Lorsque le Dr Brian Weiss, ponte reconnu de la psychiatrie classique, décide de partager ses découvertes autour de l’hypnose régressive et de la mémoire des vies antérieures, le choc est grand. Brian Weiss n’est pas un gourou. Il est un psychiatre diplômé de Yale, chef de service, formé à la rigueur scientifique.
Sous hypnose profonde, sa patiente évoque des souvenirs de vies passées, de morts violentes, d’époques qu’elle n’a jamais « connues » dans sa vie présente. Puis, par sa voix, des entités anonymes s’adressent à Weiss : les « Maîtres », messagers entre mondes. C’est la rencontre entre la thérapie du trauma et le vertige métaphysique.
Et Weiss, rationnel de formation, est contraint d’ouvrir une autre porte : celle d’un inconscient qui dépasse le cadre de la vie présente dans notre continuum temporel et spatial.
Ce que le livre offre de fort :
- Une initiation accessible à l’hypnose régressive, sans jargon ni fioritures.
- Un regard inédit sur la mémoire des traumas, ancrée dans des récits d’autres vies, qui, une fois exprimés, semblent libérer le corps et l’esprit.
- Une vision spirituelle apaisée, presque consolatrice : nos douleurs ont un sens, nos rencontres ne sont pas un hasard, la mort est une mue.
- Et surtout : un médecin qui ose dire « jee ne sais pas l’expliquer mais je dois en témoigner ». C’est rare, précieux, et profondément humain.
Les limites et tensions :
- La vision anthropocentrée de la réincarnation : Weiss n’aborde presque jamais les animaux, les non-humains. Peut-on se réincarner en loup, en forêt, en oiseau → La spiritualité proposée ici reste très « new age occidental » : douce, bienveillante… mais parfois floue ou lacunaire.
- Les « Maîtres » délivrent des messages éthiques et philosophiques, mais leur identité reste vague → on aimerait plus de densité théorique, plus de mise en perspective (bouddhisme, animisme, traditions orales).
- En France, la pratique de l’hypnose régressive est peu développée ou détournée à des fins commerciales → le lecteur curieux reste sans boussole pour expérimenter sans tomber dans le folklore.
Et si c’était quantique ?
Même si Weiss ne le dit pas, ce qu’il décrit entre en résonance directe avec certaines hypothèses de la physique quantique :
- Conscience non-localisée : et si la conscience ne résidait pas dans le cerveau, mais dans un champ d’information universel, accessible sous hypnose ?
- Temps non-linéaire : les souvenirs de vies antérieures ne seraient pas « passés », mais des fragments simultanés, comme des stations radio dans le multivers.
- Effet d’observateur : l’hypnose pourrait agir comme une lentille quantique, rendant réel ce qui est observé avec foi et attention.
Cela rejoint les travaux de :
- David Bohm (réalité implicite et holomouvement)
- Roger Penrose (conscience quantique)
- les expériences autour de la mémoire non-locale et des champs morphiques (Rupert Sheldrake, controversé mais intrigant).
De nombreuses vies, de nombreux maîtres devient alors plus qu’un récit thérapeutique : c’est une interface entre psyché, trauma et mémoire quantique du vivant.
Conclusion : entre vertige et éveil
- Ce n’est pas un traité scientifique. Ni un dogme ésotérique. C’est le journal de bord d’un homme qui perd ses certitudes, et gagne une nouvelle manière d’écouter.
- Et c’est précisément ce mélange de doute, d’ouverture et de récit clinique qui rend ce livre bouleversant.
- À lire non pas pour « croire » avec la foi, mais pour penser autrement la souffrance, la guérison, le sens.
- Qu’on adhère ou non à la réincarnation, ce livre reconnecte la médecine à la dimension poétique du vivant.