winston, qui a immédiatemment jeté le papier aux oubliettes, mais qui a retenu l'adresse. Ceci était juste un coup monté pour qu'O'Brien puisse donner son adresse tranquillement à Winston, c'est une supercherie pour ne pas éveiller les soupçons du télécran. O'Brien semble donc du côté de Winston.

Points forts du livre :
- De bonnes idées, bien recherchées
- Un sentiment de peur et d'hostilité envers le Parti arrive à nous atteindre
- On se pose des questions : et si ça nous arrivait ?
Points faibles du livre :
- Des idées qui sont parfois peu exploitées, alors qu'il y a beaucoup de redites et de répétitions. On insiste parfois sur des futilités, alors qu'il faudrait approfondir d'autres sujets.
- Winston peut-être pas assez charismatique et accrochant
Pour l'instant je m'en suis arrêté là. J'aime beaucoup l'ambiance, les descriptions sont très utiles, même si parfois on assiste à quelques répétitions...
Nausaj
7
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le 6 févr. 2013

Modifiée

le 1 mars 2013

Critique lue 3.5K fois

Nausaj

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