Le vieux proprio d'un diner ("daïneur") découvre dans son placard un trou temporel qui mène en 1958. Il en profite comme il peut, en achetant par exemple de la viande de bonne qualité à un prix dérisoire, et vend des burgers à un prix dérisoire. Mais l'idée germe dans sa tête de tenter d'empêcher l'assassinat de JFK en 1962. Malheureusement, sa santé décline et l'empêche de mener à bien sa tâche. Il passe donc la balle à un de ses habitués, professeur célibataire et trentenaire.
Il va faire une première tentative à petite échelle en passant quelques mois seulement en 1958 pour empêcher un autre meurtre, observer les conséquences avant de revenir dans le présent. Ces quelques mois sur place lui permettent de s'habituer à cette ancienne époque, de commencer à prendre de nouvelles habitudes, avant de pouvoir enfin s'atteler à sa tâche principale : découvrir si Lee Oswald était bien le seul tireur, et sauver JFK. Sauf que tout n'est pas si simple, surtout si l'amour s'en mêle.
Le style est toujours aussi fluide, même si on n'est carrément pas dans le registre habituel de Stephen King. A la fois complexe et agréable à lire, mais j'avoue que les scènes sexuelles et romantiques détonnent et m'ont obligé à poser le bouquin et à lire autre chose pendant quelques semaines (j'ai fait une pause au moment où Jake et Sadie sont sur le point de coucher ensemble, et j'ai lu La horde du contrevent en entier pendant cette "pause"....). Je ne sais pas si ça vient de moi ou du style d'écriture, mais quelque chose me gênait, quelque chose n'allait pas dans ces scènes. En fait, tout ce passage m'a paru trop long par rapport au volume du reste de l'histoire, d'une histoire supposément centrée sur un voyage dans le temps. Mais passons.
La seconde partie du bouquin, où le héros observe Lee Oswald, est plutôt bien construite, mais reste un peu brouillon pour quelqu'un comme moi qui ne s'est jamais intéressé aux dessous de l'assassinat de JFK et au personnage de Lee Oswald. Quelles étaient ses motivations, son background, sa famille, et comment il en est venu à vouloir flinguer du président, j'avoue que je ne m'y suis jamais vraiment intéressé avant, mais ce n'est pas ce bouquin qui va me donner envie de creuser davantage le sujet. Et malheureusement, la romance prend beaucoup trop de place, et le but de l'histoire (l'assassinat) arrive comme un cheveu sur la soupe, et on saute presque directement de 1960 à 1963 sans qu'il ne s'y passe grand chose, comme si l'auteur avait épuisé toutes ses idées pour raconter les deux premières années de Jake dans le passé.
Le dénouement est prévisible (je ne parle pas de l'épilogue), se voit venir des kilomètres à l'avance. Par contre, l'épilogue.... c'est à mon avis un peu n'importe quoi, ça ressemble plus à un prétexte du genre "Bon. Imaginer un présent où JFK est pas mort et où il aura changé le monde, c'est trop compliqué. On va raconter un truc un peu débile avec une histoire de ligne temporelle qui se détériore, et de Temps avec un grand T qui pourrai s'auto-détruire si on ne revient pas dans le passé pour que JFK reste mort. Iep, ça va le faire. C'est moche et pas inventif, mais ça va le faire." J'ai vu et lu trop d'histoires sur les voyages dans le temps pour me satisfaire d'une explication pareille.
Toujours en restant sur la fin de l'histoire, ce coté bien-pensant, "même s'il y a eu des trucs dégueulasses dans le passé il vaut mieux ne rien changer", je trouve ça dommage, il y avait au contraire matière à développer une uchronie intéressante, ou même partir (à bien plus petite échelle) sur la même idée que La Fin de l'Eterinté (Asimov), où, lorsqu'on regarde l'Histoire sur un plan large, des modifications effectuées à une époque donnée n'ont d'incidence que jusqu'à un certain point (autrement dit l'Histoire s'auto-répare dans le grand ordre des choses). Je pense qu'une fin où JFK survit mais le présent reste globalement inchangé aurait été plus intéressante.
Au final, l'histoire est sympa, bien écrite, mais contient de gros gros creux et une fin décevante.