L'Algérie est à la une de cette rentrée littéraire et c'est une bonne nouvelle. Outre Kamel Daoud (à lire prochainement), et après L'art de perdre, le formidable roman d'Alice Zeniter, Nos richesses de Kaouther Adimi s'attache aux pas d'Edmond Charlot, libraire, bibliothécaire, éditeur, galeriste, bref un défricheur de talents (à commencer par Camus) et un passeur de livres, depuis ses 20 ans, au milieu des années 30, à Alger. Le livre n'est pas comparable à celui de Zeniter, il n'en a pas l'ambition, mais il se révèle complémentaire même s'il peut être considéré comme quelque peu frustrant de par sa relative brièveté et, par conséquent, son défaut d'approfondissement, en particulier dans les relations de Charlot avec ses auteurs. Il est néanmoins passionnant, construit sur une fiction (la transformation de la librairie en commerce de beignets) et appuyé sur les carnets (imaginaires) de son héros. Le style délié, rapide et d'un lyrisme discret fait merveille avec au centre un personnage fascinant, amoureux de la méditerranée et de ses deux rives. Les rapports violents entre l'Algérie et la France rythment le passage du temps et de son histoire, et Kaouther Adimi, dans ce roman qui se mue peu à peu en conte, prône l'intelligence et la réconciliation. Et elle donne envie, oui très, de découvrir Alger et le 2 bis de la rue Hamani.